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« Les Secrets de Léa » par Yuu Yabuuchi

28/10/2012
Par Gwenaël Jacquet

Depuis quelques années, Akata cherche à sensibiliser la jeunesse au travers les mangas. Leurs titres donnent souvent lieu à une remise en question de sa vie, ainsi qu’une ouverture sur le monde et ce qui nous entoure.
Avec ce nouveau titre, « Les Secrets de Léa », les jeunes lecteurs pourront trouver de nombreuses réponses sur la sexualité, sans avoir besoin de poser des questions embarrassantes à leurs parents.

Léa est une jeune fille ordinaire en fin d’école primaire. Très jeune, elle ne comprend pas ce que cela signifie lorsque sa mère lui annonce qu’elle est enceinte. Ses amis lui disent que, pour le moment, il faut cacher cet état, notamment en cas de fausse couche. Elle apprend également que les bébés se fabriquent, lorsque les parents, amoureux, se serrent nus l’un contre l’autre. Elle, tout ce qu’elle voyait, c’est qu’elle allait devenir la grande soeur. Ainsi commence toute une série de questionnement : la vie de Léa évoluant en même temps que son corps change, comme toute personne passant de l’enfance à l’adolescence. Elle commence à penser au port d’un soutien-gorge, mais n’ose pas en parler à sa maman. Elle tombe amoureuse, mais ne comprend pas vraiment ce nouveau sentiment. Elle et ses copines ont des poils qui poussent, mais pas toutes en même temps. Heureusement, lorsqu’elle se questionne sur ces nouveautés assez intimes, elle peut compter sur Saya, sa nouvelle amie, bien plus informée qu’elle sur le sujet. Elle explique avec des mots simples, non vulgaires les petits changements de la vie. À côté de ça, il y a les garçons, un peu bêta, ils rient dés que l’on parle de sexualité, et sont parfois blessants. Pourtant, il suffit de leur parler pour comprendre que, pour eux aussi, les changements morphologiques sont une source de questionnement.

« Les Secrets de Léa », c’est avant tout un petit manga simple, sans grande aventure, à part celle de la vie. Au travers de ce personnage fictif et de ses amis, le jeune lecteur pourra découvrir sa propre intimité et se préparer, lorsque ce genre de questionnement intime pourrait inévitablement se poser. Il ne s’agit pas d’un manuel de sexualité tel que celui que Zep avait réalisé avec son « Guide du zizi sexuel ». Les explications sont assez succinctes et suffisent à susciter la curiosité ou amener des brides de réponses avant d’en parler plus longuement avec ses amis, ses parents ou ses professeurs. Il ne faut en aucun cas prendre « Les Secrets de Léa » comme manga à vocation pédagogique. C’est avant tout un divertissement offrant une approche nouvelle sur des questions récurrentes que l’on peut être amené à se poser à un moment donné de son évolution personnelle.

Yuu Yabuuchi n’est pas une jeune mangaka, à 43 ans, elle a déjà trente années de carrière derrière elle. Sa première histoire courte « Poin de Gomen ! », elle l’a publié dans le hors série du magazine Ciao à seulement 13 ans. Arrivant à fournir régulièrement du matériel, tout en poursuivant ses études, elle deviendra une des auteures phares de la revue. Deux de ses succès ont fait l’objet d’une adaptation en série d’animation. En 1996, « Mizuiro Jidai » qui met en scène les différences entre les garçons et les filles et, bien évidement, « Les Secrets de Léa », en 2008 (1). Cette même année, la série remportera le prix du meilleur manga éducatif au Japon.

Le point fort de cette série est de mettre en scène une jeune fille différente à chaque volume. C’est donc 8 jeunes écolières et 8 problématiques qui seront évoquées : chaque livre présentant une histoire complète et indépendante. Le schéma est toujours le même, dès le début de l’histoire, un évènement vient chambouler le quotidien d’une jeune écolière. Cela amène de nombreuses interrogations dont les réponses seront distillées au fil du manga, jusqu’à la conclusion finale. Un brin de surnaturel est même présent, ceci afin de pimenter le récit et d’offrir quelques raccourcis lors de la narration.

Bien évidemment, il ne faut pas s’attendre à un livre explicite. C’est avant tout destiné à un public très jeune et le dessin cible clairement les fillettes d’une dizaine d’années. Les explications données sont succinctes, mais peuvent offrir un début de réflexion et, surtout, sortir certains enfants de l’ignorance totale sur le sujet. Tout est fait pour éviter les questions gênantes ou des explications trop complexes de la part d’adulte peu préparé. En plus de son côté informatif, il reste l’histoire, bien menée et agréable à lire. Une petite tranche de vie pour des bout’chou qui avancent lentement vers l’adolescence.