Les premières cases de l’oncle Tome : suite et fin

Suite de la reprise (et remise à jour du dossier l’accompagnant) d’une interview du scénariste belge Philippe Vandevelde alias Tome, réalisée par Gilles Ratier pour le n° 52 de Hop ! en 1992, afin de saluer, comme il se doit, la parution du quatorzième volume de l’intégrale « Spirou et Fantasio » — et donc le deuxième réalisé par le duo infernal Tome et Janry : une entrevue qui, pour le moment, n’a pas servi à alimenter les copieux et très intéressants dossiers de présentation réalisés par le couple Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault.

Si vous n’avez pas lu le début  : Les premières cases de l’oncle Tome : genèse

Illustration parue dans Spirou n° 2479 du 15/10/1985.

Nous en étions restés au moment où Tome crée une seconde série importante : « Soda », un drôle de flic que sa mère croit pasteur. Luc Warnant dessine deux épisodes (entre 1986 et 1988) et les dix premières planches du troisième ; puis, c’est Bruno Gazzotti qui lui succède, à partir de 1990 (1).

— Et « Soda », l’idée t’est venue comment ?

— J’avais le projet de faire quelque chose se passant à New York et Janry avait envie de dessiner une autre série que « Spirou », dès qu’il aurait le temps. Il m’avait même payé la moitié du déplacement à New York pour que je fasse des repérages, car le voyage ne le tentait pas, à l’époque. Puis, Dupuis est devenu de plus en plus exigeant quant à la régularité des albums de « Spirou » : nous avions même fait la promesse de rentrer deux pages par semaine pour le journal, mais nous nous sommes rendu compte très vite que ce n’était pas possible. On ne peut pas fournir une énorme quantité de pages tout en maintenant la qualité ! Nous avons préféré dire à Dupuis que nous préférions espacer nos productions, mais cela ne nous a pas permis de développer parallèlement une autre série. Luc Warnant [ancien assistant d’Édouard Aidans, d’André Beckers ou de Mittéï et auteur d’un épisode de « Thimotée O. Wang » dans Spirou] cherchait un scénariste et il avait pensé à moi. Mais Philippe Van Dooren, le rédacteur en chef du journal Spirou, ne l’a pas entendu de cette oreille. Pour lui, je ne devais faire que du « Spirou », et il a proposé Yann comme scénariste à Warnant. Aujourd’hui, on ne me referait pas ce coup-là, mais à l’époque, j’étais un peu jeune et j’ai obtempéré. Warnant a commencé à travailler sur une série sur le Vietnam proposée par Yann, mais il a mal supporté le cynisme des scénarios et le cadre de la guerre du Vietnam ; il lui a fallu deux pages pour comprendre qu’il n’y arriverait pas. Il m’a alors reproposé une collaboration et nous avons décidé de nous passer de l’avis de Van Dooren. Nous étions partis dans des directions différentes, mais j’ai fini par me souvenir de mon idée sur New York et, petit à petit, c’est devenu « Soda ».

Une page de scénario de Tome pour « Soda ».

— Cette idée d’un policier qui a une mère qui tente à tout prix de le protéger et qui croit qu’il exerce la profession de pasteur est vraiment originale…

— Je l’espère, mais pour le moment, nous attendons surtout que les ventes décollent. Je crois que le concept est un petit peu compliqué pour une série immédiatement reconnue commercialement. Il faudra trois ou quatre albums pour passer le cap des vingt mille exemplaires vendus. (2)

— Quelle a été la répartition du travail entre Warnant et Gazzotti sur le troisième épisode ?

— Warnant a dessiné les dix premières planches. Il n’avait pas trouvé tout de suite son style sur « Soda » ; à mon avis, cela ne s’est fait qu’au début du deuxième épisode. Il allait toujours vers quelque chose de plus en plus réaliste, j’avais même peur qu’il bascule totalement dans un style réaliste, alors que la série n’était pas conçue pour ça. Quand il a commencé le troisième épisode, il a sombré dans une déprime qui l’a poussé à abandonner. Nous sommes restés très bons amis, il était d’ailleurs désolé de me laisser en plan. Il a donc fallu que je trouve quelqu’un d’autre pour continuer « Soda » et si je n’avais trouvé personne, je l’aurais dessiné moi-même. Heureusement pour les lecteurs, Bruno Gazzotti est arrivé… (rires) !

— Tu as quand même publié une histoire courte avec Luc Warnant, dans Spirou (« L’Un de nous deux doit mourir », quatre planches publiées au n° 2775 du 19 juin 1991) ; est-ce que cela veut dire qu’il revient à la BD ?

— Hélas, Luc semble avoir définitivement fait son deuil de nos projets bédés. Il se consacre désormais à l’image de synthèse.

— En tout cas, c’est assez phénoménal de voir avec quelle aisance Gazzotti a chaussé les bottines de Luc Warnant sur « Soda »…

— Luc Warnant a eu des réactions très positives concernant son dessin. Pourtant nous pensions que les lecteurs rechigneraient en voyant qu’un jeune dessinateur reprenait la série. Je me souviens des réticences au sujet de notre reprise de « Spirou et Fantasio », dans ce cas-là, les lecteurs sont méfiants. Or, pour « Soda », il y a même eu des gens pour trouver que c’était mieux !

— Gazzotti était-il alors l’assistant de Janry ?

— Avant le départ de Luc Warnant, nous voulions créer, parallèlement au grand Spirou, une série qui nous soit plus proche. Profitant du fait que le journal changeait un peu son public en lorgnant plus sur les enfants, nous avons proposé au rédacteur en chef une série pour les enfants : « Le Petit Spirou » ; et il nous a crus (rires !). Il a commencé toutefois à s’inquiéter un peu aux premiers gags ! En fait, cette série correspond à ce que nous aurions fait si nous avions dû créer « Spirou », lequel a une structure établie dont il est difficile de varier les harmonies. Nous nous amusons à le faire, mais il y a un certain nombre de choses que nous ne pouvons pas raconter, d’où l’idée d’une série plus personnelle. Mais pour éviter qu’on vienne nous dire : « Vous ne pouvez faire que du “Spirou” et rien d’autre ! », nous leur avons proposé de multiplier la série. Ils allaient avoir la chance de publier deux albums de « Spirou » par an (rires !). Ils ont marché, mais cela faisait beaucoup de travail pour Janry et je lui ai proposé de prendre un assistant. Il y a d’abord eu Éric Closter, puis un ou deux autres, mais la mayonnaise n’a pas pris ; puis, un jour, Patrick Pinchart [le rédacteur en chef du Spirou de l’époque] nous a envoyé Bruno Gazzotti. J’ai tout de suite pensé que c’était le type qu’il nous fallait et, pour commencer, nous lui avons confié une part du travail sur « Le Petit Spirou » : une fois le scénario terminé et accepté par Janry, Gazzotti faisait les crayonnés et Janry encrait après avoir adapté les crayonnés. Comme il se doit, Gazzotti touchait un pourcentage sur les chiffres de vente [ce rôle fut assuré, ensuite, par Dan Verlinden] (3). En revanche, Janry préfère conserver l’entier contrôle sur le grand Spirou.

Un gag pétaradant du « Petit Spirou » publié dans le n° 19 de BoDoï, en mai 1999.

À noter que « Le Petit Spirou », démarquage admiratif et quelque peu irrévérencieux du grand Spirou, est aujourd’hui la création la plus célèbre et le plus gros succès de Tome et Janry. Il fut créé à l’occasion du cinquième Spirou Album + (un trimestriel contenant, entre autres, l’équivalent d’un album inédit) présenté comme un hors-série au n° 2344 du 17 mars 1983, où notre duo signait un récit en cinq planches mettant en scène la jeunesse du célèbre groom. Quatre ans plus tard, en septembre 1987, l’album « Spirou et Fantasio à New York » propose, aux premiers acheteurs, un mini-album en prime : une micro-anthologie des quatre premiers gags du Petit Spirou. Ce n’est que trois mois après, au n° 2594 du 29 décembre 1987, que le garnement fait vraiment son entrée en tant que série autonome dans Spirou.

            — « Le Petit Spirou » a-t-il vraiment été censuré ?

            — Oui, par deux fois ! Pourtant, je ne peux pas me plaindre d’avoir été victime de la censure chez Dupuis, bien au contraire ; j’ai même le sentiment d’avoir une certaine liberté que d’autres n’ont pas ! En dépit de cela, nous avons été victimes d’une certaine forme de censure. La première fois, c’était pour un numéro spécial anciens combattants pour lequel nous avions fait une couverture pacifiste : on voyait des enfants faire du feu avec leurs fusils en bois. À l’intérieur du journal, il y avait un rédactionnel assez virulent qui a été très mal pris par les associations d’anciens combattants. Il devait aussi y avoir un gag du « Petit Spirou » que nous avons rentré en retard et qui devait paraître dans un numéro suivant. Mais quand ils ont vu le tollé provoqué par ce numéro spécial, les responsables de chez Dupuis ont fait pilonner quarante mille couvertures où ce gag était imprimé au dos. J’en ai gardé une pour prouver que le gag devait bien être publié.

Gag censuré du « Petit Spirou » dans l'hebdomadaire, mais publié dans les « Mémoires de Spirou » et dans l’album n° 2.

Un extrait du gag n° 13 censuré par un quotidien français.

Comme il n’était pas non plus dans le premier album, j’ai insisté pour qu’il soit dans les « Mémoires de Spirou » et dans l’album n° 2. La deuxième censure était au niveau d’un quotidien français qui avait accepté la publication de la série. Or, dans un des gags, le héros va se cacher sous les jupes d’une bonne sœur. La semaine qui a suivi sa publication, ce journal a reçu une quantité incroyable de courriers acerbes due à des lecteurs scandalisés (rires). Ils ont aussitôt suspendu la série pour éviter de perdre des lecteurs. Heureusement, deux ou trois mois plus tard, nous apprenions qu’elle serait publiée dans Télé Star qui tirait à 1 200 000 exemplaires !

Il faut d’ailleurs remarquer qu’en dehors du beau journal de Spirou, les participations de Tome sont très rares, mais il faut tout de même noter : « Urban Jogging » (quatre planches dessinées par Janry et Tome et publiées dans le magazine Murs murs, en 1986), « Pétition : à la recherche d’Oesterheld (un strip dessiné par Janry et Tome, dans l’album édité par Amnesty International, en 1986), « Putain de camion » (deux planches dessinées par Janry, dans l’album édité par Delcourt « Le Retour de la bande à Renaud », en 1988) et « Baston 5 : La Ballade des baffes » (une planche signée Tome & Janry, dans l’album édité par Jacky Goupil, en 1983).

            — Tu ne penses pas qu’aujourd’hui il y a beaucoup de choses qui manquent au niveau de la création ?

            — Je ne veux pas passer pour prétentieux, mais j’aimerais revenir sur le problème des scénaristes : nous avons déjà dit qu’il y en avait peu et que leur situation est telle que beaucoup sont obligés de faire trop pour faire bien, ou d’aller voir ailleurs (ciné, télé, etc.), en espérant que leur travail soit mieux considéré. Essayez de vous présenter comme scénariste chez un éditeur, on vous demandera quel dessinateur vous accompagne. Le scénario n’intéresse qu’après, ce sont les dessinateurs que l’on cherche à avoir… À l’époque grandiose du journal de Spirou, chaque auteur de BD était obligé de faire un suspense en bas de page qui devait relancer l’intérêt de la lecture pour la semaine suivante. La création des scénarios, aujourd’hui, ce n’est plus du tout ça, les gens savent qu’ils travaillent pour un album et se cassent rarement la tête avec des choses comme ça. Du coup, quand on ouvre un magazine et qu’on lit trois ou quatre pages, il ne se passe rien, alors pourquoi irait-on attendre la semaine suivante pour acheter ce magazine ?

            — Je crois aussi que tu as eu une expérience de scénario sur un dessin animé ?

            — Pour relancer les studios Belvision, Raymond Leblanc a voulu monter un projet qui lui tenait à cœur : la réalisation en dessin animé des aventures de Corentin [série d’aventures exotiques dessinées par Paul Cuvelier, publiée dès le n° 1 du Tintin belge daté du 26 septembre 1946].

« Les Voyages de Corentin » en dessin animé.

On a confié à Jean Van Hamme [célèbre scénariste de « XIII » ou de « Thorgal » qui avait écrit les deux derniers albums de la série, en 1968 et 1973] la charge d’écrire un pilote de scénario et, par la suite, une proposition pour un 120 mn. Je suivais ses cours de scénarios de cinéma chez Parallax et je lui avais dit que, si un jour il avait l’opportunité de travailler sur un nouveau projet, il n’hésite pas à m’appeler, car j’étais intéressé par cette expérience. Comme il était un peu bloqué et qu’il avait beaucoup de travail à ce moment-là, il m’a téléphoné. Nous avons mis au point un scénario compatible avec la mise en scène d’animation, en faisant des brainstormings intensifs. Nous avons beaucoup travaillé et j’ai été payé : Jean Van Hamme est un auteur extrêmement rigoureux et honnête, et je rends ici hommage à une personne avec qui je suis prêt à retravailler. Mais le projet ne s’est pas concrétisé, car dès que Belvision a eu quelque chose d’un peu sérieux entre les mains (ils ont même reçu une distinction pour le pilote), Leblanc l’a aussitôt vendu. Nous sommes restés sous le choc, car si pour moi l’argent n’est pas le principal, il faut tout de même dire que, quand on rentre un projet de scénario, on est très peu payé en regard du travail effectué ; ce n’est qu’au moment de la réalisation définitive qu’on est bien rétribué : or, c’est la première partie qui est la plus difficile à faire pour les scénaristes.

            Par ailleurs, Tome a beaucoup d’admiration pour le travail de ses confrères et adore travailler avec certains d’entre eux. C’est pourquoi il lui arrive de donner des coups de main à droite ou à gauche. Pour André Franquin il est l’auteur, avec Janry, du gag n° 906 de « Gaston » paru dans Spirou n° 2652 du 8 février 1989 (cinq ont été refusés par le maître) et d’une aimable parodie mettant en scène les différents protagonistes de cette série dessinés par Janry dans un supplément Journal de Gaston au n° 2560 du 5 mai 1987 : Longtarin, De Mesmaeker, Boulier et Prunelle (quatre demi-planches signées Lebrac).

            Collaborer avec Peyo était aussi une expérience intéressante pour tout professionnel. Tome a eu la commande de deux mini-épisodes des « Schtroumpfs » (au départ synopsis pour les dessins animés), dont un seul a été publié dans une version remaniée par le studio : « Le Petit Train des Schtroumpfs » (huit planches dessinées par le studio Peyo, surtout par Alain Maury, publiées dans le magazine Schtroumpf n° 6, en 1990, et repris dans l’album Cartoon Création « L’Étrange Réveil du Schtroumpf paresseux », en 1991. Le second reste inachevé.

Un scénario de Tome pour « Les Schtroumpfs ».

            Pour Christian Darasse, il reprend la destinée du « Gang Mazda » à partir du gag n° 123 publié dans le n° 2774 du 12 janvier 1991 [jusqu’au n° 3019 du 21 février 1996] et, comme nous l’avons déjà vu, il ne dédaigne pas trouver quelques gags pour « Passe-moi l’ciel » animé par ses amis Janry [au scénario] et Staif [aux dessins] ; voir la première partie de ce dossier : Les premières cases de l’oncle Tome : genèse.

— Tu as contribué au destin du « Gang Mazda », dans quelles conditions as-tu repris les scénarios de cette série de gags gui met en scène des dessinateurs de BD [Christian Darasse, Marc Michetz et Bernard Hislaire] ?

— Darasse avait des problèmes pour terminer une série de gags pour son prochain album. Il m’a contacté pour que je lui donne un coup de main. Comme nous nous entendons bien, nous avons d’autres projets ensemble, comme celui de réaliser un livre pour apprendre à créer une BD et qui, bien entendu, serait animé par ceux qui pratiquent ce métier : Le Gang Mazda !

« Le Gang Mazda » reviendront le temps de trois planches dans le n° 3839 de Spirou du 9 novembre 2011 : un spécial come-back.

Enfin, Tome se lance dans le scénario d’aventure. Après des projets non concrétisés avec Frank Pé [reprise de « Vincent Murat »], Goffaux et Marvano, notre scénariste imagine enfin une excellente bande réaliste dessinée par Philippe Berthet : « Sur la route de Selma » [soixante-deux pages publiées dans un album de la collection Aire Libre des éditions Dupuis, en 1991].

— Pour l’album avec Berthet, tu changes complètement de registre ?

— Nous avons travaillé pendant un an sur une histoire qui, j’espère, aura un certain retentissement. Nous avons vraiment voulu faire quelque chose qui soit à la hauteur de nos ambitions et de celles de la collection Aire Libre. Il n’y a pas un atome d’humour, car le sujet est extrêmement dramatique. Il a été conçu à partir d’un désir que j’avais de raconter une histoire de Spirou se passant en Afrique du Sud. J’ai visité ce pays et j’ai estimé, à l’époque, qu’il n’y avait pas lieu de rigoler avec un sujet pareil. Je m’en suis confié à Philippe qui avait justement envie de se lancer dans une histoire avec des noirs. Il voulait que cela se passe aux U.S.A., alors que je penchais pour l’Afrique du Sud d’aujourd’hui. Résultat, cela se passe aux U.S.A., mais à notre époque ! Cela devait d’abord être un album de quarante-quatre pages dans la collection Berthet, mais nous avons opté pour un récit de soixante-deux pages et ça s’est intégré dans la collection Aire Libre.

Esquisse de Philippe Berthet pour « Sur la route de Selma ».

            — As-tu encore d’autres projets avec d’autres dessinateurs ?

— Je me tiens au courant de l’actualité BD pour découvrir des jeunes talents, mais je ne suis pas un grand producteur et j’aime bien prendre mon temps. Une de mes grandes ambitions serait d’arriver à trouver un excellent dessinateur réaliste. Une autre collaboration avec Berthet n’est pas exclue. J’ai été en contact avec David Mazzuccheli, l’un des dessinateurs de « Batman » et de « Daredevil », et j’essaierai bien de lui écrire un truc. Nous nous entendons bien, mais il a abandonné un peu la BD pour la musique et ce qu’il fait aujourd’hui est très différent de ses précédentes productions qui m’avaient épaté : ce travail très européen d’un dessinateur pourtant très américain. Et puis, il y a quelques amis avec qui des projets se dessinent, sans qu’il soit assez tôt pour en parler. Mais quoi qu’il en soit, je ne serai jamais l’homme de dix ou douze séries en parallèle. Le scénario me demande trop de temps pour pouvoir me partager ainsi. Je ne crois d’ailleurs pas que je pourrais multiplier ainsi les collaborations sans me répéter. Je préfère laisser ce genre de performance à ceux de mes confrères dont le talent est plus productif. Et puis, bien entendu, je consacre une grande partie de mon énergie au grand et au petit Spirou !

Page de Tome & Janry pour« La Galerie des illustres » de Spirou (au n° 3852 du 8 février 2012), en hommage à Charles Degotte.

            Depuis cette interview, Tome a surtout mis son talent au service des gags du « Petit Spirou », ayant abandonné la destinée du grand en 1998, avec un album flirtant de plus en plus avec le réalisme.

Gag inédit du « Petit Spirou » paru uniquement dans l'album « Boule & Bill font la fête » chez Dargaud, en 1999.

Avec parcimonie, il nous a réservé quelques autres rares et belles incursions dans la bande dessinée comme la série de gags vacanciers « Les Minoukinis » mis en images par Christian Darasse pour deux albums chez Glénat [entre 1997 et 1998],

Ex-libris de Christian Darasse pour« Les Minoukinis ».

la surprenante trilogie policière « Berceuse assassine » enluminée par Ralph Meyer chez Dargaud [entre 1997 et 2002]

Études de Ralph Meyer pour « Berceuse assassine ».

Un tiré à part pour « Feux ».

et « Feux », un récit d’heroic-fantasy inachevé (mais fort bien illustré par Marc Hardy), dont un seul album est paru chez Dargaud Benelux, en 2005 [4].

Janry, quant à lui, ne s’est diversifié que tout récemment, avec les gags de « Poussin 1er » [voir « Les Aventures de Poussin 1er T1 : Cui suis-je ? » par Janry et Éric-Emmanuel Schmitt] publiés directement en album chez Dupuis [en 2013].

Gilles RATIER

(1) Pour une bibliographie précise des aventures de Soda, voir : http://bdoubliees.com/journalspirou/series6/soda.htm.

(2) Aujourd’hui, après une ultime enquête dessinée par Gazzotti en 2005, il est question d’une reprise de la série par Dan [Dan Verlinden, l’ancien assistant de Janry sur « Le Petit Spirou »], car « Soda », dans ces plus belles années, se vendait quand même entre 35 000 et 87 000 exemplaires par album.

« Soda » par Dan Verlinden.

(3) Stéphane Debecker, quant à lui, en était le coloriste attitré.

(4) Quelques plaisantins s’étaient penchés, avant nous, sur le cas de Philippe Van de Velde [Tome], dans Spirou n° 2344 du 17 mars 1983 et n° 2594 du 29 décembre 1987, dans Bonté Divine n° 6 de juin 1985, dans PLGPPUR n° 18 de l’été 1985, dans Solaris n° 69 de septembre-octobre 1986 [une revue québécoise], dans Les Cahiers de la BD n° 85 de juin 1989 et dans l’album « Les Mémoires de Spirou » par Thierry Martens et Jean-Paul Tibéri chez Dupuis en 1989. Depuis, on peut aussi citer d’autres articles sur Tome parus dans La Lettre de Dargaud n° 20 et n° 38, Auracan n° 5, Canal BD n° 6, BoDoï n° 19 et n° 86, Bachi-Bouzouk n° 4, Sapristi n° 42, L’Année de la BD n° 2, Bandes Dessinées Magazine n° 8 et n° 9, CaseMate n° HS1, ainsi que les ouvrages « Documents d’exploitation pédagogique de “Sur la route de Selma”… » par Didier Quella-Guyot aux éditions du CRDP de Poitou-Charentes et « Avant la case » de Gilles Ratier aux éditions PLG, puis Sangam.

Dans son n°4 de mai 1999, l'éphémère revue Bachi-Bouzouk (mensuel sur l'actualité de la BD) proposait ces deux pages inédites du « Petit Spirou ».

Galerie

2 réponses à Les premières cases de l’oncle Tome : suite et fin

  1. box office story dit :

    Toujours au dessus du lot, magnifique et émouvant dossier.

  2. Henri Khanan dit :

    Magnifique hommage, merci!

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