Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...René Follet
Extraordinaire illustrateur réaliste, hélas trop méconnu, même par les grands amateurs de bandes dessinées, René Follet (né en 1931) est aujourd’hui mis à l’honneur par trois initiatives dues à une passionnée convaincue de son immense talent : Marie Moinard.
Cette dernière, éditrice de la petite structure Des ronds dans l’O, vient de boucler (en co-édition avec François Boudet) le troisième et dernier album de l’intégrale de la série « Yvan Zourine », somptueux western sibérien écrit par Jacques Stoquart. Ce bel album cartonné réunit trois courtes histoires avec ce personnage : l’une publiée dans le pocket Tintin Sélection en 1974, et les deux autres dans Spirou, dix ans plus tard, lors d’une vaine tentative de résurrection qui consistait à traduire ces épisodes réalisés à l’origine pour le magazine hollandais Eppo, en 1976 ; un texte de liaison, dû à la plume du scénariste d’origine (enluminé par des illustrations totalement inédites de ce graphiste étonnant qu’est René Follet et où le héros, qui a vieilli, raconte quelques une des ses aventures passées à son petit-fils), rend le tout totalement cohérent. Pour fêter dignement l’événement, Marie Moinard lance aussi un mini-site, bourré d’informations, entièrement consacré à cette série créée dans l’hebdomadaire Tintin, en 1974 (http://www.zourine.desrondsdanslo.com) et va bientôt sortir une monographie, qu’elle a elle-même rédigée, sur Jacques Stoquart : « Stoquart, sur les pas d’un scénariste », ceci, toujours aux éditions Des ronds dans l’O (http://www.desrondsdanslo.com ).
Enfin, une exposition des planches originales d’« Yvan Zourine », qui s’annonce magnifique, mettra également à l’honneur toute la carrière de René Follet (il y aura, entre autres, les divers chromos qu’il dessina, à l’âge de 14/15 ans, pour la bibliothèque du chocolat l’Aiglon, en 1945), pendant la 6ème édition du Festival des Artistes-Ecrivains-Voyageurs de La Plagne (www.salondulivrelaplagne.com), du 9 au 13 août 2008 : un rendez-vous à ne pas manquer !
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur René Follet, nous leur conseillons, bien sûr, de se procurer, dans un premier temps, ces trois albums consacrés à « Yvan Zourine » et le livre sur Jacques Stoquart, mais aussi le remarquable ouvrage très illustré : « René Follet, un rêveur sédentaire » de Jozef Peeters, aux éditions l’Âge d’Or (http://www.bdcharleroi.com). Alors, vous saurez tout sur ce dessinateur discret et généreux : de ses premiers travaux pour les scouts à ses derniers albums humanistes publiés aux éditions Casterman (comme « Shelena », en 2005, d’après Jéromine Pasteur, ou « L’étoile du soldat », en 2007, d’après Christophe de Ponfilly), en passant par ses illustrations des romans de Jean Ray, alias John Flanders, ou d’Henri Vernes. Comme il le dit lui-même, René Follet est « un illustrateur qui s’est fréquemment égaré dans la bédé » ! Pourtant, on ne peut être que persuadé que c’est un grand du 9ème art en admirant les planches d’« Yvan Zourine », ou celles qu’il a réalisé pour des séries comme « Les plus belles histoires de l’Oncle Paul » (sur des textes d’Octave Joly, dès 1951, pour Spirou), « Rocky Bill » (avec Yves Duval, en 1953, dans Tintin), « Peggy, petit oiseau sans ailes » (toujours avec Duval, en 1956, dans La Semaine de Suzette), « Alain Brisant » (avec Maurice Tillieux, en 1967, pour Spirou), « Les Zingari » (avec Yvan Delporte, en 1971, pour Le Journal de Mickey), « Steve Séverin » (avec Yvan Delporte puis Jacques Stoquart et Gerard Soeteman, en 1975, pour Eppo), « Jean Valhardi » (avec André-Paul Duchâteau, en 1981, pour Spirou), « Edmund Bell » (avec Jacques Stoquart puis Martin Lodewijk, en 1986, dans Spirou et pour les albums Lefrancq), « Daddy » (avec Loup Durand, en 1991, pour les éditions Lefrancq), « Ikar » (avec Pierre Makyo, en 1995, dans Spirou et pour les albums Glénat), « Les autos de l’aventure » (avec Jean-Claude De la Royère, en 1996, pour les albums publicitaires des éditions de l’Yser et Chevrons), « Terreur » (avec André-Paul Duchâteau, pour deux albums de la collection « Signé » du Lombard en 2002 et 2004)…, sans oublier ses histoires complètes transcendant de courts scénarios de Raoul Cauvin (en 1985), de Fabien Vehlmann (en 1999), de Jean-Louis Janssens (en 2000) ou de Alcante (en 2002), dans le vénérable hebdomadaire Spirou !
Pour compléter ce parcours peu anodin, sachez aussi que René Follet mit régulièrement, d’une manière très discrète et souvent anonyme, son talent graphique au service de nombre de ces collègues. Ainsi, il accepta des collaborations dans l’ombre de MiTacq (sur « Jacques Le Gall » et « Stany Derval ») ou de William Vance (pour des crayonnés préparatoires sur des séries comme « Bob Morane », « Bruno Brazil », « Bruce J. Hawker » ou « Marshal Blueberry »). Réciproquement, ces deux vedettes de la bande dessinée franco-belge lui donnèrent un coup de main pour l’encrage de certaines pages d’une adaptation de « L’Illiade », aux éditions Hachette, en 1974, qu’il réalisa avec Jacques Stoquart (l’album ne paraîtra finalement qu’en 1982, aux éditions Glénat). René Follet fit également de nombreux croquis pour aider José Ramon Larraz, Jean-François Charles et Makyo, sur divers travaux, et il réalisa même un story-board complet pour Denis Merezette (album « Harricana » aux éditions Lefrancq en 1992), en tant que conseiller artistique : chapeau l’artiste !
Gilles RATIER