COMIC BOOK HEBDO n°89 (19/09/2009)

Cette semaine, 1985, de Mark Millar et Tommy Lee Edwards.


1985 : VISITEURS (Panini Comics, 100% Marvel).

Aahh… 1985… Ça nous rajeunit pas… Certains d’entre vous avaient peut-être l’âge du jeune héros de cette mini série parue l’année dernière chez Marvel et qui a débarqué cette année chez nous. Si c’est le cas, la mise en abîme et la madeleine de Proust que constitue cet ouvrage peut s’avérer particulièrement croustillante et jouissive. Ici, et malgré ce que pourront éructer ceux que la moindre astuce fait crier au génie, Millar est loin d’avoir trouvé une idée révolutionnaire (elle est même un thème classique apparu bien avant la bande dessinée, dans la littérature) : l’incursion de personnages imaginaires dans la réalité. Mais il a su exploiter cette idée simple avec brio, nous offrant un récit extrêmement plaisant à lire, avec juste ce qu’il faut d’humour, d’action et de second degré. Millar ne s’est pas perdu dans les private jokes à répétition, ni dans l’invention trop spectaculaire qui finit par désincarner le contexte exploré. Non, il a collé à l’univers Marvel avec tact, respect et simplicité, et c’est tant mieux. 1985, c’est l’histoire d’un gamin fan de comics Marvel qui – en 1985, vous l’aurez deviné – va tomber nez à nez avec les super-vilains de ses lectures, dans une maison abandonnée dans les bois : Fatalis, l’Homme-Taupe, Modok, Electro, le Vautour, j’en passe et des meilleurs. Et tout ce beau monde de papier maintenant bien réel commence à faire des siennes sur notre bonne vieille planète Terre : argh ! Re-argh : si les super-vilains pullulent, les super-héros, eux, sont aux abonnés absents. Alors qui va bien pouvoir contrer la menace, puisqu’il y aura même un certain dévoreur de planètes venu de l’espace au programme…

Heureusement, Millar a plus centré son récit sur la réalité que sur la confrontation super-héroïque, consacrant totalement l’histoire à Toby, le jeune héros de 1985. Les combats et la logique de la narration Marvel sont utilisés avec parsimonie et justesse, le scénariste se penchant avant tout sur les pensées et le vécu de cet amateur de comics. Il y a d’ailleurs quelques scènes assez réjouissantes où Toby, dans une boutique de comics, écoutent les propos divergents des deux vendeurs, dont l’un vitupère contre Marvel en défendant Love & Rockets ou Cerebus… L’interaction entre réalité et imaginaire va prendre d’autant plus de force avec ce genre de détails. Il est intéressant de constater que si Millar a posé comme postulat une invasion de notre réalité par des personnages imaginaires, il a aussi traité l’univers Marvel en y glissant bien plus de réalité que dans les comics. On verra ainsi que demander de l’aide – même pour des raisons gravissimes – à des super-héros ressemble presque à une démarche administrative, ces derniers ne répondant qu’aux missions qui seraient dans leur créneau, avec liste d’attente. Ce sont toutes ces petites choses qui font de 1985 une œuvre à la fois classique et décalée, juste et intéressante, que tout fan de Marvel se doit absolument de lire… Notons enfin que les dessins d’Edwards – parfois proches de la sensibilité de ceux de Greg Ruth, avec une utilisation du noir assez prononcée – donnent au récit une identité visuelle aussi réaliste qu’inquiétante, adéquation parfaite pour ce genre d’histoire… Amis lecteurs, faites attention : Magneto se cache peut-être dans votre penderie.

Cecil McKINLEY

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