« Dans la forêt » par Lionel Richerand

La forêt est, dans les contes, un lieu hautement symbolique. L’on peut s’y perdre ou être perdu par d’autres, on peut y croiser le loup ou le prince, on peut y faire d’étranges rencontres, parler aux arbres et aux animaux, y traverser des territoires hostiles ou accueillants, et l’on y est aussi parfois victime des apparences. Un parcours dans les forêts des contes est initiatique, qu’il soit souhaité ou subit, et les personnages qui s’y aventurent en reviennent transformés à jamais.
Pour les lectrices et lecteurs, la forêt enchante, envoûte et fait peur tout à la fois.

C’est dans cette forêt que nous entraîne Lionel Richerand avec un album fantastique publié dans la collection Métamorphose, où il a absolument sa place.

 

Dans la forêt planche 1

Où  l’on fait tout d’abord, après un prologue singulier, la connaissance de la petite Anna. Elle vit avec sa mère à Wisteria Grow, un domaine à l’écart du monde, cerné par une nature luxuriante. Pour tromper sa solitude d’enfant unique, Anna vit entourée de poupées qui sont ses confidentes et ses amies. Dehors la chaleur est oppressante et Anna n’a pas le droit de sortir du manoir. Pourtant, elle le voudrait tant !

Dans la forêt page 7

L’arrivée d’un nouveau régisseur, l’antipathique Monsieur Ombrage, rompt un temps la monotonie de la vie quotidienne. D’emblée, Anna ne l’aime pas. La nuit suivante, Anna est réveillée par des cris de détresse. C’est Rose, sa poupée préférée qui l’appelle. Elle a disparu mystérieusement. Anna part à sa recherche et trouve devant le manoir la tête de Rose ainsi qu’une troupe de crapauds bruyants et bavards qui l’appellent « Princesse », lui réclament un baiser et l’entraînent au cœur de la forêt. Malgré sa peur, Anna avance. Elle veut retrouver Rose. Elle ignore où elle doit se rendre, ne comprend pas ce qui l’attend ni les propos sibyllins des batraciens.

Cette nuit si particulière, dans un environnement étrange, changera son destin à jamais. Elle rencontrera un enfant sauvage, un bestiaire fantastique et une sorcière qui lui révélera le secret de sa naissance. Anna devra alors choisir …

 

Dans la forêt page 20

D’emblée, on se doute que l’histoire prendra vite des chemins de traverse et nous immergera dans un univers à la fois envoûtant et parfois inquiétant. Et l’on se plonge vite avec quelques frissons dans cette atmosphère très particulière, aux tonalités sombres, aux jeux d’ombre et de lumière, et aux images soignées, délicates comme des miniatures. On s’accroche aux yeux clairs et ronds d’Anna qui avance sur un territoire non balisé.

Lionel Richerand joue avec brio avec les codes des contes et des récits fantastiques et convoque les grandes figures de cette littérature en décalant leur emploi.

La bande dessinée est prolongée par un bestiaire illustré et commenté à la manière des planches naturalistes, dans lequel le lecteur pourra retrouver la faune et la flore évoquées dans l’histoire.

Dans la forêt page 92

Tout cela est fort maîtrisé et de haute tenue.

Lionel Richerand a réalisé plusieurs films d’animation entre 2003 et 2004 : « La Peur du loup » puis « Les Grabonautes ». En 2006, il participe au long métrage « Renaissance » de Christian Volckman.

Il est également le dessinateur de deux albums : « Petit conte léguminesque », chez Akileos en 2007 (scénario d’Éric Sannier), puis « L’Étrange réveillon », chez Grasset jeunesse en 2012 (scénario de Bertrand Santini).

« Dans la forêt » par Lionel Richerand

Catherine GENTILE

Éditions Soleil (17,95 €) – ISBN 978 2 302 02353 68

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