Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...Jordi Bernet : l’international !
Entre la réalisation de deux épisodes de « Paul Foran »(1), et ceci malgré les tristes conditions de travail offertes, alors, par l’édition ibérique (censure, droits inexistants…), Jordi Bernet accepte de travailler à nouveau pour l’agence Bardon Art sur une bande dessinée humoristico-sexy destinée à l’Allemagne : « Wat 69 », écrite par son oncle Miguel Cussó !
Elle sera publiée, en 1972, dans Pip, le nouveau mensuel lancé par les éditions Rolf Kauka !
Les lecteurs francophones, quant à eux, devront attendre janvier 1987 pour en découvrir dix planches dans le n°16 du magazine Censuré : « À cette époque-là, il était bien rare pour nous, dessinateurs d’aventures, qu’il y ait des personnages féminins dans les histoires que nous dessinions. Donc, pas moyen de se faire la main. J’ai fini par savoir fort bien dessiner un personnage masculin, mais pour ce qui était des personnages féminins, c’était un vrai désastre… Je ne fus guère satisfait de « Wat 69 » et je l’ai abandonné assez vite pour me replonger dans les sujets d’aventure… Mon seul souci était de m’en tirer sans trop de casse. Le moins qu’on puisse dire, c’est que je manquais encore d’expérience dans ce domaine. »(2).Il dessinera aussi une courte histoire de terreur (scénario de Gardner Fox) pour les comics de la Marvel, toujours via Bardon Art : « Revenge of the Unliving » dans Vampire Tales, nº 1, en 1973.La même année, pour le même marché allemand (dans la revue Primo de Rolf Kauka), Bernet crée « Andrax », un long récit post-apocalyptique également écrit par son oncle (mais aussi par lui-même pour certains épisodes). Avec son trait en noir et blanc, de plus en plus sûr, dynamique et élégant, Jordi Bernet va dessiner cette série pendant trois ans, livrant plusieurs centaines de pages ; jusqu’à ce que l’éditeur disparaisse en laissant en plan revues, auteurs, rédacteurs et imprimeurs. En France, on a pu lire cette série de science-fiction dans le pocket Pirates (chez Aventures et voyages), entre 1984 et 1985. Les deux premiers épisodes, non massacrés par le remontage de cette première version, seront réédités dans un petit album souple aux éditions Peplum, en 1990 : « Le héros blond d’« Andrax » était un athlète revenant à la vie après un sommeil artificiel de deux mille ans qui retrouve une terre retournée à l’état de barbarie. Cette série a rapidement connu un très vif succès en Allemagne, mais l’éditeur est brusquement parti pour le Brésil, « oubliant » au passage de nous remettre les originaux. Encore une mauvaise affaire ! »(3).Entre-temps, en 1975, Jordi Bernet reprend, pour l’agence espagnole Seleciones illustradas de Josep Toutain, à la suite de José Ortiz (et en alternance avec celui-ci), les exploits d’« El Cuervo » publiés dans la revue Kung-Fu : une série mettant en scène un privé adepte d’arts martiaux, dont les scénarios sont écrits par Andreu Martin, Carlos Etchevarria ou Josep Toutain, lui-même. Rebaptisée « Tsé Khan » en France, dans le pocket Atémi des éditions Aventures et voyages (de 1977 à 1981), cette bande dessinée, que Bernet reconnaît avoir dessiné à toute vitesse jusqu’à la fin des années soixante-dix (en 1979 pour être précis), compte plus de mille pages : « Ortiz ne pouvait pas produire deux épisodes mensuels, alors Toutain me proposa d’en dessiner un chaque mois. Comme à l’époque j’avais déjà quitté « Andrax », j’acceptais. Mes récits étaient indépendants de ceux dessinés par Ortiz ; bien qu’ayant les mêmes personnages, chacun les interprétait à sa façon… C’était une série alimentaire mais j’ai toujours essayé de transformer les productions alimentaires en séries utiles pour moi, car cela m’a permis de faire des essais, d’améliorer ma technique en étudiant les mouvements des personnages, en m’adaptant au style… »(4).
À la même époque, en 1976, l’Espagnol Jordi Bernet travaille aussi pour l’éditeur italien Universo et sa revue Il Intrepido sur quelques récits complets, dont trois ont été traduits en français dans les revues Bliz et Fog des éditions Arédit, en 1980 : « Les scénarii m’arrivaient d’Italie. La plupart étaient des westerns, plus quelques récits de séries noires. Ils ne me rendaient pas les originaux mais comme j’étais alors très intéressé par les westerns, ça m’a permis de cultiver ce thème à mon aise. »(4).
Pourtant, pour Jordi Bernet, les originaux, c’est quelque chose de sacré ! C’est d’ailleurs en grande partie parce que l’éditeur Josep Toutain était l’un des rares à lui rendre toutes ses planches originales, sans faire d’histoires, que notre dessinateur revient travailler au pays ! Il faut dire, aussi, qu’après la chute de Franco, le contexte éditorial en Espagne a bien changé. Ainsi, les nouvelles revues, qui offrent désormais des conditions de travail similaires à celles de la France ou de la Belgique (ceci afin de faire revenir les auteurs autochtones expatriés), se multiplient ; à l’instar du Cimoc des éditions Norma, où notre dessinateur va créer « Sarvan », une plantureuse héroïne d’heroic-fantasy scénarisée par Antonio Segura (après une tentative avortée par Enrique Sánchez Abuli), à partir de 1981 : « L’éditeur Rafael Martinez m’a proposé une série d’aventures dont le protagoniste était un personnage féminin. Il paraît qu’on lui avait dit que je dessinais bien les femmes !?! Revenu de ma surprise, j’ai accepté, pensant que c’était l’occasion ou jamais : ce n’est qu’en embarquant dans une série de ce genre que j’apprendrai, une fois pour toutes. Cette série s’intitulait « Sarvan » et c’est là que, en toute modestie, j’ai appris à mouvoir cette chose admirable et difficile à dessiner qui s’appelle une femme… Quand j’ai dessiné « Sarvan », j’avais beaucoup plus d’expérience… Cette série m’a fait découvrir un tas de choses sur l’art de dessiner les femmes. J’ai dû travailler dur parce que « Sarvan » était en concurrence avec un autre grand personnage féminin, publié par un autre éditeur [Josep Toutain, ndlr.], la « Ghitá de Alizarr» [« Ghita of Alizarr »] de Frank Thorne, grand dessinateur américain de pin-up. »(2).
En France, la série a été traduite « Sarvane » dans la deuxième version de Charlie Mensuel (qui appartenait alors aux éditions Dargaud), entre 1984 et 1985, et sera compilée dans un album proposé par cet éditeur, en 1985, puis dans un second chez Magic-Strip (« Le Secret de Gor », en 1986). Pendant cette période, Bernet dessine aussi quelques histoires plus courtes comme « Regulus » (dans le même style que « Wat 69 ») pour la revue Chito Special des éditions Grafimart, en 1976.
Mais c’est en 1982, avec la reprise graphique de la série « Torpedo », dont le héros est un tueur à gage, que Jordi Bernet accède, enfin, à une reconnaissance internationale. Pourtant, les deux premiers scénarios écrits par Enrique Sánchez Abuli pour la version espagnole du magazine Creepy ont d’abord été mis en images par Alex Toth.
Seulement voilà, le dessinateur américain, choisi par l’éditeur Josep Toutain, n’a pas la même conception du héros que le scénariste (il voulait faire, de ce gangster, un « gentil » et se serait permis de modifier certains dialogues). Les deux hommes en restent donc là : « J’ai rencontré Enrique par hasard. C’était en 1981, un an après l’échec de la collaboration avec Alex Toth. Le projet « Torpedo » avait été mis en sommeil et le personnage me plaisant, nous avons repris la série. Petit à petit, « Torpedo » a évolué vers un registre plus comique ; nous avons rééquilibré le mélange entre la violence et l’humour… En fait, c’est un reflet de nos goûts particuliers. J’aime le cinéma américain des années trente-quarante, le jazz et l’illustration américaine de l’époque et Enrique, lui, aime beaucoup le roman noir. Torpedo, c’est un personnage contradictoire… Comme nous ! »(5). Publié ensuite dans les magazines espagnols Comix International, Totem el Comix, Co & Co ou Top Comics, cette drôle de série, hyper-violente et totalement amorale, connaît même les honneurs du quotidien El Pais, en 1990 ; ceci avant d’obtenir son propre magazine (Luca Torelli es… Torpedo, chez Makoki, en mai 1991) et d’être adapté au théâtre, puis en dessin animé, le temps d’un petit métrage de vingt-cinq minutes basé sur l’épisode « Tic-tac », en 1996. Édité par Glénat Espagne, à partir de 1994, « Torpedo » est publié alors dans Viñetas et, parallèlement, sous forme de comic books.
Le succès est international et, en France, la série est proposée dans le mensuel Spécial USA des éditions Albin Michel, dès le n°1 de mars 1983 ; revue qui deviendra USA Magazine en novembre 1986, étant passé dans l’escarcelle des éditions Glénat. Quelques épisodes sont aussi proposés dans les hors-série de cette revue devenue bimestrielle, ainsi que dans L’Écho des Savanes (en 1986 et 1987).Au total, la série comportera quinze albums qui comportent, chacun, quelques épisodes non pré-publiés en sus : les six premiers chez Albin Michel (entre 1983 et 1987), les huit suivants chez Comics USA – label de Glénat – (entre 1987 et 1999) et le dernier, qui ne comporte que de l’inédit, chez Toth (en 2004) ; Glénat n’ayant pas voulu l’éditer car le jeu n’en valait plus la chandelle…
D’autant plus que les auteurs ont arrêté de travailler ensemble, suite au fait que l’ego de Sánchez Abuli ait été mis à mal après la diffusion, à la télévision, d’une chanson à la gloire de Torpedo : il n’y était question que de Bernet ! Le scénariste, blessé, décide alors de faire un procès à l’interprète ibérique (un certain Loquillo), au parolier et à la maison de disques, mais aussi à Jordi Bernet qui aurait dû, d’après lui, leur mentionner qu’ils avaient oublié le nom de Sánchez Abuli ! Coup dur pour Bernet qui ne comprend pas cette réaction : « Depuis dix-huit ans que je dessine la série, j’ai développé une ambiance, des personnages, tout un monde que j’aime. Dommage que ça finisse comme ça. »(6)…En attendant, en ces débuts des années quatre-vingt, Jordi Bernet se concentre plutôt sur le marché espagnol, en participant, notamment, au magazine Metropol fondé par un groupe d’auteurs, parmi lesquels figuraient le scénariste Antonio Segura et les dessinateurs Manfred Sommer ou Leopoldo Sánchez : « Pour Metropol, on avait beaucoup insisté pour que j’y participe et, avec Antonio Segura, avec lequel je faisais déjà « Sarvan » pour Cimoc, on se mit à discuter de ce que l’on pourrait faire pour la revue. Ce fut la fameuse séquence des cloaques, dans le film « Le Troisième homme » de Carol Reed, qui nous inspira la création de « Kraken » ; tout cela coïncida avec un fait divers de l’époque : on avait retrouvé un être vivant, à demi déformé par l’humidité, dans des tuyauteries à Sabadell (près de Barcelone) et il se trouve à présent dans un musée. Il faut noter que « Kraken » est la seule série, parmi toutes celles parues dans Metropol, qui a survécu à la disparition du titre… »(4).Alors qu’elle se poursuit en Espagne dans le magazine Zona 84, quatre épisodes de cette série créée en 1983, où un monstre invisible, vivant dans les égouts, terrorise une société futuriste fasciste, sont aussi proposés, en France, dans le mensuel Métal hurlant, en 1987. L’intégralité de ces récits comportant entre six et quatorze planches sera compilée, sans ordre chronologique précis, dans quatre albums différents : l’un en 1986 aux éditions Gilou (lequel sera réédité en couleurs, avec un épisode inédit, chez Soleil, en 1991) et les trois autres aux Humanoïdes associés (en 1987 et 1988).
Glénat, via sa filiale Drugstore, vient tout juste de les rééditer chronologiquement, dans le somptueux noir et blanc d’origine, au sein d’une belle intégrale qui propose, en supplément, les dessins réalisés pour les couvertures des albums précédemment cités, une double page publiée uniquement en Espagne, une préface de Jean-Pierre Dionnet et une postface de Bernet : « Ce livre est dédié à son scénariste, Antonio Segura. Écrivain à l’imagination et au talent immenses, il sut me transmettre son enthousiasme, de magnifiques vibrations, en écrivant les incroyables scénarios de « Kraken ». Ses histoires m’ont permis de m’éclater comme jamais en dessinant des ambiances sordides, des ombres expressionnistes presque douées de vie – indépendantes, bien souvent, des silhouettes qui les projettent -, des tunnels, des égouts, de la crasse, des malfrats à visage de rats, des mères assassines, beaucoup de fils de pute, de l’action, de la violence, des sentiments, des jolies filles, un antihéros qui semble avoir tout vécu, et des séquences graphiques qui, sans aucun doute, feront toujours partie des meilleures que j’aie jamais réussies au cours de ma longue carrière de dessinateur de bande dessinée. À cette période, il faut le souligner, il était possible de créer des récits comme « Kraken », car le contexte permettait plus de liberté de style : il existait plusieurs supports commerciaux pour publier les créations des auteurs, puisque paraissaient encore des magazines de bandes dessinées pour adultes. C’était une époque où l’on pouvait faire marcher sa machine à écrire ou son pinceau en toute liberté… » !Dans ces magazines espagnols, Jordi Bernet va aussi illustrer d’autres courts récits complets comme « ¡ Vuelvea casa, George ! » dans Cimoc, en 1982, ou « El Contrato » sur un scénario d’Antonio Segura dans Metropol, en 1983 (lesquels seront traduits en français dans les bimestriels Ère comprimée et Fantastik des éditions bayonnaises Campus, en 1986 et 1987), ainsi que d’autres pour les Comix International ou Totem de Toutain (en 1984 et 1990) et dans Luca Torelli es… Torpedo (« Nada, sólo un recuerdo », un scénario de l’Italien Roberto Dal’ Pra, en 1991, traduit par « Rien qu’un souvenir » dans le magazine Brazil, en 1994) ;
ils seront pratiquement tous proposés dans l’anthologie intitulée « Fuera de serie », publiée chez Glénat Espagne (en 2000) : « En Espagne, nous sommes passés de la censure franquiste au marché le plus libre du monde ! Il nous arrivait de faire des cases spéciales soft pour le Danemark ou la Suède alors que chez nous, tout était permis ! Ça donnait aux créateurs une liberté incroyable. Aujourd’hui encore, je regrette parfois cette ambiance. ».(6).
Mais il y met surtout en images d’autres scénarios tragicomiques d’Enrique Sánchez Abuli : la sombre histoire de science-fiction « De vuelta a casa », en 1984, dans Zona 84 (traduit par « Retour » en français et publié en album chez Gilou, en 1986), le polar « La Naturaleza de la bestia : ab irato », en 1987, dans Totem el Comix (traduit par « Parlez-moi de mort » en français et publié dans USA Magazine, entre 1988 et 1989, avant d’être compilé en un album chez Comics USA/Glénat, en 1989)
ou encore diverses et courtes « Negras historietas » pour Comix International, Cimoc, Totem, Makoki, Luca Torelli es… Torpedo ou Top Comics, entre 1982 et 1994.
Traduites dans L’Écho des Savanes (en 1987) ou dans USA Magazine (de 1987 à 1990), puis dans Pilote & Charlie ou Spot BD (en 1988) et dans Gotham (en 1996), ces divers récits complets seront repris dans l’album « Histoires noires » chez Comics USA/Glénat (en 1988) qui sera réédité et complété dans « Sur liste noire », un imposant opus édité par Vents d’Ouest (en 1996). À noter qu’avant d’arrêter « Torpedo », Sánchez Abuli et Bernet vont produire un dernier western, intitulé « Snake : double paire ». Ce dernier sera directement publié en France dans L’Écho des Savanes et dans un album publié par Albin Michel, en 1998. Il ne sera édité en Espagne, chez Norma Editorial, que l’année suivante, sous le titre « Snake : por un puñado de dólares ».
C’est aussi dans Zona 84 qu’il démarre, en 1985, une fructueuse collaboration avec Carlos Trillo sur le polar futuriste « Custer » : pour leurs autres travaux communs (« Light & Bold » en 1987, « Iván Piire » en 1989, « Clara de Noce » en 1992 et la très déshabillée « Cicca Dum-Dum » en 1996), où il expérimente un trait plus léger et caricatural, voir la seconde partie du « Coin du patrimoine » consacré à ce grand scénariste argentin : Carlos Trillo (2ème partie). On y rajoutera juste une page co-écrite avec Eduardo Maicas (« Tren de Carga ») dans Humor a Todo Tren des éditions El Jueves, en 2000.Tout en se consacrant aussi à l’illustration (pochettes de disques du groupe Callejones ou romans policiers de la collection Black chez Plaza & Janés) et à la publicité (pour le whisky Long John), Jordi Bernet travaille de plus en plus pour l’Italie. Ce sont d’abord quelques récits à la thématique érotique pour la revue Diva (sur scénarios de Riccardo Morrochi, de Stefano Piselli ou de Bernet lui-même), entre 1989 et 1996, dont deux ont été traduits en France dans l’éphémère revue Yéti, en 1991. Puis, en 1996, il va revenir, pour les éditions de Sergio Bonelli, à l’un de ses thèmes favoris (le western), en dessinant une longue aventure du mythique « Tex Willer » écrite par l’Italien Claudio Nizzi : « L’Uomo di Atlanta » qui a été publiée dans le n°10 de l’annuel Speciale Tex (album traduit en français par la Semic, en 2000) : « J’étais un ami personnel de Bonelli depuis longtemps et il m’avait proposé de faire un épisode de « Tex »… Pendant que je réalisais cet épisode, je faisais aussi « Clara de Noche » et « Torpedo » ; donc, j’y travaillais pendant mon temps libre. Toutefois, ce fut un tour de force du tonnerre. Deux cent vingt-quatre pages, cela fait son poids ! Il arriva un moment où je « vivais » avec Tex. »(4). « Torpedo » rencontrant un certain succès aux USA, Bernet est alors invité à participer à la série « Fanboy » de Mark Evanier et Sergio Aragonés publiée par DC Comics, en juin 1999, et à dessiner une aventure de Batman (« Blackout ») : une histoire de huit pages écrite par Howard Chaykin et publiée dans Batman Gotham Nights, en novembre 2000.
Outre une couverture pour le n°4 de Weird Western Tales (chez Vertigo/DC, en 2001), une page écrite par Brian Azarello pour le nº26 de 100 Bullets (2001), des récits complets pour le n°6 du comic book Solo de DC (scénarios de Brian Azarello, John Arcudi, Joe Kelly, Andrew Helfer ou Chuck Dixon en 2005) et une histoire du « Spirit » écrite par Jimmy Palmiotti, Bernet dessine, à partir de 2007, plusieurs épisodes du western « Jonah Hex » scénarisé par Justin Gray et Jimmy Palmiotti, toujours pour DC Comics : la plupart ont été traduits en français dans les albums n°2, 3 et 4 de cette série publiée par Panini, en 2010 et 2011.
Maître incontesté du noir et blanc, Jordi Bernet a aussi prouvé qu’il était l’un des « grands » de la bande dessinée réaliste, en développant un style rapide, expressif et personnel, où sa passion pour les univers sombres, fait côtoyer amour et violence sur un ton humoristique et décalé : « Un bon dessinateur est celui qui transcrit son monde. Prenez Harold Foster. Ce n’est pas mon dessinateur préféré, mais quand il a commencé « Tarzan », il était le premier à faire ce genre d’aventure. Rien ne ressemblait à ça. Il l’a fait avec une telle créativité que je trouve son travail extraordinaire. Il y a aussi la qualité technique. Si vous n’avez pas la technique, vous ne pouvez pas dessiner ce que vous voulez. Et puis qu’on soit bon ou mauvais, il faut avoir une bonne connexion avec le public. Et ça, ça ne s’explique pas… »(6).
Gilles RATIER
(1) Voir le « Coin du patrimoine » de la semaine dernière consacré aux débuts de Jordi Bernet et, notamment, à sa participation au journal Spirou : Jordi Bernet : un Espagnol au pays des Belges….
Cependant, il va falloir lui ajouter ce petit complément de dernière minute :
d’après un document très utile (« Jordi Bernet bibliografia » par Francisco San Millán, avec la contribution de Javier Me?on), hélas seulement découvert sur Internet juste après la mise en ligne de cet article, notre dessinateur aurait commencé sa carrière avec divers dessins publiés dans la revue espagnole Pepe Cola, en 1959 : voir http://sanmillan.free.fr/images/biblios/bernet.pdf.
Par ailleurs, il aurait aussi réalisé quelques gags et petites histoires humoristiques pour Pz : revista de humor, Don Cabirio ou La Risa, en 1960, ainsi que des illustrations et des bandes dessinées pour des récits de western (dans Frio cementerio, collection Pistoleros del Oeste), policiers (dans El Caso Bahnhofplatz et Mano maestra) et autres (pour les collections Juvenil Ferma ou Grandes Libros des éditions Ferma), dès l’année suivante.
Enfin, en 1962, il aurait aussi aidé Jordi Buxadé à dessiner les aventures de « Jim Huracán », un western écrit par E. Sotillos et inspiré du « Red Ryder » américain de Fred Harman, publié dans le Hazañas del Oeste des éditions Toray depuis 1959.Toujours d’après « Jordi Bernet bibliografia », Jordi Bernet aurait réalisé (textes et dessins) quelques histoires courtes de terreur pour la revue Dossier Negro d’Ibero Mundial de Ediciones, entre 1968 et 1969, et une autre pour la revue Sgt. Kirk des éditions italiennes Ivaldi (en 1970) ; certaines ont été reprises dans l’anthologie « Fuera de serie », publiée chez Glénat Espagne, en 2000).
(2) Extraits d’une interview de Jordi Bernet parue dans le n°23 (daté d’octobre 1996) de Glamour International.
(3) Extraits d’une interview de Jordi Bernet (par Thierry Groensteen) parue dans le n°75 des Cahiers de la Bande dessinée, daté de mai-juin 1987.
(4) Extraits d’une interview de Jordi Bernet (par Alfonso Moliné) parue dans le n°90 de Hop !, au deuxième trimestre 2001.
(5) Extraits d’une interview de Jordi Bernet (par Ch. Charrier et Michel Jans) parue dans le n°14 de Bulles dingues, à l’automne 1989.
(6) Extraits d’une interview de Jordi Bernet (par Jean-Pierre Fuéri et Frédéric Vidal) dans le n°36 de BoDoï, de décembre 2000.