Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...« Silence » ! Comès est mort…
Didier Comès, le remarquable auteur des inoubliables « Silence » (Alfred du meilleur album au Festival d’Angoulême 1981, cette longue bande dessinée contemplative publiée dans le mensuel (Á suivre), en 1979, reste son œuvre la plus connue), « La Belette », « L’Arbre-Cœur » ou « Dix de der », est décédé dans la nuit du 6 mars, des suites d’une pneumonie, à l’âge de 70 ans.
De son vrai prénom Dieter Herman, ce dessinateur, connu pour être l’héritier spirituel d’Hugo Pratt, est né le 11 décembre 1942 à Sourbrodt, petit village germanophone situé près de Verviers, dans le sud-est de la Belgique. Très jeune, il s’intéresse au jazz et deviendra même percussionniste semi-professionnel. Par ailleurs, il commence à réaliser quelques dessins en amateur et sera aussi dessinateur industriel dans une première vie.
Comme il s’intéresse également à la bande dessinée, il démarre une carrière dans ce milieu en 1969, dans les pages jeunesse du quotidien Le Soir ; notamment avec les planches humoristiques de la série « Hermann » avec Paul Deliège. Il participe aussi à alimenter quelques pages de Spirou, en 1971, avec trois gags d’« Homard vigilant » puis, plus tard, en 1977, de son supplément Le Trombone illustré, avec « Les Zozos », « La Nef des fous » et « Les Durs ».
En 1972, on le retrouve au sommaire de l’hebdomadaire Pilote : d’abord avec des « Comèseries » et quelques « Actualités » pour la version belge, uniquement, puis avec Le Dieu vivant (en 1973), le premier épisode de la série de science-fiction onirique « Ergün l’errant » où il surprend en délaissant l’humour et la caricature ; le deuxième, Le Maître des Ténèbres, ne paraîtra qu’en 1980 dans le mensuel (Á suivre) des éditions Casterman.
Après « L’Ombre du corbeau » publié dans l’édition belge de Tintin en 1976, et en album aux éditions du Lombard (en 1971) – réédité tout récemment chez Casterman -, Comès abandonne la couleur pour la technique du noir et blanc et poursuivra le reste de son œuvre exigeante dans (À suivre) et chez Casterman : de « Silence » (1979) à « Dix de der » (2006), en passant par « La Belette » (1981), « Éva » (1984), « L’Arbre-Cœur » (1987), « Iris » (1990), « La Maison où rêvent les arbres » (1994) et « Les Larmes du tigre » (2000).
En janvier 2013, un hommage lui avait été rendu au festival d’Angoulême avec une très belle exposition d’originaux, après celle (plus conséquente) présentée au Musée des Beaux-Arts de Liège, l’année précédente.
Hélas un peu négligé par le grand public ces dernières années, Didier Comès est un créateur pourtant incontournable ! Il avait mis tout son talent graphique et son énergie au service de récits oniriques où la magie et la nature avaient un rôle primordial : c’est vraiment un auteur de grand talent et de premier plan qui nous a quittés…
Gilles RATIER
« C’est avant tout un ami avec lequel je n’ai jamais cessé de parler de ce métier, de la façon de raconter des histoires, de l’exigence du dessin, du noir et blanc mais aussi de nos inquiétudes et de nos rêves.
L’isolement qu’il a choisi dans ses Ardennes natales lui donne un regard si particulier, une telle authenticité sur le monde, une vraie profondeur qui fait du bien.
Je reste toujours ébloui devant la beauté de ses planches, la façon dont il traduit le mystère des forêts qui l’entourent. Il travaille le végétal comme un orfèvre ou un artiste japonais. Il donne à chaque arbre une âme, une vie intérieure qui transcendent ses histoires. Il a su travailler le mouvement des cadres et des plans comme un musicien, avec le sens rythmique du batteur qu’il a été.
Dernièrement, alors que je l’interrogeais sur la façon dont il arrivait à des noirs aussi profonds et aussi parfaits dans ses planches, il me disait avec un sourire en coin qu’il accumulait ses vieilles bouteilles d’encre comme ses bons crus. Avec le temps, leur densité lui permettait d’obtenir cette profondeur. Ce souci de perfection révélait ses qualités de grand artisan, de maître incontestable du noir et blanc.
J’ai rarement rencontré quelqu’un d’aussi cohérent par rapport à son œuvre. Il a vraiment tout donné dans ses livres. Il représente pour moi un point de repère autant humain qu’artistique. »
François Schuiten
Vos images oniriques et vos paysages dénudés si particuliers vont nous manquer,Mr COMES.Je suis resté sans voix après avoir lu votre magnifique » silence » et celui que vous laissez derrière vous est bien amer.Bravo et merci pour votre oeuvre. C. MONGET
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