« Puchi no Nikki » par Jun Asuka

Depuis plusieurs années, Disney développe sa présence au Japon en mélangeant son univers avec ceux, bien particuliers, du manga et du jeu vidéo. Pika a déjà publié deux titres de cette collaboration américano-nippone : « Kingdom Hearts », et « Princess Kilala ». Les très très jeunes enfants ne sont donc plus épargnés… Ayant bien compris que la fée Clochette est un de leur personnage préféré, la firme aux grandes oreilles crée de plus en plus de produits dérivés sur ce personnage fort sympathique : films d’animation 3D, comics, jouets et, maintenant, manga.

« Puchi no Nikki » autrement dit « Le Journal de Puchi » est donc ce nouveau manga mettant en scène la fée Clochette. Titre étonnamment non traduit en français alors que cela ne posait pas réellement de problème syntaxique. D’autant plus étonnant que le but inavoué est de conquérir de nouveaux lecteurs fidèles, dés leur plus jeune âge. Autant leur donner quelque chose qu’ils comprennent. Ils ne sont potentiellement pas encore des otakus intégristes.

Si ce manga est publié ce mois-ci, ça n’est nullement le fait du hasard. Un film 3D « Clochette et le secret des fées » sort au cinéma le 10 octobre 2012. Il s’agit du quatrième opus d’une série qui n’a, pour le moment, été proposée qu’en DVD ou Blue Ray : la France étant le seul pays où cet épisode a l’honneur d’être projeté sur grand écran. Le marché est donc porteur pour une bande dessinée sur le sujet. Même si l’histoire est très éloignée du film, c’est néanmoins le même univers.

Si la fée Clochette est bien présente dans le livre, elle ne fait que de très courtes apparitions dans l’histoire. Le scénario se concentre sur Puchi, une très jeune fée(1) qui va arriver sur ses 777 pleines lunes. Normalement, à cet âge-là, les fées doivent choisir leur talent et passer à l’âge adulte. Malheureusement Puchi est plus petite que ses consœurs, en plus d’être maladroite et ne savoir pratiquement rien faire. De plus, lorsqu’elle tente d’aider les autres, cela finit, la plupart du temps, en catastrophe.

Puchi, c’est un peu le souffre-douleur de ses camarades. Elle est l’objet de railleries incessantes sur sa taille. Le tout accentué par son étourderie. Un récit pas vraiment flatteur et qui peut nous ramener à quelques pratiques sombres des cours de récré : ce qui se répercute bien évidemment sur son moral. Elle en arrive à vouloir abandonner ce monde pourtant enchanteur. Heureusement Clochette est là pour la remettre sur les rails… On ne peut s’empêcher de penser à tous ces enfants qui se font chahuter pour une caractéristique physique qui ne les met pas à leur avantage. Ce manga ne cherche pourtant pas à dénoncer ce comportement, il essaie de montrer qu’il faut trouver ce qui fait la force de chaque individu. Néanmoins, rien n’est fait pour stopper les railleries de ses camardes, aucun adulte ne les remet à leur place, ce qui banalise ces attaques gratuites. Un peu dommage et déconcertant du point de vue d’un adulte.

Derrière tout ça, il y a quand même une belle histoire. Même si elle est maladroite, Puchi va, à plusieurs reprises, sauver ses amis ; que ce soit d’une terrible inondation ou d’un chat démesuré comparé aux petites fées. Le danger est présent à chaque instant, mais rien de bien grave. Puchi est pleine de bonne volonté, du coup, elle en devient réellement attachante. On ne peut que la soutenir dans ses efforts. L’intrigue, facile à comprendre, offre une vraie aventure qui tiendra en haleine le jeune public auquel elle est adaptée.

Ce manga est originellement paru dans le magazine japonais Nakayoshi, destiné à un public de très jeunes filles. Sa dessinatrice est une habituée des productions Disney puisqu’elle a déjà réalisé, entre autres, le manga de « L’Étrange Noël de M. Jack ». Son dessin est mignon, il correspond parfaitement à l’univers enchanteur de Peter Pan. Comme souvent dans les productions pour enfants, les pages débordent de paillettes, fleurs, étoiles et autres effets « Girly ». Si les adultes sont peu réceptifs à ce genre de dessin rondouillard débordant d’effets, les enfants, eux, semblent adorer.

Découpé en quatre chapitres, ce volume constitue une histoire complète. De quoi occuper facilement une petite fille qui commence à lire. C’est plein de bons sentiments et, bien évidemment, cela finit dans la joie et la bonne humeur : une première approche du manga et de l’univers Disneyein, en même temps. Si la fée Clochette est plus suggérée que présente, elle est assurément là pour rappeler que cela se passe dans l’univers familier des enfants et les amener à (re)visionner les films originaux servant de départ à cette aventure : une bonne approche marketing qui fonctionne à merveille grâce à la cohérence de ce petit monde.

Gwenael JACQUET

« Puchi no Nikki » par Jun Asuka
Édition Pika (7,05 €) – ISBN : 9782811609580

(1) A raison de 12 pleines lunes par année, la jeune fée aurait en fait déjà 32 ans.

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