À PROPOS DE LA BD FINLANDAISE

Cette année, le 33° Festival international de la bande dessinée d’Angoulême reçoit la BD finlandaise.

En 1904, la société d’édition finlandaise Minerva édite Amerikkalainen Kuvakirja. Cet American picture-book présente The Katzenjammer Kids. Si cette première tentative n’est pas un succès, elle est l’étincelle qui encourage des dessinateurs finlandais à s’interesser à ce nouveau créneau. La première manifestation graphique Professori Itikaisen Tutkimusretki est due au peintre et sculpteur Ilmari Vainio édité par Wsoy en 1911. Cet album raconte les aventures comiques du professeur Itikainen et de deux de ses amis, le capitaine Pyôrylâinen et le marin Jukka Hyôrylâinen, parvenus à voyager autour du monde avec quelques monnaies en poche à l’instar de Lavarède. avec ses cinq sous.

 

 

Progressivement, les comic strips deviennent de plus en de plus populaires, et plusieurs dessinateurs finlandais réussissent à se faire un nom dans ce métier. Les trois dessinateurs de bandes dessinées les plus connus du début du XXe siècle ont débuté vers 1910 : ce sont Hjalmar Lôfving, Alexander Tawitz et Ola Fogelberg. La période de 1910 à 1940 est l’âge d’or des bandes dessinées finlandaises, un bon nombre de comic strip édités par les journaux sont d’origine nationale,

 

Les séries typiques de cette époque sont pleines d’humour et on retrouve le caractère des personnages finlandais de tous les jours. ils sont indolents, un peu simple, de bonne composition et affectueux Leurs aventures traitent des aspects de la vie quotidienne : le farniente, la boisson et les femmes faciles. Rien de fantastique ou d’extraordinaire. le Finlandais a toujours préféré le divertissement au raz des pâquerettes.

 

Les critiques s’associent pour convenir que la première bande dessinée finlandaise est le canard Janne Ankkanen, texte de Jalmari Finne, dessin d’Ola Fogelberg plus connu sous le pseudonyme de Fogeli. Elle date de 1917, après la révolution d’Octobre, mais avant la déclaration d’Indépendance de la Finlande. Dans cette bande dessinée des animaux vêtus comme des êtres humains critiquent le monde qui les entoure.

Fogeli crée, en 1925, sa BD la plus célèbre, Pekka Puupââ pour le journal Kuluttajain Ichtin. Pekka grand et mince est l’amalgame des caractères comiques finlandais : et montre toutes les qualités mentionnées ci-dessus. Autour de Pekka Puupââ, Justiina, une méchante épouse, grosse et sourde-muette et un associé encore plus sourd-muet, Pâtkâ. Fogelberg est un amateur des premiers films muets et leur influence est très claire dans ses bandes dessinées. Pekka Puupââ est drôle d’une manière inoffensive et innocente. Cette formule semble fonctionner avec les lecteurs, même, 78 ans après sa naissance, Pekka Puupââ est un des personnages finlandais les plus connus.

Après la mort d’Ola Fogelberg en 1952, sa fille Toto Fogelberg continue d’écrire et de dessiner les aventures de Pekka Puup88 et participe à la préparation du script pour le cinéma où le rôle titre est interprété par le populaire acteur finlandais Esa Pakarinen.

La plupart de ces héros sont oubliés par le grand public, mais quelques personnages font encore partie de la culture finlandaise.

 

Herra Kerhonen paraît, dans les années Vingt, dessiné par Gôsta Thilen. Thilen raconte les aventures solitaires d’un brave homme perdu dans la foule, tandis que Poika Vesanto avec toute son habileté dessine Saku Sampyl8.

 

Une autre bande dessinée, Junnu, connaît dans les années Vingt un très grand succès auprès des lecteurs scénarisée par Veli Giovanni et dessinée par Alexandre Tawitz. Junnu est une jolie femme à qui il arrive des aventures bien féminines.

 

Rymy-Eetu d’Erkki Tanttu, publié en 1931, est un autre héros, inénarrable. Tandis que Pekka Puupââ incarne les aspects plus exquis du mâle finlandais, Rymy-Eetu est une image de force et d’obstination. L’appeler « le Superman finlandais » ne serait pas excessif, il a régulièrement exécuté des exploits étonnants dans ses aventures. Rymy-Eetu n’a pas été aussi populaire que Pekka, mais il a eu également une longue et prospère carrière dans les pages des magazines finlandais.

 

Le troisième personnage comique de cette période qui fait partie de la culture finlandaise est Kieku ja kaiku d’Asmo Alho, créé en 1932. Kieku et Kaiku représentent un des aspects les plus populaires de la bande dessinée finlandaise. À l’origine Kieku et Kaiku sont deux coqs de basse-cour qui s’expriment en rime. Dès 1936, nos coqs spécialistes de la rime subissent des changements. Ils apparaissent vêtus comme des êtres humains. L’un des plus importants scénaristes de cette BD n’est autre que Mika Waltari, l’auteur du célèbre roman, Sinouhé, l’Egyptien.

 

L’ère prospère des bandes dessinées finlandaises se termine. au début des années trente avec les premiers comic strips américains qui paraissent régulièrement dans les quotidiens. Des personnages comme Mickey Mouse et Felix the Cat deviennent très connus auprès des jeunes et très bientôt ils éclipsent la production locale.

 

Dans les années quarante, la situation est plus difficile avec l’arrivée des bandes américaines d’aventure. Les journaux commencent à imprimer des séries comme Superman, Flash Gordon, Brick Bradford, Bringing up Father Mandrake et The Phantom. Si le contenu des bandes finlandaises, au début du siècle, semblait naïf, elles ne supportent la comparaison avec les comic strips d’humour. Quelques dessinateurs tentent de s’adapter et les artistes comme Kari Suomalainen et Eeli Jaatinen produisent des séries d’aventure de grande qualité. Kari Suomalainen obtient, en particulier, beaucoup de succès avec Henkensz Kaupalla et son dessin peut être comparé à Alex Raymond. Le fait demeure que les bandes américaines sont, à l’achat, meilleur marché pour les journaux, et progressivement, elles remplacent la majeure partie de la production finlandaise.

 

Ainsi, pendant quelques années, les comic strips finlandais disparaissent presque totalement des pages des quotidiens et des magazines. Quelques séries, comme Kieku ja Kaiku résistent, mais la plupart des BD sont des vestiges du passé, qui ne peuvent pas de quelque manière concurrencer la vaste production de matériel étranger éditée dans la presse finlandaise. Très peu de nouveaux dessinateurs se feront connaître en Finlande pendant la période 1940-1970

 

Eeli Jaatinen dessine, en 1940, une aventure africaine, Au cœur de la Jungle. L’aventure s’installe et le fameux écrivain populaire Reino Helismaa écrit Le Terrien sur Mars, dessiné, en 1947, par Ami Haubio. Egon Meuronen, quant à lui, crée une BD d’aviation où des aviateurs finlandais pilonnent la marine soviétique lors de la Deuxième Guerre Mondiale.

 

La bande dessinée d’humour est aussi, présente avec des auteurs comme Sven Nystrôn, Asmo Alho, Henrik Tikkanen qui croque Konrad, un petit individu coiffé d’un petit chapeau, Veikko Savolainen et son ignoble petit chenapan Rymy-Edtu. Poika Veszanto, le dessinateur dont le trait est proche de Martin Branner raconte les aventures de Saku Sampyla, petit bonhomme hargneux.

 

1957 est une date importante dans l’histoire de la bande dessinée suédo-finlandaise. Tove crée Moomin. Les personnages de Moomin passent du livre d’enfants à la bande dessinée. En 1958, Tove fatigué de dessiner les bandes quotidiennes, confie à son frère, Lars Jansson l’écriture des scénarii. Après 1960, Lars reprend les strips de Moomin. Mamma Mumin, son mari Ed et ses enfants sont les protagonistes de la saga des Mumintrollet. Le candide et optimiste personnage, héros de cette fable délicieuse et d’humour raffiné, est attaché à, la meilleure tradition des légendes nordiques qui ont dans tous les pays scandinaves, une extraordinaire popularité. Toutes les aventures de Moomin ont été rassemblées en albums, et ont été réimprimées plusieurs fois. Les Moomins sont certainement les héros finlandais les plus connus à l’étranger. Leurs aventures ont été éditées dans plus de 40 pays. Au début des années quatre-vingt-dix leur popularité a atteint de nouveaux sommets avec le lancement de la série japonaise d’animation, dont la production est dirigée par Lars Jansson.

 

Pendant les 30 dernières années la situation des bandes finlandaises s’améliore. Au début des années soixante-dix, l’intérêt pour les bandes dessinées va grandissant en Finlande, et des dessinateurs ont profité de cette situation favorable comme Tarmo Koivisto et Jorma  » Jope  » Pitkànen ;

 

Un groupe se forme autour de Tim Aarniala, auteur du Cauchemar de la bombe-bébé. Aanalia est un des dessinateurs des plus doués de Finlande et il a su donner à son graphisme un caractère particulier. Un autre grand créateur contribue à l’évolution des comics dans son pays : Veikki Savolainen qui raconte depuis 1971 les aventures de Unto Unesksija

 

La première agence (syndicate) de presse Kalletuotanto, est créée en 1982. Elle distribue dans un premier temps quatre séries, dessinées par son fondateur, Kalle Nordberg. En 1989, Kalletuotanto présente 23 séries et 13 dessinateurs dans son écurie. Aujourd’hui la plupart des journaux publiés en Finlande publient, au moins, un héros typiquement « made in Finland » dans leurs pages.

 

Une de ces meilleures séries connues est excellente Mommila de Tarmo Koivisto. Il décrit la vie quotidienne d’une ville finlandaise typique et des mésaventures de ses habitants. Publié en 1976, Ses histoires sont rassemblées en 9 « graphic novels ».

 

De nos jours, après presque 50 années, la situation des comic strips finlandais commence finalement à être meilleure. De nouveaux artistes de talent sont publiés dans les journaux qui ont assez de bon sens pour leur offrir du travail.

 

En Finlande, les premiers magazines de bandes dessinées ont été édités en 1949. Au début on trouve dans les kiosques trois revues publiant essentiellement du matériel américain. Le plus célèbre de ces magazines, Sarjakuvalethi, qui est de nos jours très populaire parmi les collectionneurs ; Par la suite, le nombre des différentes revues de BD a augmenté. En 1949 il y a seulement trois journaux, en 1957 on passe à 21, et en 1961 à 35.

 

La plupart des revues BD finlandaises obtiennent leur matériel des Etats-Unis La meilleure vente de ces derniers est naturellement Aku AnkkaA (Donald Duck), dont les ventes dépassent 300 000 exemplaires. Les lecteurs se passionnent pour Mustanaamio (le Fantôme du Bengale) et Korkeajânnitys Le Fantôme du Bengale est plus populaire en Finlande que dans son pays d’origine, les Etats-Unis. Plusieurs aventures du Fantôme ont été dessinées par des artistes locaux, et plus particulièrement par Kari Leppânen.

 

Il y a eu quelques tentatives pour éditer un magazine publiant exclusivement du matériel finlandais. Le plus réussi et le plus célèbre de ces derniers est Sarjis, édité par Williams de 1972 à 1974. Sarjis a été édité, par la suite, par Veikko « Joonas » Savolainen, un vieux briscard de la bande dessinée finlandaises. Sarjis a présenté une vaste gamme de différentes bandes dessinées, essentiellement des séries d’humour. Après 13 numéros, le journal s’arrête, mais néanmoins il a réussi à soulever l’intérêt des dessinateurs. Ses ventes tournaient autour de 15 000 exemplaires

 

Après l’arrêt de Sarjis, les éditeurs ne sont pas pas trop pressés pour tenter à nouveau une aventure éditoriale avec la bande dessinée.. Pahkasika est l’exception qui confirme la règle Ce n’est pas un magazine d’humour, c’est plutôt une revue publiant des articles sur les comics ainsi que des BD de tous genres.

 

Récemment, il y a eu des efforts importants pour lancer des magazines de grande qualité avec des bandes dessinées finlandaises, mais les résultats ont été consternants. La plupart de ces revues, en dépit de leur contenu plutôt bon, ont stoppé la parution après deux numéros : Amok et Laaki, par exemple. l’Alpha une revue très sophistiquée, éditée par Harto Pesonen, a duré un peu plus longtemps, mais finalement le prix de revient, élevé, du journal a mis fin à sa programmation.

 

Il y a quelques magazines qui éditent des bandes dessinées finlandaises et du matériel étranger. La plupart de ces derniers sont également des revues d’humour, tels que Suomenfous et Myrkky, tous deux sont édités par Semic Press. En ce moment, le représentant le plus représentatif des bandes dessinées finlandaises est le Moomin-magasin, Muumi, a habituellement au moins une histoire d’humour finlandaise dans chaque numéro. Le contenu de Muumi vise essentiellement les plus jeunes, et ses histoires ne possèdent pas le même sens de l’ironie que l’on pouvait trouver dans les BD originales de Tove Jansson. En conclusion, il est meilleur marché de publier des revues d’humour en publiant du matériel étranger que de produire un magazine éditant des artistes finlandais

 

Coté album, le problème est identique, les éditeurs publient des « graphic novels ». Le premier paraît en 1960 avec Asterix, suivi de Tintin, Lucky Luke. Quelques séries finlandaises sont éditées en « graphic novel » comme Mammila. Toutefois, la plupart des albums finlandais sont édités par de petites sociétés d’édition indépendantes et elles ne touchent pas facilement le grand public.

Plusieurs revues indépendantes voient le jour, Glömp, en 1999, publiée par Tommi Musturi, Jenni Ropee et Jussi Karjalainen, éditent le magazine Napa avec des auteurs locaux, quatre parutions depuis 2000. Pole, un mini magazine produit par Raaha, de petit format, noir et blanc et à un prix correct, Sarjaris publié par P.A. Manninen, quatre numéros par an, des articles sur la BD Finlandaise et Vacum avec de la bande dessinée européenne, édité par Maria Björklund et Patri Bergman.

 

Les différentes associations de BD jouent un rôle important dans la plupart des principales villes en Finlande. Elles ont leur propre association. Chaque association édite habituellement son propre fanzine. Par exemple : Sarjari, édité par la société de bandes dessinées de Tampere et Kannus publié par la société de bandes dessinées de Seinajoki participent à l’évolution des bandes dessinées finlandaises. Plusieurs créateurs importants, tels que Sami Toivonen et Ari Kutila, ont commencé leurs carrières dans les pages de ces fanzines. La plupart de ces associations organisent également différentes activités : expositions, enchères, cours de dessin, réunions et concours.

 

La plus importante de ces associations est la Finnish Comics Society fondée en 1971. À la différence des autres associations, la Finnish Comics Society n’édite pas de fanzine : elle édite une publication trimestrielle appelée Sarjainfo, un magazine consacré aux nouvelles de la BD et des études sur la bande dessinée. Elle organise un festival BD annuel avec la participation d’artistes étrangers. Ce festival est un événement très important dans la culture BD finlandaise.

 

L’autre fonction principale de la Finnish Comics Society est la remise du prix Puupaahattu, décerné aux dessinateurs finlandais les plus méritants depuis 1972. Cette récompense se présente sous la forme d’un chapeau qui n ‘est autre que celui du héros célèbre de Fogelberg ;

 

D’autres événements dans laculture BD finlandaise.Le festival annuel de la bande dessinée de Kemi, depuis 1981. Il attribue le Lempi-buste ; autre prix finlandais important pour les dessinateurs (depuis 1987) De nombreux dessinateurs étrangers ont participé à ce festival dont : Claire Bretecher Pierre Christin, Joakim Pirinen, Hunt Emerson, NeilGaiman, Jean van Hamme, Scott McCloud, José Munoz, Carlos Sampayo, Gilbert Shelton, Bryan Talbot, Norio Yamanoi Joe Sacco et Jeff Smith. L’Association Suuri Kurpitsa située dans la ville de Tampere a même réussi à attirer l’intérêt d’amateurs de BD venus de l’étranger : Claude Moliterni

Exposition du 12 janvier au 18 février 2006 -

Katja Tukiainen et Matti Hagelberg

Institut finlandais, 60 rue des Ecoles, 75005
Paris- Du mardi au samedi de 12 h à 18 h, nocturne mardi jusqu’à 20 h- Entrée libre

Au cours de leurs explorations, Katja Tukiainen et Matti Hagelberg se sont plusieurs fois rendus en Inde, en tant que représentants de l’association Maailman sarjakuvat (Bandes dessinées du monde). Les récits présentés dans cette exposition retracent deux de ces
 2003-2004). Tout est vrai à 100 %.

 

 

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