Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...David B. expose « Par les chemins noirs »
On ne peut manquer de signaler une exposition particulièrement réussie qui se tient à Blois dans la bibliothèque de l’Abbé Grégoire jusqu’au 17 décembre prochain.
Elle permet de découvrir le travail de David B., lauréat du Prix de la BD historique 2007 pour son album très remarqué « Par les chemins noirs » dont l’action se passe dans l’univers foisonnant de l’immédiat premier après-guerre.
Au prétexte d’une histoire d’amour sur fond de prise du pouvoir par d’Annunzio à Fiume en 1919, David B. traite, sur un mode surréaliste, mais d’une totale historicité, d’un moment où la guerre peut exploser de nouveau et où l’Europe semble basculer dans l’utopie. C’est ce monde bigarré, caractérisé par l’explosion des possibles à une période charnière, que l’exposition s’attache à relier à l’album Par les chemins noirs. Dès l’entrée, avec une scène directement tirée d’un bistrot très années vingt, on se trouve saisi, pour ne pas dire happée, pas l’univers de David B., à la fois romanesque et parfaitement documenté, comme le révèlent les éclairages présentés dans un circuit savoureusement concocté.
Grâce à une scénographie très étudiée, à la fois intimiste et didactique, cette exposition offre une mise en perspective historique des planches de David B. de manière dynamique et riche, sans jamais tomber dans le pédantisme artistique ou l’information gratuite. Pas de récupération donc, mais au contraire un travail d’une grande honnêteté mis au service de l’œuvre auquel il apporte un éclairage vivant et ludique. Une belle réussite de Sylvain Gache et de l’équipe de Bd Boum pour entrer dans l’univers d’un auteur dont le talent n’est plus à démontrer.
Signalons enfin, comme une occasion de faire d’une pierre deux coups, toujours dans la bonne ville de Blois, la tenue prochaine de la 25e édition du festival Bd Boum du 21 au 23 novembre 2008. Qu’on se le dise.
Joël Dubos