COMIC BOOK HEBDO n°41 (13/09/2008)

Cette semaine, grande foire à la ferraille, avec Iron Fist, Superman (the Man of Steel) et Silver Surfer !!!


IRON FIST vol.1 : L’HISTOIRE DU DERNIER IRON FIST (Panini Comics, 100% Marvel)

En y réfléchissant bien, Iron Fist est un personnage très atypique, réussissant à être un super-héros rattaché aux arts martiaux sans tomber dans le cliché du mec costaud et sec qui passe sa vie à trucider de pauvres planches innocentes entre deux bagarres de rues avec des mastodontes tatoués. Même lorsqu’il s’acoquina avec Luke Cage (qui est loin d’avoir les super-pouvoirs les plus intellectuels de la galaxie Marvel), en plus sous un nom d’équipe à faire frémir toute personne normalement constituée (« Héros à louer » !!!), Iron Fist ne perdit jamais de sa superbe ni ne tomba dans la caricature. On peut imputer ceci non pas à l’enseignement spirituel qui transpire du personnage (même s’il joue un rôle évident dans l’approche de sa personnalité et de son aura), mais bien à la réussite totale du dessin de son costume, de son regard « vide » et de l’émanation d’énergie de ses poings. Iron Fist est une spiritualité mais aussi une esthétique (John Byrne, avec le talent qu’on lui connaît, avait sublimé cet aspect lorsqu’il avait repris la série dans les années 70). Un personnage au parcours éditorial un peu compliqué, avec des hauts et des bas : typiquement le genre de héros ayant un grand potentiel parfois mal utilisé et qu’on peut relancer en un rien de talent et d’acuité. C’est un peu ce qu’ont entrepris Ed Brubaker et Matt Fraction avec la série The Immortal Iron Fist dont vous pourrez lire ici les six premiers épisodes, précédés d’un des courts récits de Choosing Sides, série annexe à Civil War (la série préférée de Sylvie), où l’on voit comment Iron Fist a réagi durant cette période trouble. Brubaker et Fraction ont décidé de revenir aux sources du personnage, ou plutôt du mythe d’Iron Fist, puisqu’au sein d’un combat intense contre les hordes de l’Hydra, ils permettent à Danny Rand de découvrir qu’il est loin d’être le seul Iron Fist, mais peut-être bien le dernier d’une longue lignée mondiale. Insérés dans le récit, de nombreuses séquences nous présentent certains faits et gestes de ces Iron Fist d’un autre temps, séquences dessinées par Travel Forman, Russ Heath, John Severin, Sal Buscema, Derek Fridolfs et Tom Palmer. Quant à David Aja, le dessinateur principal, il nous offre de magnifiques images parfois très sombres et très belles (un peu moins convaincant dans les scènes « ludiques »), souvent proches des ambiances qu’on peut retrouver chez Alex Maleev (on retrouvera d’ailleurs ici l’excellent premier coloriste de Maleev sur Daredevil, Matt Hollingsworth, dont le travail est décidément de tout premier ordre). Certaines pages sont véritablement superbes. Entre passé et présent, mythe et contexte actuel de l’univers Marvel, Brubaker et Fraction ont réussi à constituer une intéressante perspective à ce personnage, le dépoussiérant tout en l’humanisant, revenant à la genèse de sa nature pour mieux le faire évoluer. Un pari gagné que je vous invite donc à découvrir. En fin de volume, vous pourrez admirer quelques croquis et recherches commentés par leur auteur, Aja, ainsi que les très belles couvertures originales.


SUPERMAN : KRYPTONITE (Panini Comics, DC Icons)

Si vous venez de Krypton et que vous avez des super-pouvoirs, je vous déconseille vertement de lire cet album, il risquerait de vous skkkjjjrrrkkzzzttkr sur place (au minimum). Pour les autres, voici un album assez réjouissant, signé Darwyn Cooke et Tim Sale, tout simplement. À l’instar de Matt Wagner (avec ses excellents Batman et les monstres et Batman et le moine fou), Cooke s’engouffre à son tour dans la « création hommage » avec la série Superman Confidential, revisitant l’histoire d’un super-héros emblématique et fondateur en plongeant celui-ci dans des aventures qui sont censées avoir eu lieu dans les premiers temps de sa carrière. Dans Kryptonite, Clark Kent est encore un tout jeune Superman, apprenant encore à connaître la nature de ses pouvoirs, vivant dans la ferme de ses parents adoptifs et ne connaissant LoÏs Lane que depuis quelques semaines. Mais Lex Luthor est déjà là… Le postulat posé par Cooke dans cet album est assez séduisant : Superman ne fut pas le seul à réchapper de l’explosion et de l’anéantissement de son monde, puisqu’un autre être vivant s’en sortit, emprisonné dans un bloc de kryptonite qui a sillonné le cosmos jusqu’à atterrir sur… Terre aussi (quelle coïncidence, mes aïeux !). Durant des années, ce bloc de kryptonite va se retrouver quelque peu « hors du monde » avant de tomber dans les mains d’un méchant très méchant appelé Tony Gallo et qui va justement donner du fil à retordre à Superman. Comme d’habitude je ne vous en dirait pas plus sur l’histoire, car il n’y a rien de pire que les critiques qui vous racontent l’histoire du livre que vous avez envie de découvrir par vous-même, j’ai pas raison ? Par contre, je peux vous dire que Cooke a envisagé son scénario en y incluant différentes facettes emblématiques de la mythologie de Superman plutôt que de n’articuler qu’un récit axé sur l’aventure en elle-même, un peu comme une radiographie complète de ce qui fait que Superman est Superman et pas un autre. En explorant ainsi le passé du personnage pour y insuffler un regard respectueux et libre permettant quelques extrapolations bien agréables, Cooke fait que l’histoire se répète tout en se réinventant. Dans ce contexte, de belles surprises parsèment l’album, ce qui en fait une lecture des plus plaisantes, vraiment ! Ainsi, Kryptonite nous replonge dans ce qu’a pu être l’affectif, l’histoire, la personnalité, l’environnement, la conscience de celui qu’on appelle si simplement « Superman ». Cooke passe au crible les rapports de Clark avec ses parents adoptifs, sa relation naissante et compliquée avec Loïs Lane, son antinomie avec Luthor, son passé et sa mémoire, sa connaissance de lui-même, son environnement terrien, son statut de super-héros, et bien sûr sa psychologie. Parlons maintenant du dessinateur, Tim Sale. Tim Sale, on aime ou on n’aime pas, il y a rarement un juste milieu. On peut adorer l’efficacité et la grâce redoutables du style épuré de Sale, mais aussi parfois être agacé ou froid face à des dessins qui interrogent sur l’intention graphique de l’artiste ou son talent, ne sachant si on est dans la maladresse ou bien dans la transfiguration de quelque chose. Euh… je suis peut-être en train de toucher à un intouchable, là, non ? Et de me faire plein d’ennemis, là, non ? Et de ruiner ma carrière internationale, non, là ? Je vais me rattraper en disant qu’à de nombreuse reprises, Tim Sale a créé de merveilleuses images pour cet album, et que certaines cases sont vraiment magnifiques, lorgnant parfois du côté de chez Kirby. On retiendra notamment les dessins du bloc de kryptonite par lequel Sale a pu exprimer de très beaux contrastes en matière brute, prenant apparemment un grand plaisir à dessiner les strates et pans de roches dans l’ombre et la lumière, dans une ambiance magnifiée par les très belles couleurs de Dave Stewart. Laissez-vous tenter, vous ne le regretterez pas…


SILVER SURFER (Panini Comics, Marvel Omnibus)

Cela me semblait tellement évident, l’importance et la visibilité de cet album, que je l’ai un peu laissé passer dans l’actualité de cette chronique. Mais bon, franchement, que voulez-vous que je vous dise sur le Silver Surfer, l’un des plus beaux personnages (le plus beau) créés par Stan Lee, une pure merveille, un chef-d’œuvre de personnage, une inspiration remarquable de The Man sur l’esprit de cette œuvre, les dessins absolument géniaux de John Buscema, bouleversants d’humanité ou bien superbement cosmiques, les histoires aussi puissantes qu’intelligentes, j’en passe et des meilleurs ? Oui, c’est tellement évident, que cette édition regroupant en un volume l’intégralité de la première série de ce super-héros cosmique est un ouvrage indispensable, historique, génial, que tout mot semble réellement superflu pour expliquer que tout fan de comics digne de ce nom ne peut résolument pas ne pas avoir lu ces pages mythiques et sensationnelles. Pas moins de 544 pages pour accueillir les 18 fameux premiers épisodes de la série, deux récits collectors avec l’incursion remarquée de Jack Kirby, et quelques intros de Stan Lee qui raviront tous les aficionados. L’humble terrien limité que je suis s’efface donc maintenant devant l’omnipotente vérité d’âme de ce merveilleux Silver Surfer qui reste et restera l’un des plus sublimes personnages de bande dessinée jamais créés… Incontournable, indispensable ? Bien plus que ça…Absolument nécessaire.

Cecil McKinley

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