Par une opération surnaturelle, une trentenaire de nos jours se réveille dans le corps de la libraire new-yorkaise Tabatha Sands, au mois d’octobre… 1959 ! Après avoir repris ses esprits, elle décide de s’accommoder de cette curieuse situation et s’apprête à attaquer une nouvelle journée de jeune citadine, en compagnie de ses deux colocataires à la recherche d’emplois. Elle accompagne l’une d’elles à un casting et est choisie pour jouer la mascotte de Greenwich Village. Désormais affublée d’un costume de sorcière, elle va être confrontée au machisme de l’époque et se retrouver impliquée, puisque nous sommes en pleine guerre froide, dans une affaire d’espionnage : un jouissif récit rocambolesque réalisé volontairement sous contraintes feuilletonesques…
Lire la suite...« Agence Hardy » T7 (« Les Diamants fondent au soleil » par Annie Goetzinger et Pierre Christin

Cette série policière concoctée par la dessinatrice Annie Goetzinger et le scénariste Pierre Christin (dont l’association a déjà produit nombre de chefs-d’œuvre du 9e art comme « La Demoiselle de la légion d’honneur » ou « La Voyageuse de la Petite ceinture ») se veut volontairement – et subtilement – désuète : mêlant toujours aussi habilement comédie sentimentale, investigation policière et chronique sociale d’une époque disparue. Ça sent si bon la France, du début des années 60 !
Quittant son 12ème arrondissement parisien, cette belle femme blonde âgée d’une quarantaine d’années qu’est Édith Hardy marche sur les traces du Nestor Burma de Léo Malet : elle se rend dans les beaux quartiers, place Vendôme, où un prestigieux joaillier lui confie une affaire, aussi cocasse que douloureuse, concernant la réapparition surprise de diamants volés à une grande famille juive de collectionneurs mélomanes, laquelle a été exterminée par les nazis pendant la guerre.
Si, pendant les premières pages, notre charmante détective se balade une nouvelle fois dans le décor humain et urbain d’un Paris d’après-guerre parfaitement recréé, elle va vite devoir se rendre en Algérie, pays ravagé par ce que l’on appelait alors les «événements» : l’histoire prend, alors, une tournure politique en lorgnant du côté des romans d’espionnage à la John LeCarré ; le sens narratif aiguisé du scénariste de « Partie de chasse » et de « Valérian » permettant aussi, finalement, de dresser le magnifique portrait d’une femme évoluant dans un monde en pleine mutation.
Et, bien entendu, on ne peut être qu’admiratif devant le graphisme raffiné et élégant d’Annie Goetzinger ! Comme à son habitude, la dessinatrice « modiste » (elle a notamment conçu les costumes de la première adaptation théâtrale française d « Autant en emporte le vent » et a souvent collaboré avec le Musée du costume) excelle dans la représentation stylisée de ses personnages et dans la réalisation artisanale de ses couleurs pastel…
Gilles RATIER
« Agence Hardy » T7 (« Les Diamants fondent au soleil » par Annie Goetzinger et Pierre Christin
Éditions Dargaud (11,99 €) – ISBN : 978-2205-06709-5
Ping : Annie Goetzinger : des premiers pas déjà tout en élégance… | Petites Histoires Coquines Petites Histoires Coquines