« Tenzing sur le toit du monde avec Edmund Hillary » par Jean-Baptiste Hostache et Christian Clot

Il y a eu, notamment entre 1948 et 1950, de nombreuses expéditions himalayennes et l’Everest fut atteint pour la première fois le 29 mai 1953 par Tenzing Norgay (1914 – 1986) et Edmund Hillary (1919 – 2008). Tenzing fut, dit-on sur le site Zonehimalaya.net, « parmi les premiers Sherpas à s’intéresser à l’alpinisme. Il parlait sept langues mais ne savait ni lire, ni écrire. Après son exploit, il parvint néanmoins à écrire quelques livres à l’aide de la dictée ». Bref, une légende…

 « Sherpa » n’a jamais signifié « porteur » comme on pourrait le penser. Il s’agit bel et bien du nom d’une minorité tibétaine vivant aussi au Népal. Ces « hommes de l’Est » (en tibétain) forment une ethnie dont les aptitudes à s’adapter à la haute altitude tout en portant d’importantes charges les ont désignés à devenir porteurs, profession particulièrement hiérarchisée. Sans eux, les ascensions himalayennes n’auraient guère été réalisables. C’est bien ce que montre cet album : sans porteurs, pas d’expédition, pas de sommet, car ce sont des tonnes de matériel qu’il faut constituer et déplacer !Pourtant, jusqu’à Tenzing, les honneurs échappent complètement à ces hommes providentiels. Alors, quand ce dernier accepte la mission Hillary à condition d’être un des grimpeurs officiels, on s’offusque ! « Sirdar », c’est-à-dire chef des porteurs, oui ; grimpeur, non !  Pourtant, et ce récit le montre bien, sans un homme comme lui qui connait déjà une bonne partie des parcours, qui évalue avec une justesse imparable les besoins en matériel (comme ici, des échelles) et en hommes, rien n’aurait été possible. C’est qu’on part pour des mois et qu’à ce niveau d’exigence et de danger, rien ne peut être laissé au hasard.

Tenzing gère l’expédition, autant dire les hommes, les susceptibilités, les tensions, les paies aussi ! Le scénariste souligne constamment ce rôle clé de Tenzing, cette capacité d’organisateur, de médiateur et de grimpeur car, au bout du compte, il fera bien partie de l’équipée finale. Mais lequel des deux, Hillary ou lui, a été le premier au sommet : l’employé ou l’employeur ? La guerre des mots fait rage, à Londres, dans les mois qui suivent pour le déterminer. N’empêche, Tenzing y était et c’est son histoire, pas celle d’Hillary, que cet album a préféré mettre en valeur, ce que fait aussi, comme dans chaque album de la collection, le dossier final qui, photos et cartes à l’appui, donne encore mille détails sur cette épopée des neiges, une épopée que les couleurs de Jean-Baptiste Hostache rendent extraordinaire. Hostache est un dessinateur réaliste, assez sage pourrait-on dire, mais il sait rehausser son dessin de tons et d’effets particulièrement bien maîtrisés et sentis. Ses neiges et ses ciels sont impressionnants comme l’est sa lumière blanche des villages de la vallée du peuple sherpa.

 À propos de sommets, signalons un album très différent, « Sommets

d’Afrique », où six auteurs africains célèbrent, au fil d’histoires sérieuses ou humoristiques, aventurières ou politiques, sur scénarios de Christophe Cassiau-Haurie, quelques sommets : le Kilimandjaro, le mont Cameroun, le mont Hombori… Il y est quelquefois question de grimpeurs, mais pas seulement !

Alors, bons voyages ! …

Didier QUELLA-GUYOT  ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).http://bdzoom.com/author/didierqg/

« Tenzing sur le toit du monde avec Edmund Hillary » par Jean-Baptiste Hostache et Christian Clot

Éditions Glénat (14, 95 €) – ISBN : 978-2-7234-9360-4

« Sommets d’Afrique » Collectif

Éditions L’Harmattan BD (9,90 €) – ISBN : 978-2-00266-8

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