Rencontre Editeurs / Jounalistes : Bilan 2005 et prospectives

C’est une vision relativement consensuelle du marché de la bande dessinée que livrent des éditeurs forts satisfaits de leurs performances de l’année passée, tout en reconnaissant une gestion tendue entre durée d’exposition réduite pour les nouveautés et une baisse des ventes sur le fond de catalogue.

 

 

« Tout va très bien, Madame la marquise … » (Air connu !) répétaient à la cantonade les différents éditeurs présents lors de la troisième et désormais traditionnelle rencontre annuelle entre le Groupe BD du Syndicat National de l’Edition (SNE) et les journalistes de l’Association des Critiques de Bande Dessinée (ACBD). Les éditeurs de bandes dessinées bénéficient en effet « de circonstances économiques très positives » puisque leur secteur « est celui qui se porte le mieux de tous les marchés du livres ».

 

 

 

Grace aux ventes de mangas notamment ! Sans revenir sur le phénomène, maintes fois discuté, la question du jour portait sur l’arrivée possible ou non, en direct sur le marché français, des éditeurs japonais. A ce sujet, les éditeurs présents au cours de cette réunion du 11 janvier dernier (voir liste en fin d’article), et tous exploitants de droits asiatiques, se montrent unanimes : « Le manga est implanté dans tous les pays, selon des stratégies locales différentes. Vendre en direct serait donc difficile et demanderait de gros investissements pour les éditeurs japonais qui ne connaissent pas réellement ces marchés. En nous concédant l’exploitation de leurs droits, ils développent leurs ventes en minimisant leur risque. » Même son de cloche chez Panini, licencié dans le monde entier hors USA des comics Marvel et DC, « qui gagnent bien leur vie comme ça ! ». D’ailleurs, « les éditeurs européens adoptent la même stratégie puisqu’ils préfèrent également minimiser leurs risques par le vente de leur droit », rappelle Guy Delcourt.

 

 

 

Des mangas et de leur implantation réussie sur notre territoire, on en reparlera surement. Mais celle ci ne se fait pourtant pas au détriment des créations francophones toujours plus nombreuses. Les journalistes de l’ACBD constatent cependant qu’au fil du temps, de nombreux « produits » envahissent le marché et qu’une œuvre d’auteur réussie est souvent copiée pour, semble-t-il, des raisons commerciales, comme le Décalogue par exemple, dont le séduisant concept se décline aujourd’hui chez d’autres éditeurs. Tout en apportant des réponses différentes face à ce qui semble résulter d’une « industrialisation » du secteur ( Média Participations avance son souci d’éclectisme, Casterman, sa volonté de pouvoir financer des auteurs talentueux mais moins vendeurs, Glénat, son écoute des auteurs en priorité et Delcourt, sa liberté de faire ce qu’il veut !) tous les éditeurs s’accordent sur le fait que leur stratégie éditoriale doit s’adapter à un élément nouveau mais général : la délicate gestion de leur trésorerie liée à une durée d’exposition des nouveautés réduite, avec des taux de retour très inhabituels et un travail sur le fond de catalogue, qui ne se vend plus autant « tout seul ». Il n’y a pas de secret : la baisse des ventes et de la durée d’exposition moyennes d’un ouvrage se fait plus sentir sur les jeunes ouvrages de création !

 

 

 

De là à imaginer de la casse dans des temps prochains, il n’y a qu’un pas, qu’aucun éditeur présent ne se risque à franchir, chacun préférant se féliciter d’une amélioration toujours réelle de ses résultats financiers, sans se risquer à discuter de l’avenir qu’il entrevoient pour les autres.

 

 

 

Par contre, l’union faisant la force dans les aspects promotionnels du neuvième art, les voilà tous réunis à nouveau pour valoriser la future et deuxième « Fête de la BD »

 

 

 

La fête de la BD sera donc reconduite, après une « année 0 » organisée « avec rapidité » et dont les éditeurs tirent pourtant un bilan globalement positif. Après avoir identifié les faiblesses du cru 2005 : « un contenu éditorial qui manquait de précision », le groupe BD du SNE a décidé de confier l’organisation de cette nouvelle semaine dédiée au neuvième art (du 29 mai au 5 juin 2006) à Bertrand Morisset, en charge des salons grand public du COSP et notamment créateur du défunt « Paris BD ». Le concept 2006 : stimuler des vocations et développer une forte notion participative du public, sous le slogan « Faites de la BD » ! Du matériel pédagogique devrait être mis à disposition des écoles et la création du contenu devrait se déterminer en collaboration avec 15 ou 20 métropoles qui joueront le jeu. Un événement, selon les termes de B. Morisset, « populaire, festif et participatif ». Exit donc les émissions « people » de TF1 ? Exit, en tout cas, Le Train de la BD dont l’inutilité commerciale et promotionnelle fut flagrante. « Faire un train pour faire un train est trop anecdotique », souligne B. Morisset, qui n’exclut pourtant nullement la SNCF dans le pool des partenaires, puisque celle ci pourra (si elle le souhaite) intervenir à travers son réseau sur cette opération qui se veut très présente en région et qui pourrait regrouper cette année  tous les éditeurs de bande dessinée, petits ou grand ; les organisateurs premiers se déclarant très ouverts et souhaitant vivement associer tous les éditeurs, indépendants notamment, à la manifestation. L’appel est lancé !

 

 

 

Laurent Turpin

 

 

 

Etaient présent à la réunion : Claude de St Vincent – Médias Participations : Dargaud, Le Lombard, Dupuis, Kana -, Dominique Burdot –Glénat, Vents d’Ouest-, Louis Delas – Casterman, Fluide Glacial, Jungle -, Guy Delcourt – Delcourt -, Alain Guerrini – Panini – et Alain Kahn –Pika

 

 

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