OLVIS DABLEY BLOQUE EN COTE D’IVOIRE

Quinze mois avant la troisième édition du festival COCO BULLES en Côte d’Ivoire, pays en proie à une longue crise politico-militaire, cette conférence a pour but de rassurer les professionnels et l’opinion internationale quant à la crédibilité de cette manifestation biennale qui a réussi le pari de sa 2è édition en novembre 2003 en dépit de la crise.

32è FESTIVAL INTERNATIONAL DE LA BANDE DESSINEE


D’ANGOULEME


 


 


 


CONFERENCE DE PRESSE


 


 


 


Thème :               « Survie d’un festival BD en Afrique en période de crise : Cas de COCO BULLES en Côte d’Ivoire ».


 


Conférencier :     M. Olvis DABLEY


Directeur Exécutif Festival COCO BULLES (RCI)


Contact : (225) 21 56 44 47 / (225) 05 84 52 88


dabley@olvisdagency.com


 


 


 Démontrant dès lors, la résistance d’un marché locale – quand bien même émergeant – du 9è art sur le continent africain, en dépit de certaines contingences sociopolitiques.


 


 


« Survie d’un festival BD en Afrique en période de crise : Cas de COCO BULLES en Côte d’Ivoire »


 


 


 


 


Problématique


 


Parler de survie d’un festival BD en Afrique en période de crise relève d’autant plus de l’excès d’optimisme que les très rares festivals du genre sur le continent, ont déjà du mal à vivre en temps ordinaires.


 


Aujourd’hui, en Afrique francophone notamment, après les défuntes Journées Africaines de la Bande Dessinée au Gabon, seuls le Salon de la BD et de la Lecture pour Jeunesse en République Démocratique du Congo (RDC) et le festival COCO BULLES en Côte d’Ivoire, restent les plus importants pôles consacrés au 9è art. Cette situation déjà précaire se voit exacerbée par le climat d’instabilité causé par des crises politico-militaires dans ces pays, qui sont chacun, des pays clé en Afrique.


 


Eu égard à un ce contexte, n’est-on pas en droit de s’interroger sur les chances de survie de ces manifestations pourtant encore très jeunes en Afrique ?


 


 


 


 


Introduction


 


Si la bande dessinée n’a pas une longue tradition en Afrique, il n’y a point de doute aujourd’hui qu’en dépit de son incontournable problème d’édition, celle-ci contribue à la création artistique et littéraire sur ce continent largement illettré où domine encore la tradition orale.


 


Favorable à l’alphabétisation et la vulgarisation des langues locales, à la sensibilisation des masses sur certains fléaux et au divertissement, la bande dessinée est une réalité en Afrique. Elle a ses héros, se lit et se vend. Bien sûr, son marché reste encore à être intensifié et ses acteurs, à être mieux formés. Et c’est justement à ces questions que souhaitent entre autres répondre les festivals.


 


Malheureusement, de nombreuses difficultés d’ordre économiques rendent périlleuse l’organisation de ces événements sur le continent et des crises politico-militaires à répétition, comme celle en Côte d’Ivoire, rendent incertaine la viabilité desdits festivals dont les budgets reposent essentiellement sur les bailleurs de fonds bilatéraux et internationaux.


 


 


 


COCO BULLES: Peut-on espérer un lendemain avec la crise en Côte d’Ivoire ?


 


 


 A – Présentation


 


Festival biennal se déroulant au mois de novembre des années impaires, COCO BULLES est une manifestation de promotion culturelle destinée à favoriser le développement, la production et la commercialisation de la bande dessinée et du dessin de presse au Sud du Sahara et en Côte d’Ivoire en particulier.


 


Le festival COCO BULLES est composé de plusieurs événements spécifiques dont des expositions d’œuvres, de produits, de matériels et services, des concours artistiques, des ateliers et conférences, des dédicaces et autres animations publiques.


 


La première édition s’est tenue du 02 au 05 novembre 2001 avec un budget exécutif de 79 946 euros. La 2è édition du 06 au 09 novembre 2003 avec un budget de 141 310 euros. Le festival prépare actuellement sa 3è édition, reportée à la date du 06 au 09 avril 2006 à Abidjan en Côte d’Ivoire du fait de la crise actuelle. Le budget prévisionnel de cette prochaine édition est à l’étude.


 


Avec 4 000 visiteurs en 2001 et 6 000 en 2003, le festival gagne en ampleur et en crédibilité après avoir réussi, à un moment tumultueux de la crise ivoirienne, à drainer une cinquantaine d’auteurs et de professionnels en provenance d’Europe et d’Afrique contre seulement cinq en 2001. En effet, surmontant l’image d’un pays loin de l’apaisement, de fortes délégations de participants invités de Suisse, de France, de Belgique, d’Italie, d’Afrique du Sud, du Niger et du Cameroun ont foulé le sol ivoirien et partagé la passion du 9è art avec leurs pairs ivoiriens sur le thème de « Le dessin, facteur de réconciliation ».


 


 


 


B – Quelques effets induits du festival


 


 


B/1°) Au plan de la mise en réseau et de la diffusion des talents


 


Entre deux éditions, COCO BULLES a pu favoriser la mise en connexion de certains acteurs du secteur, mais aussi aidé à la diffusion de talents et de leurs productions, parfois même au delà du continent africain. En voici quelques exemples:


 


1- Le dessinateur Québécois Tristan Demers, invité à COCO BULLES a pu être programmé pour l’animation d’ateliers destinés aux enfants à l’édition 2002 du festival International de la bande dessinée de Sierre en Suisse grâce à sa rencontre à COCO BULLES avec monsieur Philippe Neyroud alors Directeur du festival suisse.


 


 


 


2- Sur financement de l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie, l’exposition de bande dessinée issue du projet « A l’ombre du Baobab » de l’ONG française Equilibres et Populations, livrant le témoignage d’une trentaine de dessinateurs africains sur l’éducation et la santé en Afrique, a pu amorcer une itinérance sur le continent africain après son vernissage à l’édition 2001 de COCO BULLES.


 


3- Le festival COCO BULLES, lors de son édition de 2001, à servi de cadre pour le lancement du 145è numéro de la revue « Notre Librairie » consacré à la bande dessinée du Sud, édité par l’Association de la Diffusion de la Pensée française sous l’égide du Ministère Français des Affaires Etrangères.


 


4- Grâce à leur participation à la 2 édition de COCO BULLES, le dessinateur français Jean-Claude Fournier, le suisse François Maret, les ivoiriens Serge Aliké et Karlos, et l’éditeur suisse Pierre Paquet ont été remarqués par mademoiselle Léontine Babenie, directrice du FESCARHY (festival de la caricature de Yaoundé) au Cameroun, qui les a programmé à l’édition 2003 dudit festival.


 


5- L’Ambassade de Suisse à Abidjan qui a contribué à la participation d’une forte délégation suisse à l’édition 2003 de COCO BULLES, a organisé, avec l’appui de la direction du festival, un concours de caricature sur la paix et la réconciliation en Côte d’ivoire en mars 2004, dont le lauréat, Eric Dago a pu bénéficier d’une invitation à l’édition 2004 du Festival de Sierre.


 


6- Le jeune dessinateur ivoirien Serge Aliké, triple lauréat pour le dessin de presse du concours « Regard d’Ailleurs » de COCO BULLES 2003 a été remarqué par le journal Gbich ! qui par la suite, l’a embauché.


 


 


B/3°) Au plan de la formation


 


1- Grâce à sa rencontre avec son compatriote, l’éditeur Pierre Paquet, lors de la 2è édition de COCO BULLES, madame Anne DUBUIS, Attachée Culturelle de l’Ambassade de Suisse à Abidjan a programmé en 2005 à Grand-Bassam, un séminaire d’échanges Nord-Sud entre des dessinateurs de presse d’origine suisse et leurs pairs africains. Ce séminaire devrait être sanctionnée par la publication d’un album collectif de dessins des participants.


 


 


B/2°) Au plan éditorial


 


L’échéance que représente COCO BULLES, suscite désormais auprès des jeunes auteurs et autres éditeurs, nombre de projets éditoriaux annonciateurs d’un éveil éditorial. Deux exemples cependant retiennent notre attention :


 


 


 


 


1- Publié à la veille de COCO BULLES 2003, l’album BLOLO BIAN du jeune auteur ivoirien Bertin Amanvi, lauréat d’un concours de bande dessinée organisé par l’ONG italienne Africa e Mediteraneo, a été programmé en dédicace dans le cadre du festival.


 


2- Edité en France par Albin Michel en janvier 2003, quelques mois avant la 2è édition de COCO BULLES, MAGIE NOIRE, la première bande dessinée de l’ivoirien Gilbert Groud qui connaît un grand succès d’estime en Europe, a été proposée au public ivoirien et dédicacé par l’auteur à l’occasion du festival.


 


 


C – Quel avenir du festival à l’horizon 2005-2006 ?


 


 


Les derniers développements de la crise ivoirienne avec les événements des 6, 7, 8 et 9 novembre 2004, ont provoqué le rapatriement massif d’occidentaux et en particulier de français qui constituent généralement une part importante du public du festival, ainsi que la délocalisation ailleurs en Afrique, de certaines de leurs entreprises, partenaires du festival. Sur le plan de la coopération bilatérale, certains programmes appuyant le festival, pourraient être suspendus si la situation politique ne s’apaise pas, tandis que l’année 2005, année électorale, est pressentie au vu de la crise comme la saison de toutes les éventualités. Tous ces facteurs, ajoutés au sentiment d’insécurité généralisé, pourraient décourager, sinon les bailleurs de fonds, du moins les participants étrangers.


 


En vue de contourner tous ces obstacles et assurer la survie d’une manifestation qui compte désormais sur les calendriers culturels internationaux d’une part, et d’autre part, qui s’envisage comme un marché continental du 9è art, stable et porteur, le Comité Directeur de COCO BULLES compte développer les atouts du festival :


 


 


C/1°) – Au plan structurel :


 


COCO BULLES est un projet initié et organisé par des jeunes résidant à Abidjan et voulant apporter leur pierre à l’édification de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique. Outre son ambition de décentraliser à terme, certaines de ces activités sur le continent et partout où cela sera possible en vue de se positionner comme « La Plus Grande Porte Ouverte sur la Bulle du Sud », le festival a pour siège permanent, la ville d’Abidjan. Si la persistance de la crise ivoirienne peut avoir pour conséquence de rétracter les appuis financiers étrangers, l’épreuve qu’elle représente devrait renforcer la capacité de prise en charge locale de projets d’intérêt nationaux tel que COCO BULLES. Et c’est dans ce sens que travaille actuellement le Comité. Qui a, en conséquence, décidé de la tenue de la 3è édition du festival, du 06 au 09 avril 2006 au lieu du 10 au 13 novembre 2005 comme initialement programmé.


 


 


 


 


C/2°) – Au plan environnemental :


 


Le festival COCO BULLES prend ancrage dans un environnement de brassage et de foisonnement artistique et culturel, caractéristique de la forte diversité démographique et ethnique propre à la Côte d’Ivoire. La bande dessinée, culture des masses, s’y forge un langage et des codes propres qui lui favorisent un grand succès d’estime de la part du public. Les initiatives éditoriales dès lors croissantes sur le terrain (presse spécialisée, sorties d’albums etc.) conforte un marché local émergeant, certes ralenti par la crise, mais que peut contribuer à stimuler COCO BULLES.


 


 


C/3°) – Au plan médiatique :


 


Le site Web du festival (www.cocobulles.com ou www.assisweb.net/cocobulles), assez visité, rend compte de chacune des éditions du festival et prolonge ainsi, par le souvenir et la découverte, la vie en line de la manifestation. En dépit de la crise, ce support Web qui est très souvent actualisé, sera l’un des instruments par lequel seront lancées les activités connexes au festival. Au nombre de celles-ci, le concours international de dessin de presse et de bande dessinée du festival dénommé « Regards d’Ailleurs » dont découle le palmarès du festival.


 


 


C/3°) – Au plan budgétaire


 


Comparativement à la première édition de COCO BULLES, l’on a remarqué lors de la 2è édition en 2003, un accroissement notable du nombre et du volume des appuis institutionnels, dont la plupart émane des bailleurs de fonds internationaux.


Les sponsors privés locaux ont, pour leur part réitéré leur confiance ; pour les uns, manifesté leur intérêt pour les autres; renforçant ainsi la liste des partenaires du festival. Quant aux médias, en accordant des budgets publicitaires substantiels au festival, ils ont participé à élargir sa notoriété et renforcé sa crédibilité.


Si selon l’adage, « c’est en période de difficultés qu’on reconnaît ses vrais amis », le comité d’organisation ose espérer que les partenaires du festival réitéreront leur participation dans le cadre de la prochaine édition. Toutefois, en vue de parer à toute éventualité, le comité envisage, si cela s’impose, d’appuyer le financement du festival sur des fonds propres quant à s’accommoder d’une programmation plus modeste; le plus important étant de maintenir la manifestation.


 


 


CONCLUSION


 


Les crises politico-militaires que traverse l’Afrique ont pour conséquence de paralyser l’activité culturelle qui est largement tributaire de l’environnement politico-économique. C’est pourquoi, il est légitime de s’interroger sur la survie des festivals BD en Afrique en période de crise.


Mais bien que ne pouvant être généralisé, l’étude du cas de COCO BULLES en Côte d’Ivoire nous permet d’être optimistes. La bande dessinée et ses festivals, peuvent en effet survivre aux crises en Afrique s’il se met en place une réelle détermination des promoteurs, structurés et conscients de leurs atouts sur le terrain d’une part, et d’autre part, si ceux-ci développent une capacité à compter d’abord sur leurs ressources locales avant d’espérer tout appui extérieur.

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