Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...Lisbonne dernier tour

En quelques albums un peu plus expérimentaux (« En série » chez FRMK, « L’Intrusion » chez Rackham et deux petits bijoux illustratifs, hélas passés injustement inaperçus, aux éditions BD Music, ex-Nocturne : « Bessie Smith » et « Amalia Rodrigues » ou encore la vraie réussite graphique et narrative qu’est « Amato » sur scénario de Denis Lapière, chez Futuropolis), la jeune peintre Aude Samama commence vraiment à se faire un nom dans le milieu souvent très fermé du 9ème art (quelque soit sa forme).
Sa palette graphique très picturale, qui fait beaucoup penser à celle de l’Italien Lorenzo Mattotti (surtout sur ses albums « Feux » ou « Murmure »), est de plus en plus subtile ; et son univers graphique, relevé par l’utilisation de couleurs fauves ou clairs-obscurs (donc basé, la plupart du temps, sur l’utilisation d’huile et de pastels), s’accorde parfaitement aux propos nostalgiques du scénariste et fait partie intégrante de la narration.
L’Argentin Jorge Zentner, désormais installé en Espagne où il consacre l’essentiel de son temps au métier de psychothérapeute, marque donc, avec ce superbe « Lisbonne dernier tour » publié aux Impressions nouvelles, son grand retour au scénario de bande dessinée. Et, n’ayons pas peur des mots, c’est certainement l’une de ses meilleures prestations en ce domaine (avec, quand même, « Le Bruit du givre » réalisé avec Mattotti, justement, et « Le Silence de Malka » avec Ruben Pellejero)…
Il nous raconte avec émotion le déclin d’un mage mystérieux, aux pouvoirs spirituels exceptionnels, dépassé par la modernité ; se contentant de salles des fêtes parsemées et d’hôtels miteux, alors qu’il a connu les quatre étoiles et la célébrité : une belle et profonde réflexion sur la vieillesse et sur le déclin progressif de l’homme quand il devient « out », dans un domaine qu’il a toujours maîtrisé, et qu’il se sent alors complètement inutile !
Gilles RATIER
? Lisbonne dernier tour ? par Aude Samana et Jorge Zentner
Éditions Les Impressions nouvelles (16 Euros)