PLUS DE LECTURES BD DU 22DECEMBRE 2008

Notre sélection de la semaine : ? Quelques jours ensemble ? par Fanny Montgermont et Alcante, ? Bottomless Belly Button ? par Dash Shaw, et ? Le grand mort T.2 : Pauline? ? par Vincent Mallié, Régis Loisel et Jean-Baptiste Djian.

? Quelques jours ensemble ? par Fanny Montgermont et Alcante – Editions Dupuis (15 Euros)

Un jeune patron d’une société d’infographie en plein développement, extraverti et particulièrement égoïste, est sur le point de signer un contrat avec Disneyland Paris. Ne pensant qu’à son travail et à prendre du plaisir, il délaisse régulièrement sa copine du moment. Et voilà qu’une femme qu’il a fréquenté, il y a au moins 15 ans, le contacte à nouveau. Malade, cette dernière lui apprend qu’ils ont eu un fils ensemble, né après leur séparation, dont elle lui demande de s’ occuper momentanément, le temps qu’elle se refasse une santé. En plus, ce garçon de treize ans a l’allure d’un vieillard car il est atteint de la progeria, maladie génétique incurable qui accélère le vieillissement : à court terme, il est condamné… L’immature et arrogant jouisseur de la vie qu’est notre héros est mis en face d’une paternité à problème, qu’il va assumer petit à petit, non sans difficulté. Evidemment, cette atmosphère souvent lourde, non dénuée de pathos, pourra sembler pénible à certains : et pourtant ; tout le talent scénaristique d’Alcante est de réussir à nous émouvoir avec ce mélo, sans trop en faire… Mention spéciale au dessin sobre de Fanny Montgermont, dont les douces et discrètes couleurs pastel contribuent à l’efficacité de la narration.

? Bottomless Belly Button ? par Dash Shaw – Editions Ça et là (30 Euros)

Tout commence quand, après quarante ans de mariage, la mère et le père Loony annoncent leur divorce… Et quand on leur demande « Pourquoi ? », ils répondent simplement : « Eh bien, c’est juste qu’on n’est plus amoureux » ! Cette décision va entraîner de nombreux soubresauts dans la vie des membres de cette famille de la côte ouest des Etats-Unis, consumés par leurs propres conflits. La lassitude et la banalité de la vie de ce couple, âgé d’au moins 70 ans chacun, paraissent comme les causes évidentes de cette séparation inattendue, et leurs trois enfants vont réagir tous très différemment : de la placidité la plus totale au refus hystérique, en passant par la volonté de commencer une inquiétante histoire d’amour… Voici un pavé de 720 pages qui peut, au premier abord, rebuter par son imposant « packaging » ou par son graphisme assez simple (proche de celui utilisé dans « Pedro & moi » de Judd Winick, un autre excellent roman graphique américain édité par Ça et là). Pourtant, cet ouvrage, qui se lit assez vite grâce à la fluidité de sa narration, est d’une étonnante inventivité sur le plan de la mise en scène : l’auteur passe d’un protagoniste à l’autre, par à coup, sans briser l’efficacité du récit, tout en construisant naturellement la psychologie des personnages dans le regard des autres (lesquels changent régulièrement d’opinions) et en restituant minutieusement les détails du quotidien. Cet original et très beau livre (idéal pour les cadeaux de fin d’année), dû à un jeune créateur de 25 ans, est, certainement, l’une des découvertes les plus intéressantes de cette riche fin d’année !

? Le grand mort T.2 : Pauline… ? par Vincent Mallié, Régis Loisel et Jean-Baptiste Djian – Editions Vents d’Ouest (13Euros)

Pauline, jeune étudiante en sciences économiques, se perd en tentant de rejoindre un village breton complètement paumé. Tombée en panne sèche, à des kilomètres de toute civilisation, elle rencontre Erwan, un sympathique garçon qui est copain avec un vieux druide, lequel les envoie dans un monde parallèle où le rapport au temps est bien différent du nôtre. De retour dans notre monde, Erwan apprend que Pauline est repassée par là mais qu’elle avait un comportement étrange, vomissant régulièrement. Il part alors pour Paris, à sa recherche… Mais tout va de mal de pis… L’efficacité narrative et l’exigence graphique de Régis Loisel (ici secondé brillamment par Jean-Blaise Djian) permettent une mise en abîme de héros contrastés, et très vite attachants, dans un monde poétique qui ne déroutera pas le lectorat peu habitué aux contes proches de l’heroic fantasy : d’autant plus que le dessin (très Loisellien) de Vincent Mallié, fort bien illuminé par les chaudes couleurs du québécois François Lapierre, convient parfaitement à ce genre d’ambiance entre féerie et réalité !

Gilles RATIER

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