« Good Ending » T1 & 2 par Kei Sasuga

Les hommes aimeraient bien comprendre ce qui se passe dans la tête d’une femme. Certaines femmes, elles, ont une petite idée de ce qui se passe dans la tête d’un homme. Du coup, lorsqu’elles sont mangakas, elles mettent en image les déboires amoureux de la gent masculine. Le mâle n’y a pas forcement le plus beau rôle… Au final, « Good Ending » a bien les caractéristiques d’un shônen à destination d’adolescents, forcément frustrés, malgré le fait que ce soit écrit par une artiste féminine.

Au Japon, il existe un genre de jeu vidéo qui est totalement inconnu en France : les jeux de drague. Le principe est simple : il faut réussir a séduire sa proie, une jolie jeune fille, et arriver à sortir avec elle, voir plus si affinité. Une fois le déroulement de l’histoire effectué, sans accroc, le joueur obtient le fameux « Good Ending » qui sert de titre à ce manga. Pourtant, ici, il n’est pas question de jeu vidéo, les protagonistes n’étant pas accrocs à leur manette et à leur écran. il s’agit simplement d’une référence destinée à un public bien ciblé par ce type de manga mettant en scène des garçons n’arrivant pas a déclarer leur amour aux protagonistes féminins.

Ici, le garçon c’est Utsumi et l’élue de son cœur, se prénomme Shô. Elle est capitaine du club de tennis du lycée. De ce fait, elle est la plupart du temps représentée en mini jupe. Blonde, élancée, pleine de joie de vivre et souriante, elle a tout pour faire craquer le héros, mais aussi le lecteur. Utsumi lui est un vrai looser, incompétent, maladroit, timide, etc. Il a tous les défauts possibles et imaginables, sauf qu’il est loin d’être moche et est assez persévérant. Cela n’étant pas suffisant pour trouver l’âme sœur, il sera « coaché » par Kurokawa, jeune fille brune qui, visiblement, a elle aussi une grosse peine amoureuse. Elle a réussi à deviner l’amour secret que porte ce jeune homme pour la belle tenniswoman. S’en suit une quête amoureuse classique, un jeu de drague ou il faut progresser aux yeux de l’être aimé pour arriver à la conquérir sans la décevoir.

Les histoires de peine de cœur sont courantes au Japon. Tout comme celles mettant en scène un triangle amoureux servant de base à de nombreux quiproquos. Ici, ce n’est pas le cas, les rôles de chacun sont assez bien définis et peu de subterfuges sont employés afin de ralentir inutilement le récit. Quelques situations ambiguës subsistent bien évidemment, sinon où serait le piment d’un récit sentimental sans contradictions ?

« Good Ending » se différencie de la plupart des mangas sentimentaux destinés à un public masculin en ne proposant pas énormément de « fans service ». En effet, il y a peu de vue plongeant sur des décolletés de demoiselles aux seins sur-développés ou de contre-plongées sur des culottes ornées de fraise ou autre panda. Kei Sasuga a choisi une approche plus réaliste et moins caricaturale. On est bien loin des manga de Mizuki Kawashita (« Hatsukoi », « Anedoki », « Ichigo 100% ») même si l’ambiance générale et le public visé est a priori le même. Le dessin est également très proche. De belles lignes fines reproduisant avec détail et minutie les traits caractéristiques de chaque protagoniste. Des décors assez présents sans surcharger à outrance la page. Un gros travail de trame a été consenti afin de renforcer les nuances et facilité la lisibilité du dessin.

Pourtant, chassez le naturel, il revient au galop. Et c’est sous la forme des illustrations d’introduction que l’on peut constater que le « fan service » est bien présent et assumé. Si certains chapitres ont un dessin illustrant parfaitement le passage de l’histoire en cours, la plupart ont pour leur part des images sans équivoque ; juste placée là pour se rincer l’oeil. Rien de bien méchant quand même. Pas de nudité à outrance, rien ne se dévoile plus que la morale ne le permet. Mais les poses des héroïnes sont clairement inappropriées pour des adolescentes. Bref, on est dans un shônen, il ne faudrait pas l’oublier.

Tout cela fait de « Good Ending » un manga facile à lire et à apprécier. Il ne révolutionne pas le genre, mais a l’avantage d’avoir une histoire qui avance là ou d’autres tourneraient en rond. Le héros se comporte comme dans la vraie vie suite à un échec : il passe à autre chose. À réserver aux amateurs du genre bien évidemment. La série, en tout cas, semble avoir trouvé son public au Japon puisqu’aujourd’hui l’histoire s’étire sur une quinzaine de volumes.

Gwenaël JACQUET

« Good Ending » T1 & 2 par Kei Sasuga

Édition Kana (6,85 €) – ISBN : 9782505015352

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