« Montage » T1 par Jun Watanabe

Un policier mort au fond d’une ruelle. Le plus gros casse du Japon, 300 millions de yens, inelucidé. Deux enfants traqués dont les parents ont mystérieusement disparu. Une île abandonnée aux allures de bateau de croisière désaffectée. Voilà de quoi construire un bon polar aux multiples rebondissements. Si en plus, l’histoire s’appuie sur un des faits réels, le mystère en devient encore plus intéressant.

En 1968, un vol spectaculaire à lieux en plein Tokyo. Un homme déguisé en policier arrive à subtiliser une somme colossale en petite coupure. 300 millions de yens disparaissent ainsi dans la nature grâce à une ruse grossière, néanmoins particulièrement bien réfléchie.

Cet argent n’a jamais été retrouvé.

En 2004, soit 36 ans après les faits, Yamato, un jeune garçon de 10 ans, et sa voisine de 2 ans plus âgée que lui entendent un homme agoniser au fin fond d’une ruelle. Il a été blessé par balle. Or, il se trouve qu’il est policier et qu’il connaît très bien le père de Yamato, puisqu’il lui apprend que c’était lui l’auteur du vol spectaculaire.

Six ans passent, Yamato ayant depuis perdu son père vit maintenant dans la famille de sa voisine Miku. Ils n’ont plus jamais évoqué cette histoire de 300 millions de yens.

Pourtant, elle va les rattraper et ils vont être embarqués dans une sordide aventure ou ils deviendront tour à tour détectives, meurtriers, fugitifs et sûrement bien plus au fil des volumes.

« Montage » est un polar simple et bien construit, distillant les indices petit à petit afin de tenir le lecteur en haleine. Les aller-retours passé/présents sont très bien gérés et renforcent le côté authentique et crédible de l’aventure. Si les faits servant de base à cette histoire, le vol de 300 millions yens, sont véridiques, tout le reste n’est que fiction. Il faut dire que ce larcin étant toujours inélucidé, cela peut alimenter tous les fantasmes. Jun Watanabe prend grand soin de placer ses protagonistes dans des lieux bien réels, afin de rendre encore plus crédible les péripéties de ces jeunes. Ce premier volume met en place une intrigue bien ficelée aux nombreux rebondissements. Ce qui préfigure de la suite et du caractère haletant de ce polar. Dès le départ, l’inspecteur mourant met en garde le jeune Yamato « Tu ne dois pas faire confiance aux gens autour de toi… » Savait-il quelque chose en particulier, pensait-il que cette somme pouvait simplement attirer des ennuis au jeune homme ? Avait-il vent d’un complot autour de lui ? Pour le moment, nous n’en savons pas plus.

Si le graphisme de Jun Watanabe est clair, il n’a pas cette touche personnelle qui le rendrait exceptionnel. C’est son scénario et sa construction narrative qui rend cette intrigue intéressante. Le dessin n’est là que pour mettre en image des faits. La couverture, énigmatique avec ce fond noir particulièrement dense et ce garçon perdu en bas de page, donne immédiatement le ton : très sombre. La seconde couverture sera bleue, comme l’uniforme des policiers et la troisième, rouge sang. Toute une mise en scène contribuant à rendre le récit énigmatique et passionnant.

Contrairement à « Monster » ou « Death Note », l’intrigue n’est pas liée à une puissance surnaturelle. C’est un simple vison réaliste de ce qui pourrait expliquer le plus grand casse jamais réalisé au Japon. Et c’est cet encrage dans la réalité qui rend cette traque, à la fois de ces jeunes et de la vérité, encore plus passionnante. Il y a peu de temps morts, sauf ceux voulus par l’auteur afin de rendre la narration plus fluide. Le tout, dans une suite logique d’événements qui devraient nous amener, petit à petit, de vraies réponses et une explication de ces faits encore inexplicables aujourd’hui.

Cette histoire de vol n’a pas eu le même retentissent médiatique en France qu’au japon où cela a fait la une des journaux de l’époque. Pourtant, sans connaître précisément les faits, la retranscription qui en est faite ici est suffisante pour captiver le lecteur. On a vraiment l’impression de vivre une reconstitution d’un drame dont nous serions le spectateur. Au Japon, la série comporte déjà onze volumes et elle continue toujours. Une série d’animation est également en préparation. Amateurs d’intrigues bien ficelées, plongez dans cette aventure aux côtés de Yamato et de Miku.

Gwenaël JACQUET

« Montage » T1 par Jun Watanabe
Éditions Kana (7.45 €) – ISBN : 9782505018384

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