« Virtus » T4 par Hideo Shinanogawa et Gibbon

Avec « Thermæ Romæ », le sujet de la Rome antique est revenu sur le devant de la scène manga. Avec « Virtus », c’est le péplum qui est remis au goût du jour. Amateur de combat sanguinaire, cette série en cinq volumes est taillée pour vous. C’est un monde ou les plus faibles ont une mort rapide et peu glorieuse. Le règne de l’empereur Commode, en 185 après J.-C., fut court, pourtant, c’est son caractère insouciant et barbare qui a attiré les auteurs de ce manga…

Rome court à sa ruine à cause de la folie sanguinaire de son empereur, Commode. Il se soucie plus de donner des divertissements à son peuple qu’à régner sur son empire. Son plaisir : tuer, de manière violente, les gladiateurs perdants ou n’ayant pas su le distraire à sa guise. Certains sénateurs, comprenant la situation, cherchent à renverser le pouvoir. Pour cela, ils doivent trouver une personne ayant le « Virtus » en lui : une sorte d’esprit chevaleresque, ou l’équivalent de la voie du Bushido au Japon. Cette personne doit être d’une force considérable, mais également savoir maîtriser ses pulsions afin de contrôler le combat, sans sacrifier de vie inutilement. Cette personne existe à notre époque, il s’agit de Takeru Narumia : un ancien champion de judo qui purge actuellement une peine de prison pour avoir tué son père. Avec ses codétenus et certains gardiens, il va se retrouver projeté dans la Rome antique, afin de devenir gladiateur pour le plus grand plaisir de Commode.

Ce voyage dans le temps est brièvement expliqué par la présence d’une vieille sorcière usant de sa magie. Le sujet de l’histoire consiste surtout à amener, dans l’arène romaine, une personne maîtrisant les arts martiaux et offrant, de ce fait, une nouvelle sorte d’attraction pour l’empereur. Durant quatre volumes, ces ex-détenus vont recevoir un entraînement pour devenir gladiateurs. Envoyé sur une île au milieu de l’océan, ils ne peuvent s’enfuir et leur première épreuve consistera à s’affronter, les uns envers les autres, afin de réduire l’effectif de moitié ; et donc de ne garder que les meilleurs combattants. Bien évidemment, au milieu de ce lot de racailles sanguinaires, il y a un jeune homme, Kamio, qui est un couard fini et, surtout, un faible ayant besoin d’être en permanence secouru. Dans ce quatrième volume, il se prend enfin en main et change petit à petit de personnalité. C’est également dans ce volume que le complot pour assassiner l’empereur devient concret : ce tome ne se focalisant pas, exclusivement, sur les combats à mort, la politique y est omniprésente.

« Virtus » est loin du manga gentil ou le bien triomphe du mal. Ici, le bien est souvent synonyme de mal et les représentants du mal, en l’occurrence les détenus, peuvent facilement se montrer solidaires. Tout est mélangé pour offrir au lecteur une succession de combats sanglants. Cet enchaînement d’affrontement est parfaitement réglé. Entre deux prises, un protagoniste externe donne quelques explications bienvenues, alors que les assaillants se détruisent devant nos yeux. Les coups sont durs, le dessin de Hideo Shinanogawa montre bien cette violence. Les impacts sont explicites, la mort n’est pas éludée et les souffrances palpables.

Même si chaque volume n’est plus ou moins qu’une suite d’affrontements et d’entraînements, la mise en scène et la succession des plans sont bien calculés pour que le lecteur prenne du plaisir à lire cette histoire, somme toute, assez simple : le complot n’étant là que pour donner un but à l’aventure de nos héros perdus dans cette antiquité inhospitalière.

La série est assez courte avec seulement cinq volumes. De quoi contenter les amateurs de récits violents sortant du sempiternel combat du bien contre le mal ou des affrontements de lycéens dans un jeu de massacre macabre. Ici, la transposition de l’action dans un univers ancien et loin de la civilisation actuelle aide à faire passer cette débauche de violence et de sang qui gicle. Ce manga n’est clairement pas à mettre dans les mains des personnes sensibles. De toute façon, le sujet ne les attirera pas…

Gwenaël JACQUET

« Virtus » T4 par Hideo Shinanogawa et Gibbon
Éditions Ki-oon (7,65 €) – ISBN : 978-2-35592-485-9

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