Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« La Peau de l’ours » par Oriol et Zidrou

Lipari est une petite île italienne, située au nord des côtes siciliennes, probablement habitée d’individus pittoresques comme ce vieux monsieur Don Palermo (nom on ne peut plus local !) qui a fait toute sa carrière (« carrière », est-ce bien le mot qui convient ?) auprès d’un certain Don Pomodoro dont il était l’aide de camp, autrefois, aux Etats-Unis. Mais Pomodoro n’est pas un employeur ordinaire, c’est un chef de la mafia, un homme sanguin et sanguinaire, plus furieux que fou, bref, un chef incontesté, et pour cause il pense en tuant et fait le ménage en trucidant sans compter.
Pourquoi Palermo est-il devenu son proche « collaborateur » ? ! C’est contraint et forcé. Lui qui travaillait dans un cirque et vouait un attachement immodéré pour son ours savant, a vu le Pomodoro abattre froidement l’animal, puis engager son dresseur qui n’avait, du coup, plus d’ours à montrer ! Dans un pays chaud, la vengeance peut être un plat qui se mange froid, alors Palermo patiente, repousse, médite, prémédite… Qui plus est, le truand a une fille qui lit Steinbeck et ne rechigne pas à lui faire l’amour… Ca retarde et ça complique les choses, faut comprendre !
Cette histoire, on l’apprend des souvenirs qu’égraine Don Palermo, devenu vieux et aveugle, à Amadeo, un jeune homme qui lui lit l’horoscope. Amadeo est un natif de Lipari, dragué par Silvana, une jeune Italienne un peu nymphomane qui a souvent le cul nu, mais la tête un peu vide. Curieusement, ce grand dadais hésite, le soleil du sud sûrement qui ramollit les neurones et la libido !
« La Peau de l’ours » – on reconnait le proverbe – est une incontestable réussite, un de ces scénarios adultes, sans concession ni de mots, ni d’images. L’auteur de « Lydie » ou d’autres titres aussi sérieux (voir en note), se lâche de plus en plus, et cela lui réussit, car voilà un récit implacable et beau, doté d’une écriture léchée et alléchante, de personnages forts, d’un cadre pittoresque, le tout dessiné à la serpe par un Oriol dérangeant. Oriol Hernandez aiguise les nez, assèche les membres, désincarne ses individus et, pourtant, vitalise son petit monde comme pas un et le rend attachant (pour Pomodoro, crapule sans faille, c’est évidemment plus dur : !).
Alors, bon voyage en mer tyrrhénienne…
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
« La Peau de l’ours » par Oriol et Zidrou
Éditions Dargaud (14, 99 €) – ISBN : 978-2-5050-1137-8
PS : Découvrir aussi :
« La Vieille dame qui n’avait jamais joué au tennis : & autres nouvelles qui font du bien » (Dupuis, 2009)
« Joyeuses nouvelles pour petits et grands enfants » (Dupuis, 2010)
« Le Montreur d’histoires » (Le Lombard, 2011)