Rencontre avec Jean-Luc Masbou et Thierry Leprévost, à propos de « Monster Club »T1

Si votre rentrée se révèle morose, plongez-vous dans « Monster Club », un savoureux récit d’aventure situé dans la lignée des romans de Jules Verne, jubilatoire, fantaisiste et plein de rebondissements, qui vous entraînera à la recherche d’une mystérieuse créature inconnue, dans le sillage de deux clubs de cryptozoologues ennemis.

Masbou et Leprevost miment la couverture de leur album

Ces deux là se connaissent depuis plus de 20 ans ! Depuis l’époque de leurs études aux Beaux-Arts d’Angoulême exactement : « La première fois que j’ai vu Thierry Leprévost, il m’a confondu avec Tiburce Oger, et je ne l’ai pas démenti » s’amuse d’ailleurs Jean-Luc Masbou.  Suivent les premiers boulots dans le dessin animé, au sein de la société IDDH, sans oublier les parties de jeux de rôle en compagnie d’Alain Ayroles ou de Jean-Luc Loyer : « On attendait notre heure pour se lancer dans la bande dessinée », se souviennent-ils. Celle-ci arrive pour Masbou avec la série « De Cape et de crocs », dont il assure la partie graphique sur des scénarios d’Alain Ayroles, tandis que Thierry Leprévost entame une carrière de coloriste, sur « Garulfo », notamment.

Parallèlement, Masbou imagine des histoires, qu’il ne souhaite pas mettre en images : « Ça me demanderait trop d’investissement de travailler graphiquement, en même temps, sur plusieurs séries situés dans des univers différents. A contrario, je peux raconter des histoires dans divers environnements et ça m’amuse beaucoup que celles ci soient dessinées par un autre que moi ». Ainsi, le dessinateur de « De Capes et de crocs » conçoit-il « L’Ombre de l’échafaud » avec David Cerqueira, une série interrompue après 3 albums parus, avant que l’ultime volume ne voit le jour :  « J’avais pourtant l’idée de créer des épisodes spin-off avec les personnages de cette série, dont un se serait situé dans l’esprit de « La Grande Course autour du monde » de Blake Edwards. En fait, je voulais récupérer les histoires que j’avais aimées en étant gamin et y rajouter ma touche personnelle. J’aime jouer avec les clichés et, soit leur faire faire autre chose que ce qui est convenu, soit faire ce qui est attendu mais avec beaucoup d’ humour. Par exemple, je joue sur le fait que mes personnages sont prévisibles pour pouvoir les faire agir de manière imprévisible. Finalement, j’ai opté pour une nouvelle série originale ».« Ce projet est arrivé à un moment où je souhaitais m’investir dans le dessin. À l’époque, je réalisais des illustrations pour mon compte personnel, situées dans l’époque victorienne, inspirés du genre steampunk et d’Albert Robida », se souvient Thierry Leprévost. « De mon coté », poursuit Jean-Luc Masbou, « je recherchais un dessinateur pour « Monster Club », sans imaginer un instant que cela puisse intéresser Thierry. Heureusement, au cours d’un dîner où j’évoquais ce projet, son épouse Nathalie Ferlut (1) nous a rapprochés ».

Le coloriste de « D » est immédiatement séduit par le synopsis de cette aventure extraordinaire, dans la lignée de celles de Jules Verne et des grands films d’aventure de la même veine, mettant en scène deux clubs de cryptozoologie se disputant le titre très convoité de « Monster Club » et qui, pour se départager, se lancent dans le défi de ramener une créature inconnue de la civilisation : « J’étais très intéressé par la manière dont Jean-Luc traite ses personnages. Dans ses histoires, on les entend véritablement parler. Ils sont vivants et bien typés. Personnellement, je n’aime pas les dialogues où les personnages racontent ce qu’ils sont en train de faire. »

Du synopsis au scénario définitif, il n’y a cependant pas qu’un pas : « Je travaille de façon feuilletonesque », nous révèle Jean-Luc Masbou. « J’écris 1 à 3 pages de découpages et, à la vue des planches de Thierry et des rajouts qu’il souhaite effectuer, je travaille sur la suite et intègre éventuellement de nouveaux rebondissements au découpage ». L’ensemble se révèle dense, avec nombre de personnages, plus de 20 au total, dont 12 principaux, mais tous facilement identifiables : « Quelques personnages m’ont demandé plus de concentration, mais pour les autres, j’ai utilisé les codes de différenciation classiques : petit, grand, maigre, gros… », explique le dessinateur. Quant à la densité narrative, elle ne se révèle nullement un handicap à la lecture : « Au contraire, l’accueil des lecteurs est très favorable. L’ensemble ne se lit pas en 10 minutes. On s’adresse plus au lectorat de « Buck Danny » qu’à celui de Bastien Vivès », sourit le scénariste de « Monster Club ».

 

Et si ce premier album a été conçu comme un one shot, la suite est bel et bien programmée : « Mais les albums à venir pourront se lire indépendamment les uns des autres, tout en conservant des personnages communs, dans le genre « Un album, une aventure » » précisent en chœur les deux auteurs.

Laurent TURPIN

(1) Nathalie Ferlut est également auteur de bandes dessinées. Elle a notamment signé « Lettres d’Agathe » et « Élisa » aux éditions Delcourt, ainsi que le tout récent « Ève sur la balançoire » chez Casterman.

« Monster Club T1 : Que le meilleur gagne et Dieu sauve la reine ! », par Jean-Luc Masbou et Thierry Leprévost

Éditions Delcourt (14,30 €) – ISBN : 978-2-7560-1750-1

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