« Barakamon » T1 par Satsuki Yoshino

Quand on pense à un manga contemplatif, on est peu enclin à le placer dans la gamme shônen. Pourtant, dans « Barakamon », s’il est quand même question de dépassement de soi, thème récurent des mangas pour garçons, le sujet est plutôt accès sur la vie insulaire et ses problématiques quotidiennes. Bien loin de « L’Homme qui marche » de Taniguchi, référence absolue du manga contemplatif, Satsuki Yoshino essaie de nous faire découvrir l’île où il a grandi, au travers d’une histoire forte en rebondissements.

Seishû Handa a tout pour lui. Beau gosse, il excelle dans l’art de la calligraphie. Dans les concours, il ne vise que la première place qu’il décroche toujours, haut la main. Pourtant, son travail est jugé trop académique, trop parfait, selon le directeur de sa dernière exposition. Malgré l’âge avancé de cet homme, le sang de Seishû se mît à bouillir et il lui asséna un crochet du droit bien senti. Évidemment, ce coup de sang a mis à mal sa réputation. L’histoire proprement dite, débute alors que notre héros calligraphe débarque sur une île au sud du Japon, l’archipel de Gotô. Là-bas, le rythme de la vie est différent de celui de Tokyo. Un bon moyen de se ressourcer et de méditer afin de donner un peu de spontanéité à son art, en sortant du tumulte qu’il a lui-même causé. Pourtant, la vie paisible est, ici, illusoire : les gens sont sympathiques, mais curieux de nature et les enfants fort turbulents. La petite Naru va se lier d’amitié avec ce play-boy qui est bien maladroit en dehors de son art. Elle va lui faire découvrir les coutumes de son île, ainsi qu’au lecteur, par la même occasion.

Le propos de l’auteur, Satsuki Yoshino, est clairement de parler de l’île où il a grandi. Le héros, novice, n’est qu’un prétexte pour voyager au travers de paysages inhabituels pour un citadin. C’est également une manière d’aller à la rencontre de ces autochtones pas trop stressés et vivants au rythme de la nature, des humains ou des animaux. Pourtant, ce manga n’est pas de tout repos, la petite Naru est surexcitée, elle découvre le monde et nous fait découvrir son environnement. Véritable fil conducteur, grâce à son inhibition due à son jeune âge, elle entraîne le héros à la rencontre des habitants et des coutumes de l’île : une vraie bouffée d’air frais.

Tout comme le scénario, le dessin est tonique et vivifiant. Les personnages, extrêmement typés, sont loin d’être caricaturaux, tout en gardant un côté authentique et campagnard. Le contraste avec les Tokyoïtes est saisissant. Les décors ne sont pas toujours bien présents, mais lorsqu’ils sont là, ils reflètent précisément les lieux. Certaines cases sont de toute beauté et l’auteur sait, précisément, comment nous transmettre les sensations de grand air qu’il a pu ressentir dans de tels endroits.

Pas besoin d’aller bien loin pour être dépaysé, « Barakamon » est là pour ça. Il n’y a pas grand-chose sur cette île, pourtant la vie y est bouillonnante, même si elle coule lentement. La devise de la petite Naru résume assez bien l’ambiance générale de l’oeuvre « C’est parce qu’il n’y a rien que l’on peut s’amuser de tout ». Du coup, aucune raison de ne pas s’amuser avec elle en lisant cet agréable manga.

Gwenaël JACQUET

« Barakamon » T1 par Satsuki Yoshino
Édition Ki-oon (7,65 €) ISBN : 978-2-35592-449-1

© Satsuki Yoshino / SQUARE ENIX CO., LTD.

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