« La Mémoire de l’eau » T1 par Valérie Vernay et Mathieu Reynès

Certains disent que les lieux gardent en mémoire les événements passés, bons ou mauvais. Serait-ce vrai aussi pour la mer ? Pour l’eau qui engloutit les corps de ceux qui se noient et dont les âmes perdues errent dans les abîmes ?
Nous n’aurons pas de réponses dans le premier volume de cette histoire prévue en deux parties. Seulement des doutes et d’autres questions.

La Mémoire de l'eau planche 1

Pourtant, la nouvelle vie de Caroline et de sa fille Marion semble prometteuse. Elles arrivent dans la maison d’enfance de Caroline, dont elle a gardé peu de souvenirs. La maison, bâtie sur la falaise, domine la mer bleue et calme. Le ciel breton est vaste, et les nuages clairs semblent caressants. Au loin, le phare, érigé sur une île minuscule à laquelle on accède à pied à marée basse, veille. Mais n’est-il qu’une sentinelle attentive ? La plage est là, en contrebas, qui attend Marion. La fillette, dégourdie et entreprenante, explore rapidement son nouvel environnement, tandis que sa mère range la maison et trouve du travail dans un restaurant du port.

Cependant, très vite, on sent s’installer un malaise dans le récit, malgré le paysage idyllique et l’accueil chaleureux des gens du village voisin. Il s’insinue au fil des pages, tandis que l’on suit Marion, la curieuse, dans ses vagabondages. Elle trouve une grotte où gisent des poissons échoués et d’étranges inscriptions gravées sur les rochers. Elle échappe de peu à la noyade lorsque la mer remonte. Elle s’interroge aussi sur la présence de pierres levées et sculptées dans la lande autour de la maison. Elle aperçoit le gardien du phare, un homme étrange qui évite tout contact. Elle voudrait aussi en apprendre un peu plus sur le grand-père qu’elle n’a jamais connu, disparu en mer lorsque sa mère était enfant. Elle questionne, arpente la terre où elle vit désormais, aborde la mer un peu plus prudemment puis se décide un jour à s’aventurer jusqu’au phare …

La Mémoire de l'eau page 45

Ce récit fantastique, ou que l’on devine comme tel, est intelligemment mené et il est intéressant à plus d’un titre. Il est porté par deux personnages féminins très toniques et positifs, la mère et la fille, à la fois complices et soucieuses l’une de l’autre, et indépendantes. L’intérêt du lecteur est sans cesse relancé, les ambiances changent subtilement. L’on avance avec Marion dans ses découvertes, on en apprend un peu plus sur le passé de sa famille tout en devinant un secret. Mais en même temps, surgissent de nouvelles questions, qui engendrent une angoisse latente. La terre et la mer bretonnes, sources de légendes, ont inspiré les deux auteurs. Le dessin de Valérie Vernay a gardé la rondeur de la série « Agathe Saugrenu », destinée aux jeunes enfants, tout en évoluant vers un trait plus affirmé. La mise en couleurs participe aux changements d’atmosphères qui imprègnent tout le récit : le bleu, s’il est parfois éclatant, sait prendre des nuances plus inquiétantes. Tout comme les mouettes qui peuvent se révéler des oiseaux très énigmatiques.

On attend donc le dénouement avec impatience et curiosité.

Catherine GENTILE

« La Mémoire de l’eau » T1 par Valérie Vernay et Mathieu Reynès

Éditions Dupuis (11,95 €) – ISBN 978 2 8001 5406 0

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