Lancé avec la promesse de proposer aux lecteurs amateurs du genre une longue saga familiale, « Les Damnés de l’or brun » ambitionne d’évoquer l’histoire de l’industrie du chocolat de ses origines à nos jours. Ce troisième ouvrage, consacré à l’année 1878, est, hélas !, le dernier. Pour les amateurs de cette série classique, voilà une conclusion un peu décevante, au goût aussi amer que celui du chocolat. Adieu Rosa Dumont, Marc Loiseau, Alain Swijsen, Christian Dallier, Stephen Wayne et bien d’autres descendants de Maria Da Silva et de Tiago Da Costa Socrates présentés dès le premier album dans l’imposant arbre généalogique publié en guise de pages de garde…
Lire la suite...« Amorostasia » par Cyril Bonin

Cyril Bonin fait partie de ses auteurs qui ont parfaitement assimilé l’alchimie narrative de la bande dessinée, ayant trouvé un juste équilibre entre son élégant dessin, ses dialogues percutants et son efficace découpage. Ce nouvel opus, qui repose sur une belle idée de départ, ne déroge pas à la règle : le choix original d’un traitement en noir et blanc, plus lâché pour faire plus « roman graphique », nous permettant de découvrir une autre facette du grand talent de cet auteur. Joliment nommée l’amorostasie, un mal inconnu se propage dans la ville de Paris en pétrifiant ceux qui s’aiment d’un amour intense : se pourrait-il que, désormais, tomber amoureux nuise gravement à la santé ?
En effet, les réactions chimiques inhérentes à ce sentiment sont capables de plonger les gens dans un état de catatonie profonde. Pourtant, les victimes ne sont pas mortes et n’ont pas besoin d’être nourries : leur métabolisme est simplement au ralenti. Une jolie journaliste, flanquée de son collègue photographe, enquête alors sur cette curieuse épidémie. Par ailleurs, elle se demande pourquoi elle et son amoureux n’ont toujours pas été figés. Elle s’interroge même sur l’attitude à avoir : faut-il qu’elle prenne ses distances pour se protéger ? Car ceux qui sont réellement touchés par la grâce de Cupidon sont alors affectés d’un mal qui demeure sans remède et dont les conséquences ne sont pas aussi idylliques qu’il y paraît de prime abord.
Alors, oui, bien sûr, certains passages sont plus réussis que d’autres dans ce livre doux-amer de cent vingt-quatre pages qui se lit d’une traite. On passe quand même un très bon moment, car la bluette a un doux parfum mystique et cela nous permet, en outre, de réfléchir sur la condition humaine ou d’analyser les sentiments que nous portons à autrui : n’est-ce pas là le plus important ?
Gilles RATIER
« Amorostasia » par Cyril Bonin
Éditions Futuropolis(19 €) – ISBN : 978-27548-0888-0