PLUS DE LECTURES BD Р9 f̩vrier 2009

? Asthénie T.1 ? par Roland Pignault et Joël Callède, ? Le Fils de l’ogre ? par Gregory Mardon, et ? Légendes de Troy : Tykko des sables T.1 : Les Chevaucheurs des vents ? par Nicolas Kéramidas, Christophe Arleston et Melanÿn.

? Asthénie T.1 ? par Roland Pignault et Joël Callède – Editions Dupuis (13,50 Euros)

Un brillant et jeune avocat est atteint d’asthénie : il n’arrive plus à dormir, tellement il est fatigué ! Comme ces insomnies durent depuis des semaines, cela a des conséquences assez graves sur sa vie professionnelle et amoureuse. Pour tenir le coup, il ingurgite médicaments et alcools…, sans résultats. Jusqu’au jour où il recourt à un neurologue réputé, mais assez mystérieux, qui le traite à coups de décharges électriques dans le cerveau. Le sommeil revient enfin, mais pour des périodes de plus en plus longues qui sont suivies de visions d’horreur au réveil… On vous l’a déjà dit, Joël Callède est un bon ! Ce scénariste qui accumule les thrillers passionnants (« Haute sécurité » dont le 4ème opus sort simultanément, « Tatanka », « Damoclés », « Les Enchainés », « Dans la nuit », « Comptine d’Halloween »…) réussit à jouer habilement, encore une fois, avec nos nerfs : en nous proposant une nouvelle série palpitante, fort bien rythmée et dialoguée ! Même si le dessin hachuré, assez photographique et un peu froid, de Roland Pignault (« Arcanes », « Pandora Box »…) peut rebuter certains lecteurs allergiques au style comics, le tout vous fera passer un excellent moment : mais évitez de lire cet album le soir en vous couchant, vous risqueriez d’avoir, vous aussi, peur de vous endormir !

? Le Fils de l’ogre ? par Gregory Mardon – Editions Futuropolis (15 Euros)

Quand les représentants de la « nouvelle BD » s’attaquent aux légendes du Moyen Âge, c’est plutôt dans le but de parodier cet univers propice aux aventures fantastiques. Pourtant, certains réussissent à réutiliser le meilleur des récits de chevalerie tout en proposant une vision originale et légèrement décalée, à l’instar de l’excellent « Messire Guillaume » de Matthieu Bonhomme et Gwen de Bonneval (le 3ème tome vient juste, d’ailleurs, de fleurir les devantures de nos librairies !). C’est aussi le cas pour Grégory Mardon (auteur connu surtout pour ses récits intimistes comme « Vague à l’âme », « Corps à corps » ou « Leçon de choses ») qui renoue avec les mythologies et l’imagerie qui ont bercé son enfance, commençant cette surprenante bande historique en noir et blanc comme un naïf conte pour enfants : même si les pendus de la première page nous préviennent que cela ne va pas durer… Nous y faisons la connaissance du cruel fils d’une vendeuse de tissus, fasciné par le travail malsain d’un bourreau, lequel est passé maître dans l’art de la décapitation sur la place publique. Ce jeune homme, âgé seulement de 13 ans, se met à espionner son idole et découvre que ce dernier a une liaison avec la reine. Ironie et psychologie prennent alors le dessus sur les drames exposés : le trait simple et efficace de Grégory Mardon, qui lorgne alors sur l’expressionnisme allemand, s’adaptant parfaitement à la noirceur de cette chanson de geste tragique !

? Légendes de Troy : Tykko des sables T.1 : Les Chevaucheurs des vents ? par Nicolas Kéramidas, Christophe Arleston et Melanÿn – Editions Soleil (12,90 Euros)

Le scénariste de « Lanfeust » propose un nouveau « spin-off » du monde de Troy, où les récits sont axés sur un personnage distinct : chaque histoire (en un, deux ou troy tomes, comme c’est le cas ici) étant co-scénarisée par la talentueuse et minutieuse, mais néanmoins charmante, Melanÿn, et dessinée par différents illustrateurs de renom. C’est Nicolas Kéramidas (le papa de « Luuna ») qui ouvre le bal avant les prestations futures de Dany, d’Eric Hérenguel, d’Olivier Vatine et peut-être de Jean Giraud. Dans une ambiance de caravane orientale, ce mélo aventureux (rassurez-vous, il y a la dose minimum d’humour, de combats et de courses hallucinantes style « Star Wars » épisode I) se déroule à une époque où la magie est encore à un niveau assez bas. Pour pouvoir utiliser ses pouvoirs, il faut toucher physiquement un sage qui sert de relais et qui facture chaque seconde tactile de façon éhontée. Un miséreux et jeune garçon, ramasseur de brouze (de bouse, si vous préférez), rêve de gloire alors qu’il n’a pas un rond pour payer la guérison de sa mère : cependant, il découvre qu’il a le don de pouvoir parler aux morts… Le récit, un peu plus sombre et mélancolique que les autres bandes qui se déroulent dans le monde de Troy (mais ce n’est pas trop triste, quand même…) devrait ravir les plus jeunes d’entre nous : l’action et les dialogues fusant de toutes parts… Quand au trait de Nicolas Kéramidas, s’il est toujours brillant dans son genre (son style étant très influencé par sa formation dans le dessin d’animation), il se révèle légèrement moins esthétisant mais complètement adapté à cette narration assez dense, mise en valeur par les couleurs chaudes de Bruno Garcia (alias le dessinateur Nob, le papa de « Mamette »).

Gilles RATIER

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