Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Mon ami Dahmer » par Derf Backderf

Encensé par la critique dans son pays d’origine, ce témoignage étonnant du dessinateur américain Derf Backderf qui, dans sa jeunesse, a été au lycée avec celui que l’on a surnommé « le cannibale du Milwaukee » – car responsable de meurtres atroces incluant le viol et la nécrophilie -, reçoit également un accueil chaleureux en langue française, puisqu’il fait partie des « 20 indispensables de l’été de l’ACBD », pas moins…
Voir : Les 20 indispensables de l’été 2013 pour l’ACBD : « c’est l’été : lisez des BD ! »….
Aussi timide qu’excentrique, Jeffrey Dahmer vit dans une petite ville de l’Ohio en périphérie d’Akron. Le moins que l’on puisse dire de lui, c’est qu’il est vraiment bizarre : incapable de se faire de vrais amis et troublé par des désirs naissants favorisant son homosexualité, il est obsédé par les crises d’épilepsie de sa mère et miné par le départ de son très catholique de père. Pour parachever le tout, ce garçon triste développe une fascination pour les cadavres, tuant de petits animaux afin d’observer leur décomposition. Bon d’accord, mais de là à deviner qu’il allait devenir l’un des plus terrifiants serials-killers des États-Unis, il y a quand même un gouffre.
D’ailleurs, c’est seulement par un coup de téléphone de son épouse, qui était alors journaliste pour un quotidien local, que Derf Backderf, étonné, découvre l’ampleur et l’horreur des crimes de son ancien camarade de classe. Raconteur d’histoires avant tout, il décide alors d’enquêter sur ce « vieil ami » et de mettre en bulles et en cases son incroyable et atroce destinée, dans un style caricatural proche du dessin de presse où il a longtemps œuvré.
Avec ce roman graphique abouti et profondément humain, nous profitons donc d’un point de vue inédit, car interne sur l’affaire : l’auteur insistant sur l’environnement complexe et déséquilibré du futur tueur, lequel influa nettement sur sa dégradation psychique. Cerise sur le gâteau, à la fin de l’ouvrage, un imposant dossier recoupe les informations de façon minutieuse, afin de compléter la propre vision du dessinateur alternatif : un travail colossal et quasiment irréprochable…
Gilles RATIER
« Mon ami Dahmer » par Derf Backderf
Éditions Ça et là (20 €) – ISBN : 978-2-916207-80-3