PLUS DE LECTURES BD DU 27 AVRIL 2009

Notre sélection de la semaine : ? Jeronimus T.2 : Naufrage ? par Jean-Denis Pendanx et Christophe Dabitch, ? Paris-New York New York-Paris ? par Raphaël Drommelschlager, et ? Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë T.1 ? par Edith et Yann.

? Jeronimus T.2 : Naufrage ? par Jean-Denis Pendanx et Christophe Dabitch – Editions Futuropolis (18 Euros)

Voici donc la deuxième partie de ce très beau et ambitieux triptyque historique qui nous raconte l’histoire d’un homme qui fuit son passé : un apothicaire aisé ayant abandonné épouse et amis, à la suite du décès de son fils étrangement atteint par la syphilis peu après sa naissance, et qui prend la mer pour la longue route des épices d’Amsterdam à l’île de Java. Cet homme meurtri, fascinant, et plutôt sympathique à priori, va complètement se métamorphoser, devenant un monstre absolu… Croisant les approches historiques et philosophiques qui se sont fait jour sur cette histoire de naufrage du Batavia, un trois-mâts de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales dont les survivants, isolés, ont élaboré un modèle original mais horrifiant de micro société totalitaire, le couple Pendanx/Dabitch nous propose une nouvelle destinée hors du commun, qui est bien plus qu’un simple récit de mer ou qu’une aventure de pirates. Très documenté et traité sur un ton assez décalé, le scénario prend toujours son temps : ceci nous permet d’admirer, sous toutes les coutures, le travail de Jean-Denis Pendanx lequel est peut-être encore plus magnifique que sur le premier tome : ses planches, superbement colorisées, reconstituant finement les décors et costumes du XVIIe siècle, chaque dessin tirant vers la peinture et rendant hommage aux maîtres flamands du XVIIème siècle. Vivement la suite (et la fin), annoncée pour janvier 2010 !

? Paris-New York New York-Paris ? par Raphaël Drommelschlager – Editions Casterman (16 Euros)

Bon, soyons honnêtes, les précédents travaux tendance fantastique (« Les Voyages de Kaël ») ou de fantasy (« Les 4 princes de Ganahan ») de Raphaël Drommelschlager ne nous avaient guère convaincus. C’est donc avec une certaine appréhension que nous avons ouvert cet étonnant thriller en bichromie… : une pour chacun des points de vue exprimés par les différents protagonistes, l’une en bleu, l’autre en orange et la troisième en vert, le tout traité graphiquement avec un style tendance « ligne claire » plutôt bien maîtrisé. Du coup, d’emblée, les premières pages de ce très riche scénario, qui va nous entraîner dans un suspense multipliant les fausses pistes et les rebondissements, font mouche ! Un jeune chef d’une grosse entreprise apprend qu’il va mourir et décide de régler ses comptes amoureux avant de disparaître. Grâce à l’aide de son collaborateur le plus proche, il va se réconcilier avec son frère avec lequel il s’est disputé pour tenter de renouer avec la seule femme qu’il n’ait jamais aimée mais qui se refuse à tout contact avec lui. A travers les visions de ces trois personnages, le drame annoncé donne bien du fil à retordre aux lecteurs qui ne pourront s’empêcher d’imaginer les fins possibles avant d’être mis devant le fait accompli prévu par l’auteur. De la belle narration graphique, comme on aimerait en lire plus souvent…

? Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë T.1 ? par Edith et Yann – Editions Delcourt (9,95 Euros)

Parmi la profusion d’adaptations littéraires en bandes dessinées, il faut bien reconnaître que la collection « Ex-libris » des éditions Delcourt (dirigée par le scénariste Jean-David Morvan), laquelle est d’ailleurs un peu à l’origine de cette mode « bédéesque » du retour aux grands textes classiques, est certainement ce qui ce fait de mieux dans le genre ; ceci grâce à un concept éditorial assez pédagogique qui consiste, avant tout, à défendre des histoires que les auteurs apprécient vraiment : d’ailleurs, dans la plupart des cas, ce sont eux qui choissent les romans qu’ils mettent en cases. Rien d’étonnant, alors, que les auteurs des très Victoriens (et trop méconnus) orphelins londoniens « Basil & Victoria » aient jeté leur dévolu sur cet incontournable de la littérature anglaise écrit par Emily Brontë (qui fut publié en 1847, juste avant son décès l’année suivante), confirmant ainsi leur attrait pour la culture britannique ! Le crayon acéré d’Edith y fait merveille : croquant des personnages aux trognes savoureuses qui évoluent sur les landes balayées par les vents du nord des hauteurs de Gimmerton, au lieu-dit « Wuthering Heights » : des ambiances colorées dans des tons bleu-nuit, un peu comme dans les peintures du paysagiste anglais William Turner. Quant à la narration, très fluide, due au prolifique Yann (« Les innommables », « Les éternels », « Pin-Up », etc.), elle est significative du style romantique que ce dernier exploite sous le pseudonyme de Balac (« Sambre » ou « Le Sang des Porphyres »). Mais l’incorrigible scénariste n’a pas pu s’empêcher de rajouter un petit fond caustique et cruel : et c’est ce qui fait, justement, l’originalité de ce bel ouvrage qui nous raconte le destin tragique de cette famille prise dans les tourments violents de la passion et de la vengeance !

Gilles RATIER

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