COMIC BOOK HEBDO n°67 (28/03/2009)

Cette semaine : EX MACHINA et TERRA OBSCURA: Houlala!!!

EX MACHINA vol.5 (Panini Comics, 100% Wildstorm)

Chaque nouvelle parution d’un volume d’Ex Machina est toujours un réel moment de bonheur pour tous les accros à cette série vraiment géniale, nous permettant de savoir comment s’en sort Mister Hundred. On ne va pas tout reprendre depuis le début, mais rappelons quand même que le contexte créé par Brian K. Vaughan dans cette œuvre est tout simplement passionnant, intelligent, gonflé, engendrant des réflexions pertinentes sur les valeurs et le fonctionnement de nos sociétés actuelles. Mitchell Hundred a le pouvoir de parler et commander aux machines. Jadis, il œuvra en tant que super-héros sous le nom d’Illustre Machine, mais ce parcours fut plus catastrophique qu’autre chose, jusqu’à ce que – dans cette réalité parallèle – il empêche l’une des deux tours du World Trade Center de s’écrouler le 11 septembre 2001. Depuis, Hundred a délaissé son costume archaïque de super-héros pour se consacrer à la politique, devenant maire de New York. C’est cet itinéraire politique que nous raconte Ex Machina, n’hésitant pas à soulever des problèmes épineux creusant de l’intérieur les réflexions et décisions qui se font et se défont selon les valeurs de chacun, les aléas, la volonté et le hasard. Une bien belle leçon de relativisation, convenons-en. Tout ça est proprement passionnant, excitant, intrigant, qui plus est superbement mis en images par Tony Harris qui semble vraiment s’éclater et faire corps avec cette œuvre dans une grande implication graphique. Bref, si vous ne connaissez pas encore cette série, je vous conseille avec emphase de vous pencher urgemment dessus, de franchir le pas illico presto et de découvrir avec frénésie cette œuvre brillante ne ressemblant à aucune autre.

Dans ce nouvel opus reprenant les épisodes 21 à 25 parus en 2006 et 2007, Hundred a encore fort à faire pour gérer les problèmes inhérents à sa fonction – et même plus. Dans une narration à la temporalité alternée et parallèle chère à Vaughan sur cette série, nous voyons comment Hundred réagit face à l’épineux sujet de la drogue. En 2001, l’Illustre Machine traquait un vulgaire dealer d’herbe comme un criminel de sang ; deux ans plus tard, le voici qui entend bien revoir la loi sur les stupéfiants afin de ne pas surcharger les efforts de police et de désengorger les tribunaux, sans parler des frais engendrés, pour des histoires de pétards alors qu’il y a tant à faire en matière de criminalité. Que Hundred ait même avoué avoir déjà tiré sur un joint risque de mettre… le feu aux poudres et d’entamer sa respectabilité auprès de l’opinion publique, chose dont il se passerait bien alors qu’une femme s’est immolée sur les marches de la mairie et qu’un faux pompier accumule les meurtres. Notre héros a du mouron à se faire, sans parler de son équipe qui le soutient autant qu’elle le remet face à ses responsabilités, quitte à le bousculer. Et là aussi les choses vont s’avérer plus compliquées que prévu, car Dave et Candy sont rejoints par January, la sœur de la regrettée Journal, qui dit vouloir continuer le combat de cette dernière en travaillant aux côtés de Hundred. Mais cela ne cache-t-il pas autre chose ? Vous serez certainement estomaqués d’apprendre ce qui se trame et qui est derrière tout ça… Vraiment l’une des séries les plus intéressantes du moment.

TOM STRONG PRÉSENTE TERRA OBSCURA (Panini Comics, 100% ABC)

Vous vous souvenez ? C’était dans Tom Strong # 11, édité en 2007 par Panini dans le volume 3 de la série. On y apprenait que le héros éponyme avait découvert une Terre parallèle quelque part dans l’univers. L’histoire de cette Terra Obscura est pratiquement identique à celle de Strong, avec toutefois quelques différences notoires qui vont apporter du grain à moudre à notre beau héros costaud. Il y rencontrera une version survitaminée de lui-même sous les traits de Tom Strange, ainsi que les membres de la SMASH (Société des Meilleurs Américains Super-Héros), une équipe de justiciers aux pouvoirs extraordinaires. Après le départ de Tom Strong pour sa planète, cette Terre « obscure » subit une invasion extra-terrestre ayant comme entre autres conséquences l’animation suspendue dans laquelle ont été placés les super-héros survivants, et ce pour une période de 30 ans. « Revenus à la vie » depuis, les héros de la SMASH doivent maintenant se réadapter à un monde qui a évolué sans eux, devant aussi compter sans Tom Strange qui est toujours porté disparu. Lorsque débute cet album, trois années se sont écoulées depuis le réveil des héros. La Terreur maintient l’ordre d’une main de fer à Invertica. Carol Carter et Diana Adams reprennent contact, et petit à petit les liens se tissent à nouveau. Mais deux événements dramatiques vont venir secouer ses retrouvailles. Lance Lewis, le détective partenaire de l’Aimant, a été décimé par un « rayon cosmique » en plein désert. L’Aimant va mener l’enquête, bientôt accompagné par d’autres super-héros car cette mort violente est peut-être en relation avec une horrible menace qui semble mettre l’humanité en danger : à certains endroits, une force extérieure semble saper toutes les énergies, anéantissant le pouvoir de la technologie humaine et risquant de replonger nos sociétés dans un archaïsme primaire. Quelle sera l’issue de tout ce tintouin cosmique ? Suspense !

N’en déplaise à certains, voilà déjà trois semaines d’affilée qu’Alan Moore hante cette chronique de sa barbe olympienne, et c’est tant mieux. En effet, au fur et à mesure que l’œuvre de cet immense auteur est publiée en France, on ne peut que rester baba et enthousiaste devant le talent, l’intelligence et l’inventivité du grand Moore. Tom Strong n’échappe pas à la règle, et ce spin-off – même si l’on peut préférer la série mère – est un sacré bon moment de lecture qui bouscule avec hardiesse et malice les bons vieux poncifs de bande dessinée de science-fiction et d’aventure. Ici, comme d’habitude chez Moore, les super-héros ont des complexes, des états d’âme, une sexualité, un humour limite et des aspirations décalées. Tout le petit monde de Terra Obscura est mis en scène de manière intime au sein d’un contexte résolument grand spectacle, faisant se chevaucher l’introspection et les combats cosmiques dans un second degré frisant l’hommage aux anciens nanars de SF sur un ton entendu. On appréciera les dessins de Yannick Paquette – à la fois puissants et glamours, encrés par Karl Story – qui collent à merveille au propos, assez proches de l’esthétique de Chris Sprouse pour établir un lien graphique entre Tom Strong et cette aventure. Jeromy Cox, quant à lui, a réalisé là de bien belles mises en couleurs, harmonisant l’ensemble avec talent. Un album cohérent, homogène, jouissif et subtil dans son délire, qui se boit comme du petit lait mais qui rendrait follement métaphysique plus d’un chaton ! Je vous souhaite une très bonne lecture…

Cecil McKINLEY

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