COMIC BOOK HEBDO n°50 (15/11/2008).

Cette semaine, pour ce 50ème numéro de votre chronique préférée (merci, merci beaucoup, allons, allons, ce n’est rien?), trois albums alliant plaisir et qualité : THE AUTHORITY, WOLVERINE et 100 BULLETS…

THE AUTHORITY : RÉVOLUTION tome 2 (Panini Comics, 100% Wildstorm)

On commence sur les chapeaux de roues avec l’une des équipes les plus retorses et vindicatives qui existent dans le monde des comics : j’ai nommé (planquez-vous) The Authority. Oui, un peu d’autorité, que diable ! Tout va à vau-l’eau et personne ne fait rien ? Les super-héros éradiquent les menaces cosmiques mais ne semblent pas avoir de vraie prise sur le réel qui fout l’camp ? Eh bien c’est fini, ce temps-là, messieurs dames… Pour ceux qui ne connaîtraient pas The Authority et qui ont loupé le premier volume de cette saga (et pour ne pas refaire le même coup à chaque fois à ceux qui connaissent les séries que je chronique), je vous invite vivement à cliquer sur ce numéro-lien : 3074 qui vous mènera directement à l’article que notre brillant confrère Cecil McKinley a consacré à cette série lors de la sortie du tome 1 de The Authority : Révolution. Brièvement quand même, un petit rappel des faits, puisque ce second volume clôt l’aventure en route : les dirigeants de notre planète ne faisant pas leur boulot de maintien de la paix et la planète étant toujours en proie à des attaques et à des systèmes intolérables, The Authority a fini par prendre le pouvoir et à appliquer ses propres lois sans aucun ménagement pour les structures et valeurs en place. Un super putch, en quelque sorte, mais cette paix imposée par la force et d’une main de fer ne tarde pas à échauffer le peuple qui – mené par quelques méchants à pouvoirs surnaturels – va se révolter contre ce nouvel ordre. Pour pimenter le tout, Midnighter (lors d’un voyage temporel) va apprendre une horrible vérité venue du futur qui va lui faire prendre une terrible décision. Si le tome 1 nous présentait directement les faits, plantant le décor et le contexte avec force persuasion, ce second tome, quant à lui, revient sur la nature de cette terrible décision afin d’en tirer la réalité des choses et d’expliquer le pourquoi du comment du pourquoi.

Le scénario de Brubaker prend dans cette seconde partie un autre rythme que dans la première – sa narration est passée de linéaire à verticale, avec toutes les ramifications que cela suppose – et petit à petit le puzzle se complète, révélant une réalité cachée derrière les faits bruts qui doit être démasquée pour la survie de l’équipe mais aussi… du monde. Nous verrons comment notre petite Jenny Quantum du XXIe siècle va littéralement se transcender pour prendre l’avenir de l’équipe en mains, à la grande surprise inquiète de ses papas. Nous verrons ce qu’il est advenu du Docteur (et ferons connaissance avec le nouveau Docteur) et découvrirons comment l’horrible Henry Bendix – accompagné de la sensuelle et terrible Rose Tattoo, l’esprit vivant du meurtre – a fomenté son complot diabolique contre l’équipe. Brrrrr…! De l’action et des révélations en perspective, donc, et quelques moments marquants. Néanmoins, je ne peux m’empêcher de trouver que ce second volume est moins fort, moins réussi que le premier, même s’il reste de très bonne qualité et qu’il nous fait passer un excellent moment où humour grinçant, action sauvage et outrances bien amenées ne peuvent que réjouir les aficionados. Brubaker a su préserver l’outrecuidance de l’esprit voulu par Ellis pour la série, et c’est tant mieux ! Ainsi, les Jenny parlent toujours aussi mal : de vrais charretiers ! Et puis nos héros ne font pas dans la dentelle, ce qui est bien. Mais le récit se porte plus sur l’action et la résolution de l’énigme que sur la psychologie des personnages dans des situations extrêmement fortes comme ça a été le cas dans les premiers épisodes. Cette petite remarque étant faite, relativisons les choses et admettons volontiers que ceci n’empêche en rien The Authority d’être une bande dessinée culottée et nécessaire, et que même lorsqu’elle perd un peu de son génie elle reste à des années-lumière de bon nombre d’œuvres soi-disant percutantes – mais qui ne percutent que du vide. Ici, le propos et l’esprit restent, indubitablement, et cette équipe hors norme telle que l’a voulue son créateur a encore beaucoup de choses à dire et à faire, si son parcours éditorial parfois compliqué le lui permet (ce que nous espérons tous, évidemment). C’est toujours Dustin NGuyen qui dessine et c’est toujours aussi chouette. Vive The Authority ! Longue vie à cette équipe du tonnerre de Dieu de @#%’§& !!!

WOLVERINE : L’INTÉGRALE 1989 (Panini Comics, L’Intégrale)

-Snikt- Aïe… -Snikt- Aïe-euuh… Oui, oui, il est très bien, cet album, achetez-le -Snikt- aïe, oui, oh, eh, minute, pépère (c’est pas un p’tit canadien qui va me faire peur, non mais -Snikt- aïe). Blague à part, il est évident que cet album est indispensable pour tout fan de Wolverine et des X-Men, cela va sans dire, puisque c’est bien la suite des premiers épisodes de la série régulière consacrée au mutant dès 1988 que nous tenons en mains. Et en plus, je vous le rappelle, mais le casting de l’époque est carrément renversant ! Imaginez donc : Christopher Claremont et Peter David pour les scénarii, John Buscema, Gene Colan et John Byrne pour les dessins, sans parler de la présence de Bill Sienkiewicz, Klaus Janson ou Al Williamson à l’encrage !!! Rien que ça ! Certes, vous me direz, même les plus grands peuvent se planter, mais ce n’est certainement pas le cas ici. Le contexte et les histoires développées dans les premiers temps de cette série sont vraiment dignes d’intérêt, et – contre toute attente – ne s’engouffrent pas dans les évidences et les clichés pour porter le personnage de Logan vers d’autres horizons géographiques et psychologiques, les auteurs se donnant l’opportunité de creuser d’autres facettes de la personnalité de Wolverine, notamment son côté le plus humain. C’est exactement ce qui a été mis en œuvre dès le premier numéro de la série en septembre 1988 par Christopher Claremont, plongeant Logan dans la cité asiatique de Madripoor, loin, très loin de la réalité super-héroïque américaine des X-Men, sans costume, incognito, surnommé « le borgne » à cause de son cache œil de pirate. Un contexte sûrement dû aux épisodes de 1982 signés Frank Miller où Wolverine avait fort à faire au Japon (quatre épisodes mythiques qui constituent le volume 1 de la série). Des ambiances d’aventures exotiques, d’espionnage et de nuits suintantes que nous retrouvons ici dans la majeure partie de l’ouvrage, où l’humanité de Logan transparaît avec profondeur. Il faut dire qu’à l’époque, Wolverine ne semblait pas aussi indestructible que maintenant (ce qui provoque pas mal de débats parmi les fans). En effet, de scénariste en scénariste, ce personnage est devenu de plus en plus puissant, affectant une partie de l’enjeu dans le rapport des lecteurs au personnage : s’il ne peut rien lui arriver, comment vibrer lorsqu’il sera désormais en danger ? C’est vrai qu’aujourd’hui, avec son pouvoir autoguérisseur le ressucitant de tout, Wolverine ne semble pas vraiment avoir besoin de Carte Vitale… du coup c’est vrai que c’est moins palpitant. Cette lecture qui nous ramène 20 ans en arrière et nous fait redécouvrir un Wolverine presque faillible est donc une excellente opportunité d’avoir à nouveau le grand frisson dans des situations bien plus terre à terre pour ceux que la surenchère aurait définitivement blasés.

L’année 1989 a été bien remplie, pour Wolverine (ce qui explique que toute la production de cette année-là ait demandé presque deux tomes), tant pour une question de fond que de forme. Beaucoup de numéros sortis (un tous les quinze jours entre septembre et novembre), mais aussi – et surtout – une évolution dans l’équipe artistique qui fait de cette année une première vraie charnière pour l’évolution de la série. De Claremont et Buscema nous passons à la période Peter David où Buscema est magistralement encré par Bill Sienkiewicz, avant de basculer dans une aventure signée Archie Goodwin et John Byrne (encré par Janson). Le « cycle de Madripoor » se clôt en flou entre Claremont et David, Logan reprenant petit à petit son costume pour revenir bientôt à un contexte plus familier – et donc plus fantastique, Archie Goodwin et Byrne réalisant ce passage entre les genres. Le cycle Claremont-Buscema s’achève en beauté avec la présence de Mister Fixit (l’identité de Hulk afin qu’il soit… incognito !!!) qui donne un peu de cocasserie aux aventures orientales de Logan, avec le costaud Roughouse dans le rôle du méchant. L’épisode où déboule Peter David est aussi celui dessiné par le grand Gene Colan, nous offrant des ambiances noires qui n’appartiennent qu’à ce génial dessinateur, apportant une autre dimension qui servira de modèle à bien des récits courts mettant en scène un Wolverine en état d’introspection, avec ses souvenirs parfois si aléatoires, toujours si violents… et le style de Colan qui transporte le personnage dans des sphères d’une rare justesse, dans une noirceur et un mouvement en tout point remarquables, au sein d’un récit sauvage, aux accents de Délivrance. Le plaisir esthétique continue avec l’arrivée de Sienkiewicz à l’encrage (le duo Buscema-Sienkiewicz fonctionne à merveille, nous avons pu le remarquer une nouvelle fois par exemple dans Silver Surfer en 1999 ; et puis par coquetterie, Sienkiewicz a encré un autre Buscema (Sal) lors de la Saga du Clone dont le second volume va bientôt paraître chez Panini). L’encrage de Sienkiewicz est une pure merveille, sur les dessins de Buscema. Pourtant, on pourrait croire que le style angulaire du premier pourrait mal s’adapter au style plus souple du dernier, mais une vraie alchimie s’opère entre les crayonnés et l’encre, entre l’harmonie et la puissance, entre la suavité et la folie. Il en ressort une esthétique fascinante, complexe et profonde, sur plusieurs niveaux de perception, dégageant des émotions souvent impressionnantes. Bref, un vrai bonheur graphique, porté par une histoire assez folle de Peter David qui n’a décidément pas cherché la facilité en reprenant cette série ! Enfin, les trois premiers épisodes crées par Goodwin et Byrne, assez classiques mais puissamment envisagés. Une période décidément intéressante en ce qui concerne les duos dessinateurs-encreurs, puisque cette fois-ci c’est le mariage entre John Byrne et Klaus Janson donne un résultat atypique et retenant l’intérêt. Un Byrne bien plus dépouillé que lorsqu’il est encré par un Terry Austin, par exemple. Car je -Snikt- euh, -Snikt- ah ! Euh, je ne vous dévoilerai donc pas plus la nature des récits de cet ouvrage afin de vous laisser le plaisir de la découverte intact, et euh… -Snikt- aïe, surtout, aïe, achetez cet album, s’il vous pl-Snikt-

100 BULLETS vol.6 : ¡CONTRABANDOLERO ! (Panini Comics, 100% Vertigo)

Ce sixième volume de 100 Bullets est une très bonne cuvée, c’est un fan de cette série qui vous le dit, mes petits gringos… Franchement, moi qui aime prendre du temps pour parler des choses, là j’ai vraiment envie d’en dire le moins possible, tellement la lecture de ce volume est un pur bonheur. Ne pensez plus au fait que la qualité d’un album puisse se juger au nombre de lignes écrites sur lui. Une phrase. Deux. Trois phrases maximum devraient suffire à vous donner envie de lire ce comic. Pas que ce volume-ci, non. Toute la série. Vraiment.

Au programme : une histoire parisienne avec M. Branch qui permet à Azzarello d’inviter quelques dessinateurs prestigieux afin de participer à l’aventure, une transposition à peine déguisée des sombres histoires ayant lié Joe DiMaggio, Marilyn Monroe et Kennedy, et enfin un récit en trois parties se passant dans un coin paumé des Etats-Unis où des bras cassés croisent le chemin de M. Shepherd et de la volcanique Dizzy. Impeccable. Vous aurez en plus cette fois-ci d’apprécier une longue introduction de Bill Savage, docteur en littérature américaine. Bonne lecture, chers ami(e)s…

Cecil McKinley

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