Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Mourierama : Jean-Louis Mourier – art of »
On ne naît pas artiste, on le devient… Qu’il soit acquis ou inné, il est sûr que certains semblent être tombés dans le tonneau du talent relativement tôt. Ainsi en est-il de Jean-Louis Mourier, né à Paris en 1962 et devenu au fil des années (en compagnie du provençal et prolifique Christophe Arleston), l’un des piliers des éditions Soleil. De ses débuts comme illustrateurs jusqu’à ses séries « Les Feux d’Askell » ou « Trolls de Troy », c’est sous le signe de la rétrospective que se place l’ouvrage intitulé « Mourierama », soit une véritable galerie d’art, un « artbook » à l’anglo-saxonne où éclate le grand talent de ce dessinateur.
Ce n’est un secret pour personne que de citer les diverses inspirations de Mourier : outre les toiles marines de Jean-Louis Paguenaud ornant les murs de son enfance, l’homme aura appris en ce fascinant successivement pour le trait d’André Cheret (« Rahan »), les dessins de Victor de la Fuente (« L’Histoire de France en bande dessinée ») et ceux des américains Bernie Wrightson (co-créateur de la… « Créature du marais ») et Richard Corben (pilier du magazine Heavy Metal). Étudiant aux Arts appliqués (École Olivier-de-Serres) en 1979 et illustrateur dans le domaine du jeu de rôle pour le mensuel Casus Belli dans la seconde moitié des années 1990, Mourier sait aujourd’hui tout faire : recherches et crayonnés, encrages et gouaches, aquarelles et usages de la palette graphique !
Outre de magnifiques illustrations oscillant entre humour et érotisme soft, les 104 pages du « Mourierama » révèlent essentiellement aux amateurs de belles images que la bande dessinée, aussi parodique soit-elle, ne saurait véritablement être comprise dans une vaste culture artistique. De Léonard de Vinci à Klimt, de Georges de La Tour à Géricault ou Modigliani, Mourier pastiche mais demeure, lui, inimitable… Mais qui douterait encore de celui qui a reçu le Grand prix du festival Quai des Bulles de Saint-Malo en 2007 et le Prix Albert Uderzo (Sanglier du Meilleur Dessin) à Paris, également en 2007.
Philippe Tomblaine
« Mourierama : Jean-Louis Mourier art of »
Éditions Soleil Production (29, 95 €) – ISBN : 978-2-302-02434-2