Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...« Tsunami » par Jean-Denis Pendanx et Stéphane Piatzszek
Alors que les Philippines se débattent dans la débâcle causée par un typhon omnivore et que les media rappellent sans cesse le tsunami de 2004, Jean-Denis Pendanx et Stéphane Piatzszek publient par hasard, mais opportunément, leur « Tsunami » à eux…
Pourtant, dès les couvertures, on sait que ce n’est pas tout à fait le sujet : en première de couverture, un bateau rouillé, chaviré, est observé tranquillement par un couple debout dans un canot. Au loin, la côte n’est ni dévastée, ni misérable et les eaux sont à la fois bleues turquoise et tranquilles. En quatrième de couverture, c’est la vision fragmentée, fragmentaire, d’un couple (le même peut-être ?) sur une plage : elle est calme, il semble endormi…
Alors ? S’agit-il bien d’un tsunami ? « Du » tsunami ? Quelques planches plus loin, on en sait davantage : on est à Bandaf Aceh, en Indonésie, au nord de Sumatra pour être précis, en 2013, neuf ans après la fameuse catastrophe. Un jeune sac-à-dos et sandales aux pieds vaque et fouille, repérant dans la réalité de cette ville ce qu’il en connait déjà en photos, et cherchant, dit-il, à « retrouver la ville telle qu’elle était ». Mais c’est lors de son entretien avec un policier indonésien que nous comprenons ce que Romain Mataresse est venu faire si loin de chez lui : il recherche sa sœur, disparue ici-même, en 2005, alors qu’elle séjournait comme médecin en mission humanitaire. Depuis, malgré les enquêtes policière et familiale, c’est le silence. Romain a donc décidé de refaire son chemin, au cas où…
De fil en aiguille, d’un masque à un souvenir, d’un aveu à un indice, Romain déambule et divague plus qu’il ne construit sa recherche, découvrant les gens, les jeux, les enjeux, les combines, les trafiquants… et les naïfs tels que lui. Le dessinateur, lui aussi, prend son temps, égrainant des vues silencieuses, des clichés au sens photographique du terme, peut-être trop d’ailleurs, mais si bien rendus. C’est à ce prix, finalement qu’au-delà des révélations sur le passé de sa sœur, que l’Indonésie se donne à voir, à méditer, à travers sa culture, sa vie quotidienne, ses rites, ses décors, quelquefois idylliques (en apparence !).
Ce n’est pas un grand scénario (il y a des ficelles ici et là), mais c’est une belle histoire (sans l’autoroute des vacances, mais avec une beauté papoue qui ne gâte rien !), le tout dessiné par un Pendanx qui a considérablement allégé son trait et ses couleurs. Rien à voir avec « Abdallahi » ou « Jeronimus ». Jean-Denis Pendanx a saisi là l’intérêt d’un trait plus esquissé, de couleurs plus légères, pour croquer ce monde qui n’a pas oublié ses morts.
Alors, bon voyage…
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Tsunami » par Denis Pendanx et Stéphane Piatzszek
Éditions Futuropolis (20€) – ISBN : 978-2-7548-0977-1