PLUS DE LECTURES DU 28 DÉCEMBRE 2009

Notre sélection de la semaine : ? La Guerre des Sambre : Hugo & Iris T.3 ? par Jean Bastide, Vincent Mézil et Bernar Yslaire, ? Le Triangle secret : Hertz T.2 : Montespa ? par Pierre Wachs et Didier Convard, et ? Nick Raider section criminelle T.1 ? par Corrado Mastantuono et Claudio Nizzi.

- ? La Guerre des Sambre : Hugo & Iris T.3 ? par Jean Bastide, Vincent Mézil et Bernar Yslaire
Éditions Futuropolis/Glénat (13,50 Euros)

En cet hiver 1831, après avoir fait le deuil de leur père et de leur mère, la vie continue pour les Sambre… Mais voilà que Blanche, l’épouse d’Hugo, revient au foyer, accompagnée d’un certain Alfred Dessang qu’elle fait passer pour son neveu… : une arrivée qui met plutôt mal à l’aise ses belles-sœurs, d’autant plus qu’elle semble assez avinée. Quant à Hugo, si la présence de sa femme semble aussi le déranger, il va trouver un nouveau prétexte pour partir et retrouver Iris, l’actrice aux yeux rouges : une passion qui l’entraîne, peu à peu, dans la démence… La collaboration si fructueuse d’Yslaire avec Jean Bastide et Vincent Mézil prend fin avec ce troisième tome, et c’est bien dommage ! Comme pour les deux précédents opus, le créateur graphique de la saga des « Sambre » a envoyé son scénario, mis en scène sous forme d’esquisses, à ses deux jeunes prodiges ; et le résultat est, une fois de plus, remarquable et d’une rare beauté… Coloristes hors pairs (ah ces tons de rouges qui donnent une ambiance si particulière à cette formidable histoire d’amour romantique !), ces deux dessinateurs issus de l’institut Saint-Luc de Bruxelles font merveille en respectant le style du maître. C’est Marc-Antoine Boidin, déjà repéré avec son adaptation de « Chéri-Bibi » chez Delcourt, qui va prendre leur suite sur « Werner & Charlotte », le deuxième cycle de cette déclinaison en huit cycles différents, lesquels devraient remonter la généalogie des « Sambre » jusqu’à la Préhistoire : et on lui souhaite bon courage ! En effet, Jean Bastide et Vincent Mézil ont placé la barre très haut et nous sommes impatients, et très curieux, de voir ce qu’ils vont pouvoir nous concocter après une telle prouesse…

- ? Le Triangle secret : Hertz T.2 : Montespa ? par Pierre Wachs et Didier Convard
Éditions Glénat (13 Euros)

Au début était « Le Triangle secret », thriller ésotérico-historique qui fut la première saga bédéesque à être concoctée autour du travail d’un scénariste (ici Didier Convard), épaulé par une pléiade de dessinateurs : un concept tout neuf (très vite suivi par « Le décalogue » de Frank Giroud qui en avait eu l’idée simultanément) dont le succès entraîna la création d’une pléiade de bandes ésotériques du même acabit. Ceci ne limita pas les envies créatrices de ses auteurs, les incitant même à multiplier de nouveaux cycles, pour le plus grand plaisir de leurs lecteurs… Ainsi, « INRI », « Les Gardiens du sang », trois hors-série et le one-shot « Hertz » sont venus compléter les sept albums de cette fresque maçonnique et humaniste inaugurée en 2000. Or, voilà que l’insatiable et machiavélique Didier Convard, cette fois-ci en compagnie de Pierre Wachs (autre dessinateur initié, dès l’origine, à cet immense projet romanesque et dont le graphisme élégant et maîtrisé est parfaitement adéquat pour nous replonger dans l’après guerre), remet une fois de plus le couvert ! Et afin de nous dévoiler d’autres secrets douloureux, il donne une suite à « Hertz », un album qui devait être, pourtant, isolé : nous permettant d’en savoir un peu plus sur un autre personnage clef du « Triangle secret ». C’est ainsi que nous retrouvons le Cardinal Bartolomeo Montespa, celui qui sera bien plus tard élu Pape, jeune étudiant à Paris. Alors qu’il se prépare à entrer au grand séminaire de Rome, il tombe amoureux d’une jeune artiste et se pose des questions sur son avenir religieux. Il se confie alors à son ami de toujours, Martin Hertz, qui s’apprête, quant à lui, à être initié en franc-maçonnerie : évidemment, ce dernier ne sait pas encore qu’il finira assassiné par les Gardiens du Sang, trahi par celui avec lequel il a grandi et partagé tant d’aventures de jeunesse pendant la Seconde Guerre mondiale… Manipulations, amour, politique et engagement sont donc au programme de ce passionnant thriller subtilement construit… Et si « Le Triangle secret », dans son ensemble, restera certainement comme le chef-d’œuvre du talentueux et fraternel Didier Convard, les deux volumes de « Hertz » en sont sûrement ses plus beaux joyaux !

- ? Nick Raider section criminelle T.1 ? par Corrado Mastantuono et Claudio Nizzi
Éditions Clair de lune (14,90 Euros)

Les éditions Clair de lune poursuivent, contre vents et marée, l’édition des fumetti de l’éditeur italien Sergio Bonelli en France ! Après « Tex » (on vous conseille vivement de jeter un coup d’œil à la traduction du Maxi n°4, « Les Deux visages de la vengeance », qui vient de sortir et dont le dessin est dû au fabuleux dessinateur argentin Miguel Angel Ripetto, lequel est complètement inconnu chez nous…, et c’est un scandale !), « Dampyr » et « Martin Mystère » (voir : bdzoom.com/article4081), voici l’inspecteur de la police criminelle « Nick Raider » qui enquête sur les homicides commis à New York. Créée en juin 1988, par le prolifique et toujours intéressant scénariste Claudio Nizzi (qui est l’un des principaux responsables des histoires de « Tex » aujourd’hui), cette excellente et originale série policière a connu une interruption en janvier 2005 (après la publication de son n°200), en raison des faibles niveaux de ventes qu’elle a connus ces dernières années ; mais elle a redémarré immédiatement avec des réimpressions et quelques récits inédits écrits et dessinés par Ferdinando Tacconi, puis par une mini-série réalisée à nouveau par Claudio Nizzi. En France, les éditions Glénat nous l’avaient fait découvrir avec trois albums publiés dans leur éphémère collection « 2 heures ½ », de 1993 à 1994, et dont le dessin était dû à Bruno Ramella. Hélas, cette tentative de popularisation des fumetti, juste au début de la vague manga, tomba à l’eau : l’immense qualité narrative de « Nick Raider » et des autres séries proposées (« Martin Mystère », « Dylan Dog » et « Nathan Never ») n’étant absolument pas à mettre en cause. La preuve, le copieux recueil de 360 pages proposé aujourd’hui (contenant quatre enquêtes différentes qui datent de juillet 1994, juin 1998 et août 1996) est remarquable et on espère que Clair de Lune n’en restera pas là : les scénarios ciselés de Maître Claudio Nizzi étant enluminés par le trait dynamique et très cinématographique du Romain Corrado Mastantuono qui, ici (ce sont ses premières œuvres), fait beaucoup penser à celui de l’Espagnol Jordi Bernet. Et au cas où vous ne le sauriez pas encore, sachez que Mastantuono, qu’on a déjà pu apprécier dans nos contrées avec la série de fantasy « Elias le Maudit » (avec Sylviane Corgiat, aux Humanoïdes Associés, en 2004) ou un récent « Tex » publié en février (voir : bdzoom.com/article3761), est un géant du noir et blanc : voilà donc un ouvrage à découvrir, toute affaire cessante !

Gilles RATIER

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