Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« La Lignée » T1 (« Antonin 1937) par Olivier Berlion et Laurent Galandon, avec Jérôme Félix et Damien Marie

Les membres de la famille Brossard seraient les victimes d’une malédiction qui condamne les aînés à mourir l’année de leurs trente-trois ans… Quatre scénaristes se sont associés pour imaginer, ensemble, la trame et les séquences des quatre tomes qui vont raconter cette épopée familiale tragique, sur fonds d’événements historiques.
En attendant de connaître le destin de Marius, le prêtre-ouvrier à Brest en 1954 (dirigé par Jérôme Félix), celui de Maxime, nihiliste adepte de « Sex, drugs and rock ‘n’ roll » dans le New York de 1973 (orchestré par Olivier Berlion), et ceux de Diane et David pendant le génocide qui a eu lieu au Rwanda en 1994 (un final concocté par Damien Marie), c’est Laurent Galandon qui s’y colle pour démarrer cette saga quasi christique : quelles vont donc être les conséquences des choix d’Antonin qui, en novembre 1937, part à Barcelone pour combattre les Franquistes et rejoindre une belle Espagnole qui rêve de devenir comédienne ? En laissant une grande part à l’épopée de la Guerre d’Espagne et en injectant son lot habituel d’humanisme et de professionnalisme dans son écriture scénaristique, l’auteur de « L’Envolée sauvage » ou des « Innocents coupables » nous donne, vraiment, envie de savoir comment ses trois autres collègues vont pouvoir donner suite à son travail d’investigation ; d’autant plus qu’il est assez évident que son intérêt manifeste pour l’Histoire a été aussi un atout non négligeable pour cette belle mise en bouche…
Et comme c’est Olivier Berlion, lui-même, qui s’est aussi occupé de la partie graphique, avec autant de ferveur et d’efficacité, le lecteur ne pourra qu’être satisfait : le dessinateur ayant, semble-t-il, retrouvé la maestria que l’on avait pu constater sur ses one-shot réalistes « Lie-de-vin » et « Rosangella » (scénarios de Corbeyran) ou sur sa propre série « Tony Corso ».
Évidemment, certains vont objecter qu’il s’agit, encore, d’une série-concept réalisée à plusieurs mains et qu’il n’y a donc, là, rien de bien original ! Peut-être, mais il faut bien reconnaître que celle-ci démarre plutôt bien et que l’on sent qu’elle a profité des expériences, des tâtonnements, des erreurs, mais aussi des réussites narratives, testés par tous les acteurs des « Décalogue », « Triangle secret », « Pandora Box », « Alter ego » et autres « Destins » ! Et voilà qui, par ailleurs, tombe à point nommé pour fêter, dignement, les dix ans des toujours intéressantes productions Grand Angle, le label « réaliste » des éditions Bamboo !
Gilles RATIER
« La Lignée » T1 (« Antonin 1937) par Olivier Berlion et Laurent Galandon, avec Jérôme Félix et Damien Marie
Éditions Bamboo-Grand Angle (13,90 €) – ISBN : 978-2-8189-0912-6