C’est au cours des années 1960 que Leone Frollo abandonne les bluettes destinées aux jeunes Anglaises pour les « fumetti per adulti » dont les magazines populaires au format de poche envahissent les kiosques transalpins. Loin de s’enfermer dans le genre, il s’oriente vers des productions plus valorisantes, mais toujours osées, souvent destinées à des magazines luxueux. Une nouvelle sélection des œuvres les plus représentatives de ce maître de l’érotisme —sensuel, mais néanmoins audacieux — est proposée dans ce second volume de « L’Art érotique de Leone Frollo ».
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L’histoire de la petite « Lydie », en ces années 1930, dans un petit village quelque part entre la France et la Belgique, plus exactement dans l’impasse dite du « bébé à moustaches », est certainement le récit le plus émouvant que nous avons pu lire ces dernières années?
Camille est une gentille fille, un peu simple d’esprit, qui vient de perdre son bébé : un enfant dont elle ne sait même pas, elle-même, qui en est le père… Alors imaginez la tête qu’on pu faire les modestes habitants du quartier quand elle vient leur annoncer, deux mois après la mise en bière, que les anges du ciel lui ont ramené sa progéniture ! Au début, évidemment, c’est la consternation, mais…
N’insistez pas, vous n’en saurez pas plus… Ah si, quand même, on vous dira juste qu’il est bien dommage que la série « Mèche rebelle » (re-titrée un temps « Protecto ») illustrée par le talentueux Matteo ait eu si peu de succès car elle montrait bien que Zidrou était déjà un excellent scénariste réaliste ; et qu’il ne fallait pas que le cantonner aux gags de « L’Élève Ducobu » ou de « Tamara » : même si ces très drôles productions sont loin d’être négligeables (elles sont même excellentes, dans leur genre) et qu’elles prouvent qu’il ne faut jamais cataloguer les auteurs et sous-estimer leurs capacités…
On vous soufflera aussi que si l’on ressort complètement bouleversé à la lecture de cette attachante histoire humaniste, qui se révèle, toutefois, assez cocasse par certains moments, c’est également grâce à l’élégant graphisme « à l’ancienne », caricatural et précis à la fois, de l’Espagnol Jordi Lafebre : un illustrateur prometteur entraperçu, auparavant, dans « La Vieille dame qui n’avait jamais joué au tennis » : le recueil de courtes bandes dessinées scénarisées par Zidrou paru chez Dupuis l’an dernier. Ce graphiste, préposé aux séries humoristiques dans son pays d’origine, nous propose, entre autres, une galerie de trognes inoubliables qui ajoute à la crédibilité de cette très belle ode à la solidarité, à l’amour, à la tendresse et au bonheur de vivre !
Gilles RATIER
? Lydie ? par Jordi Lafebre et Zidrou
Éditions Dargaud (14,50 Euros)