LE FAUVE EST HEUREUX !

De l’avis de tous les observateurs, le 36ème Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême fut une incontestable réussite. Une bouffée d’oxygène dans une période si difficile.

« La BD ne connait pas la crise ! ». Telle était souvent la conclusion de nombreux confrères à la lecture du rapport annuel de Gilles Ratier : http://bdzoom.com/spip.php?article3675. Force est de constater la justesse de cette maxime appliquée commercialement et artistiquement au Festival d’Angoulême qui a fermé ses portes dimanche. Ceci au vu, d’une part, des ventes réalisées (les éditeurs parlaient d’une hausse moyenne de 10% de leur chiffre d’affaires par rapport à 2008) , mais aussi, d’autre part, de la programmation de qualité proposée à un public toujours plus nombreux à participer à l’événement, l’ensemble s’étant déroulé dans la joie et la bonne humeur. Ajoutez une pincée de soleil et un zeste de grandes fêtes (Glénat, Fluide Glacial, Soleil, Groland, …) et vous obtiendrez la recette du cocktail gagnant de ce cru 2009. Le Fauve (la mascotte du Festival) a donc toutes les raisons d’être heureux.

Point d’apothéose de cette brillante 36ème édition, la cérémonie de remises des Prix, qui se déroula cette année dans l’après midi du dimanche, et au cours de laquelle un hommage très émouvant fut rendu à Claude Moliterni par ses deux anciens complices et amis, cofondateurs du Festival, Jean Mardikian et Francis Groux, récompensa doublement Blutch, d’abord par un Prix « Essentiel » pour « Le Petit Christian 2 » puis par le prestigieux Grand Prix de la ville d’Angoulême.

Dans sa version 2009, le jury du Festival d’Angoulême a nettement souhaité porter ses votes vers une certaine exigence artistique notoire, tout du moins signalée par les critiques, voire pour la plupart appréciée du public. En témoigne « L’essentiel » attribué à Emile Bravo pour son « Spirou, le journal d’un ingénu » (Dupuis), déjà très récompensé (par le Prix des Libraires et le Prix RTL notamment) et celui attribué au « Tamara Drewe » de Posy Simmonds (Denoël Graphic, Grand Prix de la critique 2009). Les autres « Essentiels » ont récompensé « Lulu femme nue » du déjà reconnu Etienne Davodeau et « Martha Jane Cannary », de Blanchin et Perrissin (les deux titres chez Futuropolis), qui figurait déjà dans les 20 indispensables de l’ACBD en juin dernier et dans les 5 « finalistes » du Grand Prix de la critique.

Reste, last but not least, Winshluss et son « Pinocchio », édité aux Requins Marteaux, un ouvrage encore peu récompensé car sorti en toute fin d’année mais salué depuis par l’ensemble de la critique. Le jury en a fait son « Fauve d’or » ou « Prix du meilleur album », un choix judicieux pour éclairer un titre peut-être plus difficile d’accès que les précédents et dont la cherté pourrait décourager les amateurs. Rappelons quand même que l’auteur n’est pas inconnu du grand public, puisque Vincent Paronnaud (de son vrai nom) n’est autre que le coréalisateur de Marjane Satrapi sur le film au succès international « Persépolis » adaptée de la BD de la dessinatrice d’origine iranienne. Son Prix lui fut d’ailleurs remis par cette dernière.

Quant au Prix du Public (alias Essentiel SNCF/Fnac), les lecteurs ont choisi de récompenser Gally, pour « Mon gras et moi », éditée aux jeunes Editions Diantre. Peut-être un phénomène « Blog » se dessine-t-il ? Cela reste à confirmer dans l’avenir. Signalons à ce sujet que notre prochain « Coup de projecteur » sera consacrée à la jeune lauréate.

Laurent TURPIN

Voici le communiqué de presse « Bilan » (que nous pourrions qualifier de « rayonnant ») du Festival International de la Bande Dessinée, que nous vous livrons dans son intégralité :

« Le Fauve est heureux !

Le Festival, les auteurs, la profession, le public : des chiffres
? Environ 1 300 auteurs de bande dessinée, de toutes les générations et de nombreux pays (Afrique du Sud, Etats-Unis, Corée du Sud, Israël, Europe), ont rencontré les festivaliers (même le jeudi, jour de grève nationale !).
? Pratiquement toutes les maisons d’édition (plus d’une centaine) étaient présentes lors de ce 36é festival et notamment de nombreux exposants étrangers (dont le Fonds Flamand des lettres, la Communauté de Wallonie Bruxelles, la Corée du Sud…).
? Quelque 225 000 entrées sous un temps clément constituent un record de fréquentation.
? Plus d’une centaine de rencontres (internationales, dessinées, autobiographiques, du Nouveau Monde, du Major….), plus d’une centaine de projections (dessins animés, films d’animation, documentaires et portraits d’auteurs, films d’auteurs…), une trentaine d’expositions qui allaient de Boule & Bill (grand public) à Bitterkomix (plus politique) ont émaillé les quatre jours du Festival, dans toute la ville d’Angoulême.
? Un public plus féminin, plus jeune aussi qui a assisté à guichets fermés aux spectacles, aux rencontres, qui s’est pressé aux expositions et aux dédicaces.

Le Festival et son rayonnement médiatique
Une couverture media écrite et audiovisuelle nationale et internationale exceptionnelle cette année encore : près d’un millier de représentants de la presse dont 170 étrangers représentants l’Amérique du Nord et du Sud, Israël, La Corée du Sud et la Chine et une douzaine de pays européens.

Le Festival à l’avant-garde
Plusieurs avant-premières de films ou de séries manga, dont le plus célèbre et le plus attendu Ponyo sur la falaise, le dernier film de Miyazaki, la présence de Nick Rodwell (Moulinsart) venu présenter le film Tintin avec en vedettes américaines Steven Spielberg et Peter Jackson, la soirée des auteurs animée par un DJ qui a fait danser les lustres des salons de l’Hôtel de ville une partie de la nuit… tous ces scoops, c’est aussi maintenant au Festival d’Angoulême.

Le Festival comme lieu de création
Les huit spectacles vivants (plus nombreux que l’année précédente) ont été joués à guichets fermés (Arthur H. illustré par Christophe Blain, Arno illustré par Nix & Joan De Moor, Rodolphe Burger illustré par Dupuy & Berberian, les 3 concerts de dessins et les 2 improBD)

Le Festival et l’évolution et progression constantes et remarquables depuis trois ans
? Les infrastructures éphémères sont plus sophistiquées (coques rigides, toits transparents, sas thermiques, …) et bénéficient d’un aménagement plus fluide (largeur des allées, double portes, …).
? La promotion de la Sélection Officielle (plus de 70 albums remarquables) ont été présentés au public le mois précédant le Festival et particulièrement pendant les quatre jours dans les expositions dédiées.

Le Festival et son identité visuelle
L’événement s’incarne désormais dans « Le Fauve ». Adopté par le public (qui apprécie sa présence sur des produits siglés), il se matérialise, entre autres, dans le logo du Festival, en tant que mascotte et trophée du Palmarès.

Le Festival pour les angoumoisins
Une première cette année : la projection sur la façade de l’hôtel de ville d’images animées, aux couleurs du tandem des présidents du jury Dupuy & Berberian, rassemblait, tous les soirs à partir de 19h, les festivaliers quittant les espaces d’expositions, des éditeurs et des rencontres d’auteurs ainsi que les angoumoisins s’arrêtant quelques minutes pour voir s’animer un bâtiment emblématique de la Cité des Valois, vieux de plusieurs siècles. Cette animation exprimait à elle seule une des spécificités de la manifestation : le mariage de la modernité de la bande dessinée avec le charme d’une ville d’histoire.

Le Festival et son travail en équipe
La répartition des fonctions entre la structure professionnelle (9è Art+) et les bénévoles de l’Association du festival contribue activement à la réussite de cet événement tout à fait unique dans son développement structurel.

Galerie

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