Avant « Blake et Mortimer » — exactement en 1943, il y a donc très longtemps —, Edgar P. Jacobs démarrait sa carrière en bandes dessinées avec « Le Rayon U », dans l’hebdomadaire belge Bravo !… Ce récit unique s’achevait par la prise du rayon U par les forces de la Norlandie (les gentils) contre les menées de l’empire d’Austradie (les méchants). Lord Calder et le professeur Marduk (prototypes de Blake et Mortimer), avec l’assistante Sylvia Hollis et le major Walton, affrontaient l’empereur Babylos III et l’infâme capitaine Dagon des services secrets… Une suite a été imaginée par Jean Van Hamme : le premier scénariste de la reprise, en 1996, de « Blake et Mortimer », la série phare du même Jacobs.
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« Aâma » T2 (« La Multitude invisible ») par Frederik Peeters
En seulement deux albums, le Suisse Frederik Peeters a réussi à construire un univers riche, aussi complexe qu’inventif, mais aussi très poétique ; cette passionnante et superbe bande dessinée de science-fiction, qui nous remémore les meilleurs moments des « Valérian » de Jean-Claude Mézieres et Pierre Christin, du « Cycle de Cyann » de François Bourgeon ou des « Mondes d’Aldébaran » de Leo, étant fort bien mise en valeur par un élégant dessin extrêmement clair et coloré !
Verloc Nim était en train de sombrer dans la drogue et la dépression après avoir été brusquement séparé de sa petite fille par sa propre compagne et mère de cette dernière, quand son frère Conrad lui propose de partir avec lui pour une mission sur la dernière planète vivante découverte aux confins de la galaxie.
Toujours un peu coincé dans ses souvenirs, le voici donc sur Onaj(i), accompagné d’un robot simiesque doué de facultés défensives hors pair, afin de mettre la main, pour le compte d’un consortium technologique, sur le Aâma : une substance révolutionnaire visant à altérer le vivant et testée, sur cette planète, par une poignée de scientifiques abandonnés par leurs employeurs depuis plusieurs années.
Entre attaques de robots dans un environnement hostile, rencontre d’une fillette qui se révèle être le parfait sosie de celle de Verloc et découverte des premiers effets de la substance tant convoitée, le récit monte en puissance ; ce qui n’empêche pas l’auteur de composer, parallèlement à la densité de la narration et à l’efficacité de l’intrigue, quelques séquences contemplatives focalisées sur l’intime et la métaphysique.
Avec son lot de silences et d’onirisme, « Aâma » mêle constamment le songe et la réalité pour mieux emmener le lecteur, bien plus loin qu’à l’autre bout de la galaxie…
Gilles RATIER
« Aâma » T2 (« La Multitude invisible ») par Frederik Peeters
Éditions Gallimard (17,25 €) – ISBN : 978-2-07-064921-1
PS : Rajoutons que la série « Aâma » vient d’être choisie comme lauréat du Prix de la BD du Point 2012 par un jury composé de journalistes travaillant pour cet hebdomadaire d’actualités ou d’auteurs de bandes dessinées comme Florence Cestac, Jul, Cyril Pedrosa, Bastien Vivès…, et présidé par Georges Wolinski.
