Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« La Balade de Yaya » T5 (« La Promesse ») par Golo Zhao et Jean-Marie Omont
En février 2011, nous vous parlions d’une nouvelle série destinée aux enfants, « La Balade de Yaya », dont l’action se situe en Chine en 1937.
Un scénariste français, Jean-Marie Omont, et un dessinateur chinois, Golo Zhao, se sont alors associés pour raconter cette histoire très touchante. Deux enfants de huit ans en sont les héros : Yaya, une fillette choyée par ses parents, et Tuduo, un gamin des rues. Ces deux là , qui évoluent dans des univers très différents, se rencontrent et se retrouvent plongés dans la tourmente déclenchée par l’arrivée de l’armée japonaise à Shanghai.
Très vite, « La Balade de Yaya » a été remarquée par la critique et les lecteurs et elle s’est fait une place dans l’abondante production d’albums de bande dessinée.
Les épisodes se sont succédé à un rythme soutenu et l’on a pu ainsi suivre avec plaisir les pérégrinations de ces deux enfants dans un monde en guerre, où ils ne doivent compter que sur eux-mêmes pour survivre. Là est l’un des atouts majeurs de « La Balade de Yaya » : malgré l’égoïsme, la cruauté et la noirceur de cette époque troublée, Yaya et son ami Tuduo savent garder intactes leur fraîcheur, leur amitié et leur capacité à sublimer le réel. L’on passe du noir au clair, de la réalité implacable à la poésie.
Durant ces quelques mois, Yaya et Tuduo ont vécu bien des aventures ensemble. Ils sont parvenus à échapper à l’infâme Zhu qui les retenait prisonniers à Shanghai, ont réussi à quitter la ville bombardée par les Japonais grâce à un petit cirque ambulant, ont échoué sur une île déserte, et ont déjoué tous les pièges qui les guettaient.
Yaya veut retrouver ses parents qui se sont réfugiés à Hong Kong et Tuduo pense à retrouver son jeune frère qu’il a confié à un orphelinat.
Lorsque nous les retrouvons dans ce cinquième tome, « La Promesse », nos jeunes héros, grâce à l’aide de Chan, une jeune femme énergique, sont parvenus à fuir l’île aux Perles, sur laquelle ils avaient échoué. Mais ils ne sont pas encore sortis d’affaire. Leur ancien geôlier, Zhu, les poursuit toujours. Tuduo est malade, souffrant d’une forte fièvre qui le rend inconscient, et Pipo, l’oiseau de Yaya et le narrateur de cette histoire, a un mal de mer carabiné.
Pourtant, ils gardent l’espoir de retrouver leur famille. Chan leur a promis qu’elle les emmènerait jusqu’à Hong Kong. Mais auparavant, elle doit se rendre près des chutes de Baizhang Ji pour y retrouver sa fille.
Yaya et Tuduo ne sont pas au bout de leurs peines …
Cette « Balade de Yaya » tient toutes ses promesses au fur et à mesure des albums. La qualité graphique est remarquable, alternant avec une égale maîtrise le clair et le sombre, les moments de tendresse et l’accélération soudaine du temps et de l’action. Les deux enfants sont toujours très attendrissants et l’on peut lire sur leurs visages expressifs une large gamme de sentiments et d’émotions. Les auteurs savent installer au détour d’une planche de jolis oasis de bonheur qui permettent des respirations, et distiller quelques notes d’humour bienvenu, par la voix de Pipo, l’oiseau narrateur. Une œuvre sensible et intelligente à découvrir d’urgence si cela n’est pas encore fait.
Catherine GENTILE
« La Balade de Yaya » T5 (« La Promesse ») par Golo Zhao et Jean-Marie Omont
Éditions Fei (8,50 €) – ISBN 978 2 35966 029 6
Très bon scénario. Une vraie réussite