COMIC BOOK HEBDO n°120 (08/05/2010)

Cette semaine, NEXT MEN de John Byrne, une ?uvre indispensable pour les vrais fans du fameux dessinateur canadien, enfin disponible en VF?

NEXT MEN vol.1 et vol.2 (éditions Dante)

On va dire que je rabâche et que je suis un vieux c.., mais décidément, il semblerait que ce soient encore les « petits » éditeurs qui prennent des risques de bon aloi pour publier des œuvres jugées non commerciales (entendez « non rentables ») alors qu’elles sont de qualité, et même souvent importantes dans l’histoire des comics… Que ce soit Violent Cases de Gaiman et McKean, Strangers in Paradise de Terry Moore, Luther Arkwright de Bryan Talbot, Black Summer de Warren Ellis, Popbot d’Ashley Wood, les BD de l’âge d’or publiées par Univers Comics Unlimited, etc., etc., etc., et aujourd’hui les Next Men de John Byrne, qui plus est édités en intégralité dans deux volumes imposants : près de 1000 pages de lecture ! Pourtant, lorsqu’on regarde bien le nom des auteurs précités, les risques ne semblent pas si inconsidérés, vu la notoriété des auteurs… Mais bref. Bravo, donc, aux éditions Dante, d’avoir eu cette heureuse initiative, car au-delà des sempiternels X-Men (que j’adore), le parcours de Byrne ne se limite pas à ce seul succès, et Next Men est même un jalon incontournable de son parcours, lui permettant de construire enfin une œuvre personnelle au sein de son propre label.

En 1994, Byrne créa le label Legend avec notamment Frank Miller et Mike Mignola, un espace de création indépendante où naîtront Hellboy, Sin City et donc Next Men. La présente édition inclut intelligemment l’introduction à Next Men (2112) ainsi que la série annexe M4. Ce qui frappe dès les premières pages, c’est la liberté que semble retrouver Byrne à tous les niveaux. Scénariste et dessinateur, aux manettes de sa propre création, il se laisse aller à exprimer d’autres prérogatives, osant aller bien plus loin qu’il ne l’avait fait auparavant en ce qui concerne certains paramètres un peu encadrés, comme la sexualité des super-héros, le fascisme et la manipulation. Avec Next Men, Byrne aborde des sujets plus difficiles, plus adultes, qu’il avait envie de faire exploser car sous-jacentes, en tension dans son œuvre depuis longtemps. Car ne vous méprenez pas sur le trait souple, élastique, précis et grand public de Byrne : c’est un artiste bien plus sombre qu’il n’y paraît. Ainsi, les expériences menées par les méchants rappellent en tous points l’idéologie nazie, mais aussi certaines expériences de la CIA… La liberté qu’il ressent en travaillant sur Next Men va même lui permettre de régler un peu ses comptes avec le milieu des comics en insérant dans son récit une facette prompte à rendre compte de la réalité du milieu à l’époque, allant jusqu’à se citer dans les artistes bourgeois qui ont profité des fruits des combats des grands anciens… Byrne ne se cache même pas, et cite sans détours Marvel et DC dans son propos sur les rapports entre auteurs et majors.

Avec Next Men nous sommes bien plus dans un récit de science-fiction pur et dur plutôt que dans une aventure de super-héros, même si la notion de surhumains à pouvoirs est l’un des pivots de l’histoire. Mais la problématique se porte ailleurs, sur le complot, la manipulation, la politique, le sexe, l’identité, l’éthique scientifique, la vérité et le mensonge, la confiance, la violence… Cette fresque de près de 1000 pages a le temps de développer les choses, et elle ne s’en prive pas. Nos cinq héros malgré eux y apparaissent selon des facettes évolutives intéressantes, devant faire face à un monde qu’ils ne connaissent pas et où ils vont devoir trouver leur place. Issus de recherches scientifiques ayant pour but de créer une race de surhommes conditionnés, les « Next Men » vont passer d’un jardin paradisiaque à une réalité beaucoup plus dure, la nôtre, sur cette bonne vieille planète Terre… La liberté recouvrée de Byrne s’exprime aussi dans son dessin. Sans son génial encreur Terry Austin (on ne dira jamais assez de bien de Terry Austin), Byrne se lâche dans un trait plus direct, plus impulsif. 2112 aura été sur ce point une charnière primordiale, car c’est par elle que son style réussit à lâcher une certaine préciosité (comparez les premières planches de 2212 et de Next Men…). En conclusion, on ne peut que féliciter encore une fois les éditions Dante pour cette publication importante. Bonne lecture…

Cecil McKINLEY

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2 réponses à COMIC BOOK HEBDO n°120 (08/05/2010)

  1. Anonyme dit :

    John BYRNE est devenu américain depuis longtemps.

    Son site: http://www.byrnerobotics.com

    • Cecil McKinley dit :

      Oui, c’est vrai, tout autant qu’il est né en Angleterre… J’ai péché par passion, ne voyant encore que les ombres de Wolverine et d’Alpha Flight, une certaine persistance emblématique de la feuille d’érable…
      Bien à vous,
      CMcK

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