« Cesare » T1 & T2 par Fuyumi Soryo

Que diriez-vous d’aller visiter l’Italie du XVe siècle ? De rencontrer la famille Borgia, mais également Christophe Colomb ou Léonard de Vinci. « Cesare », le manga de Fuyumi Soryo vous propose tout cela, et bien plus encore. Amateur d’histoires, de complots familiaux, politiques et œcuméniques, vous allez vous régaler, et peut-être même apprendre pas mal de choses.

Comme très souvent, lorsque les Japonais racontent la vie d’une figure historique, ce n’est pas elle le personnage principal. Le héros est souvent personnifié par quelqu’un de son entourage. Ici, Angelo, un jeune homme de condition modeste, est admis dans la prestigieuse université « La Sapienza ». Son grand-père était tailleur de pierre pour le célèbre Lorenzo de Médicis. Richissime et influent, il s’est pris d’affection pour cet artisan talentueux. Il a décidé d’offrir à son petit fils Angelo, l’opportunité d’avoir une bonne éducation et de côtoyer de futurs dirigeants italiens illustres. Angelo n’y connaît rien en matière de bienséance. Il ne côtoie pas les grands de ce monde, il ne sait pas comment s’adresser a eux et n’hésite pas à remettre en cause leur point de vue. Bien évidemment, ce manque de tact va le conduire à se faire pas mal d’ennemis, mais également quelques amitiés. Notamment Cesare Borjia qui voit, en lui, un fin philosophe et un garçon curieux du monde qui l’entoure : deux traits de caractère indispensables en politique.

Il est très intéressant de suivre le parcours d’un candide comme Angelo. Son questionnement permanent nous permet également à nous, lecteurs, de mieux appréhender la personnalité de ce Cesare. Ceci permet d’éviter les longues pages de textes historiques expliquant ou replaçant chaque événement dans son contexte. Léonard De Vinci ou Christophe Colomb font partie d’e cette galerie de personnages que l’histoire a retenus. Mais il faut bien avouer que la situation politique de l’Italie du quinzième siècle reste un mystère pour la plupart de nos contemporains. Fuyumi Soryo, l’artiste de ce manga n’est pas non plus une érudite du sujet. Afin d’éviter les erreurs flagrantes, elle s’est documentée auprès de Motoaki Hara, un universitaire japonais spécialiste de la littérature et de l’histoire italienne. Son aide a été précieuse, comme en témoigne la retranscription de leurs échanges en postface du second volume. Comme elle l’explique, un des pièges dans lesquels il aurait été facile de tomber, c’est de représenter la célèbre chapelle Sixtine telle qu’elle apparaît aujourd’hui. À cette époque, Michel Ange n’avait pas encore peint son fameux plafond. La photo n’existant pas, il a fallu se contenter d’écrits pour la représenter, aussi fidèlement que possible. C’est un travail titanesque, et c’est sûrement ce caractère authentique qui fait que cette série est recommandée par la chaîne Historia. Heureusement, l’autocollant qui atteste de ce partenariat est facilement détachable sans laisser de trace de colle sur la couverture !

Graphiquement, cela reste du shôjo manga. Les lecteurs allergiques à ce style risquent de ne pas y trouver leur compte. Les personnages principaux ont tous le style typique de ces illustrés destinés aux jeunes filles. Les personnages secondaires sont, pour leur part, beaucoup plus travaillés. Les Français ressemblent bien à l’image que nous pouvons avoir de nos ancêtres, un peu bourrus, la mâchoire carrée et les cheveux tirés vers l’arrière. Les Italiens sont soit bellâtre, soit joufflus, on les dirait tout droit sortis d’un tableau de Michel Ange. Bien évidemment, c’est l’esthétique globale qui prime. À ce niveau-là, nous sommes gâtés. Les costumes sont superbes et bien représentatifs de la période de la Renaissance. Chaque clan a le sien, ce qui les rend plus facilement identifiables. Les bâtiments sont minutieusement travaillés et souvent majestueux. Il est évident qu’une petite armée d’assistants s’est beaucoup documentée pour réaliser ce travail. Si les gros plans sont légion, les scènes d’ensemble nous renvoient clairement 500 ans en arrière, dans une Italie faite de paradoxes : un endroit où les plus riches côtoient la misère, sans s’en rendre forcément compte.

Pour le lancement de « Cesare », les éditions Ki-oon ont fait les choses en grand. Fuyumi Soryo était présente au Salon du livre de Paris (2013) accompagnée de son superviseur historique. Trois séances de dédicaces y ont été planifiées : une le samedi (13h30 – 15h) et une le dimanche (13h30 – 15h) au Salon même, et une autre le samedi (18h – 19h15) à la FNAC forum des halles. Et pour augmenter le côté collectionneur, ce sont deux ex-libris différents qui ont été remis aux amateurs de signatures : un visuel pour le Salon du livre, un autre pour la Fnac. Le stand de l’éditeur présentait une exposition sur « Cesare » avec planches et illustrations originales. Mais également, choses plus rares, crayonnées et étapes préparatoires d’une illustration couleur.

Ex-libris au tirage limité - À gauche, version FNAC (100 exemplaires) - À droite version Salon du livre de Paris (200 exemplaires)

Le premier tome nous apprend finalement peu de choses sur Cesare Borjia. Il faut lire le second pour arriver à mieux cerner le fond de l’intrigue qui lie ce personnage historique à l’Histoire italienne. Pourtant, nul besoin d’être un passionné des temps anciens pour apprécier ce qui, au final, n’est qu’une aventure sur fond de politique. Tout y est : coup bas, complots, meurtres, argent, pouvoir, etc. Dix volumes sont aujourd’hui parus en japonais, et la série est toujours en cours…

Gwenaël JACQUETt

« Cesare » par Fuyumi Soryo
Éditions Ki-oon (7,90 €) – ISBN : 978-2-35592-507-8

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