Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...PLUS DE LECTURES BD du 9 mars 2009
Notre sélection de la semaine : ? Le Dernier templier T.1 : L’Encodeur ? par Miguel Lalor [d'après Raymond Khoury], ? Animal’Z ? par Enki Bilal, et ? L’Impertinence d’un été T.1 ? par Ruben Pellejero et Denis Lapière.
? Le Dernier templier T.1 : L’Encodeur ? par Miguel Lalor d’après Raymond Khoury – Editions Dargaud (10,40 Euros)
Évidemment, vous allez tout de suite penser au « Triangle secret » ou au « Da Vinci Code » et cette mode du polar ésotérique commence peut-être à vous énerver : d’autant plus qu’il s’agit ici de l’adaptation d’un roman à gros succès du libanais francophone Raymond Khoury, paru en 2006 aux Presses de la cité. Mais ne partez pas tout de suite si vous aimez les bons romans d’aventure à la narration haletante : laisser vous plutôt convaincre par cette mise en bandes dessinées, d’un récit plutôt efficace et bien documenté, réalisée par Miguel Lalor ; lequel n’est autre que Miguel Imbiriba, l’excellent dessinateur de la non moins passionnante trilogie « Mykros » (un scénario passé trop inaperçu, à mon humble avis, et qui était signé Jean-Charles Kraehn !). L’histoire commence avec cinq pages d’introduction historique qui nous font revenir à Acres, en 1291, alors que les Chrétiens sont en train de perdre la terre sainte prise d’assaut par les sarrasins et que quelques templiers échappent au massacre en tentant de préserver un objet extrêmement rare. Nous nous retrouvons ensuite à New York, de nos jours, lors de la cérémonie d’ouverture d’une exposition des trésors provenant des caves du Vatican, au Musée Métropolitain d’art moderne. Quatre chevaliers portant le signe des templiers entrent alors à cheval, dans un grand fracas de vitrines brisées, et volent une série d’objets précieux dont cette machine un peu spéciale que l’on nomme l’encodeur. La jolie et compétente archéologue Tess Chaykin, présente au moment de ce raid sanglant, a entendu l’un des cavaliers prononcer des paroles latines alors qu’il se saisissait de l’objet : elle va alors collaborer avec un charmant agent du F.B.I. pour enquêter sur cette palpitante chasse au trésor…
? Animal’Z ? par Enki Bilal – Editions Casterman (18 Euros)
Un nouveau Bilal ? Á peine deux ans après le dernier volume de sa tétralogie crépusculaire du « Sommeil du monstre » ? Eh oui, et en plus c’est du beau et du bon Bilal ! Encore plus poétique et toujours aussi politique (il s’agit ici d’un puzzle intriguant construit autour des inquiétudes de l’auteur sur l’avenir écologique de la planète), ce « one-shot » pourrait même être un tournant dans l’œuvre de ce génial créateur car plus serein, et peut-être plus limpide, que ces précédents travaux : une impression confortée par sa nouvelle approche graphique, axée sur la simplicité d’un dessin puissant, souvent en noir et blanc sur un fond aux tons gris-bleu-vert, qui va également dans ce sens ! Dans un futur où la Terre a été dévastée par un dérèglement climatique brutal, la préoccupation première de ceux qui ont survécu est la recherche d’eau douce dans ce monde désorganisé. A bord de navires avançant lentement dans le brouillard qui recouvre ce qui reste de la Méditerranée, des êtres hybrides (des hommes qui se métamorphosent en dauphins) et des petits robots fatigués, à l’allure d’animaux, cherchent à atteindre l’un de ces passages vers un détroit où l’on pourrait encore réussir à vivre en dépit du cataclysme… Cette poignée de survivants, en route pour la terre promise, progresse à l’aveugle, prête à affronter les dangers et les folies d’un monde qui est en train de disparaître…
? L’Impertinence d’un été T.1 ? par Ruben Pellejero et Denis Lapière – (Editions Dupuis (14,50 Euros)
Nous sommes à Mexico, au début des années 1920, alors que les peintres populaires que sont les « muralistes » s’emparent des rues de la capitale et des bâtiments publics : l’expression rimant ici avec révolution. Tina Modotti, à la fois fille d’émigrés italiens et femme moderne aussi libre qu’engagée, vit une histoire d’amour pleine de passion, en marge de cette situation politique au bord de l’implosion, avec Edward Weston, un célèbre photographe américain qui vient d’abandonner femme et enfants pour la rejoindre. Vingt ans plus tard, cette militante communiste, devenue également, entre-temps, une photographe de renom, est retrouvée morte à l’arrière d’un taxi. Son ami Théo, personnage fictif, retourne sur les lieux du drame et se remémore les années passées avec ces guérilleros de l’art. Cette première partie d’un diptyque qui nous raconte une histoire d’amour torride, authentique et complexe, scénarisée avec émotion par Denis Lapière, est plutôt un album d’exposition des faits à venir : d’ailleurs, les auteurs prennent leur temps pour installer l’ambiance transcendée par les superbes planches de l’espagnol Ruben Pellejero aux couleurs franches et chaudes qui traduisent parfaitement la chaleur de l’été mexicain.
Gilles RATIER
Hello Gilles,
J’ai lu ta critique sur « Le Dernier Templier » tome 1 « l’Encodeur », toujours bien analysé comme à ton habitude, là n’est pas le propos qui m’améne ici. En effet, sans arguer de rien, des choses doivent VRAIMENT se « balader » dans l’air ! c’est très curieux effectivement, comme les choses se ressemblent… j’ai publié dans ma petite structure TARTAMUDO en fin novembre dernier, un ouvrage qui commence quasi exactement de la même manière dans sa construction, sa narration et dans son sujet… lequel sujet part dans une autre direction après, pour l’album que tu chroniques. Donc, il s’intitule « Le Miroir des Templiers » tome 1 « New Paris », c’est à dire que les 5 premières pages se passent en 1307 près de Carnac, avec quatre Templiers accompagnés de leur chef et de leur écuyer qui rejoignent leur commanderie. A la 6e page nous entrons de plein pied dans le Paris de 2099 avec ces quatre Templiers plus leur chef qui ont traversés le temps !.. incroyable n’est-il pas ? je n’insinue strictement rien, bien sûr et c’est sincère… mais c’est fou comment des sujets peuvent se rejoindre dans leur actualité ! vraiment étrange, là c’est l’éditeur, qui marque un temps d’hésitation, qui se parle et qui se pose des questions sur les prochaines BD à sortir qu’il a dans ses cartons !^^ (sourire)
Amitiés à toi et encore mes félicitations pour ton excellent boulot (one more times, Sam ! and one scocht, one bourbon, one beer etc…^^)
José el http://www.tartamudo.com