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« En chemin elle rencontre… » T3 (Collectif)

08/02/2013
Par Didier Quella-Guyot

Voyage au cœur de la violence : voilà ce que dénoncent textes, dessins et bandes dessinées de la série d’ouvrages collectifs publiés par les éditions Des ronds dans l’O, avec le soutien d’Amnesty International France. Après un premier volume paru en 2009, puis un second en 2011, un troisième recueil (ce sera le dernier) revient sur ces sujets douloureux et insupportables…

Comme le rappelait la préface du tome 1 : « Les violences contre les femmes sont des atteintes à leurs droits fondamentaux. Elles sont la conséquence des discriminations qui perdurent depuis des siècles, tellement intégrées dans la culture, tellement intériorisées, qu’elles finissent par sembler « normales » à ceux et celles qui en sont les victimes ». En France, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint, 70 000 adolescentes de 10 à 18 ans sont menacées d’être mariées de force, entre 55 000 et 65 000 fillettes ou femmes sont mutilées ou risquent de l’être; chaque année dans le monde, 5 000 femmes sont tuées au nom de l’honneur, des centaines de milliers de femmes sont victimes de la traite en vue de la prostitution… On n’en finirait pas d’énoncer et de dénoncer la violence des coups, l’horreur des viols, les brimades, l’excision, le mariage forcé, la prostitution, les viols collectifs, les relations conflictuelles garçons / filles, les discriminations professionnelles, les violences psychologiques de toutes sortes, les insultes coutumières, les lapidations…

Voyage, disions-nous ? Oui, car ces violences sont de tout pays, de toute culture et de toute religion : Afrique, Asie, Amérique, Europe…. Pays riches, pays pauvres, monde urbain ou rural… La bêtise, essentiellement masculine, bien étayée par les croyances et les principes, les traditions et les habitudes, les lois et les versets, qu’elle a elle-même mis en place pour son confort et son pouvoir, n’en finit pas de maltraiter et de manipuler, d’asservir pour assouvir ! Sur la couverture du tome 1, Lepage proposait un visage de femme, rouge de confusion, les yeux fermés. Sur le tome 2, c’était des yeux ouverts, vifs, défiant le lecteur. Cestac, pour ce troisième volume, en fait une dame de cœur amusée face à un roi courroucé, tenant son sceptre-substitut avec moins de certitude qu’autrefois. Mais le combat des femmes – et celui des hommes qui aiment les femmes égales -, est loin d’être terminé car l’idéal du genre humain est de rassembler, d’accoupler, pas d’opposer, pas d’humilier, pas d’écraser.

« Les artistes se mobilisent contre la violence faite aux femmes » dit le sous-titre : ils sont de fait nombreux et non des moindres (Caza, Pécout, Follet, Geerts, Puchol, Lapière, Ferrandez, Beaunez… sans oublier les contributions de Marie Moinard) à enfoncer le clou. Par la variété des approches (dessins, BD, texte illustrés, textes de lois) et par la richesse des thèmes abordés, avec force, gravement, mais quelquefois avec humour, ces albums sont évidemment indispensables dans les établissements scolaires et toute bonne bibliothèque.