Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Papillon » T1 par Miwa Ueda
Après « Peach Girl », le nouveau manga de Miwa Ueda était attendu par ses fans. Mais ce n’est plus Panini qui publie cette auteure : en effet, sa nouvelle série, « Papillon », est éditée par Pika et, ce mois-ci sort le premier volume sur les huit prévus. C’est un shojo classique ou amour et rivalité vont de pair. Même si, dans ce cas-là , ce sont deux sÅ“urs qui sont éprises d’un même bellâtre. Afin de pimenter ce triangle, un » très jeune » psychologue scolaire s’invite dans la partie.
Ageha et Hana sont jumelles ; pourtant, tous les opposent. L’une, introvertie, a été élevée à la campagne, l’autre, extravertie, à la ville. À la fête de l’école, Ageha rencontre deux personnes qui vont changer sa vie. Tout d’abord, un jeune homme avec un masque de cheval qui fait irruption dans la salle où elle est serveuse. Plus tard, elle apprendra que c’est le nouveau psychologue scolaire, lequel s’appelle Hayato Ichijiku. Il fait ce travail en parallèle de ses études et, du coup, ses méthodes sont peu orthodoxes. Néanmoins, ses conseils vont aider Ageha à s’affirmer et à être plus combative lorsqu’elle désire réellement quelque chose. La seconde rencontre concerne Ryusei. C’est un ancien ami d’enfance qui venait, tous les étés, voir ses grands-parents à la campagne. Ils étaient très liés avec Ageha. Pourtant, lorsqu’elle est revenue habiter chez ses parents en ville, et qu’elle a intégré le même lycée que lui, il ne l’a absolument pas reconnu. En revanche, elle, elle ne l’avait pas oublié et continuait de l’aimer en secret. Tout va changer lorsque Ryusei propose à Aghea de l’accompagner a l’hôpital voir sa grand-mère malade. Elle n’avait pas prévu que sa sÅ“ur s’inviterait et empêcherait son rêve de se concrétiser. Elle va même jusqu’à proposer à Ryusei de sortir ensemble, alors qu’elle aurait pu avoir n’importe quel autre garçon, vu sa popularité. La rivalité amoureuse entre ces deux sÅ“urs sera donc le leitmotiv de cette histoire. Le but étant qu’ Ageha, la » chenille « , devienne, au fil des épisodes, un magnifique « Papillon ».
Même si la rivalité entre sÅ“urs offre un traitement original, « Papillon » reste un shojo bien classique avec des personnages et des situations stéréotypés. L’action se passe dans une école. Les couples se font et se défont très rapidement. Au milieu des élèves insipides, Hanna jouit d’une popularité qui va de pair avec une réputation de « Marie couche toi là ». La soi-disant meilleure amie d’Aghea, une petite grosse et moche, n’hésitera pas à la trahir dès que l’occasion se présente. etc.
Contrairement à « Peach Girl », ce manga ne prend pas pour héroïne la jeune fille sûre d’elle qui n’hésite pas à s’affirmer malgré les moqueries. C’est le soutien psychologique qui est pour le moment mis en avant. Grâce aux conseils avisés d’Hayato, Ageha va réussir à être plus sûre d’elle. Aux remarques blessantes, elle trouve désormais la bonne répartie et arrive à retourner la situation en sa faveur ; pour quelques instants… Il va falloir plus de conseils et plus de persuasions pour arriver à transformer complètement cette frêle jeune fille en une superbe jeune femme pleine de vie. Mais ça, c’est ce qui nous sera raconté dans les sept volumes suivants. Miwa Ueda ne s’en cache pas, elle s’est documentée pour réaliser cette histoire. Elle s’est rapprochée de différents conseillers psychologiques afin de connaître leurs méthodes de travail. Même si Hayato dispense des conseils un peu tranchés, ils relèvent souvent du bon sens.
Depuis « Peach Girl », le dessin de Miwa Ueda a encore progressé. Les attitudes des protagonistes sont variées et reflètent bien leur état d’esprit. Cette mangaka, même si elle utilise toutes les techniques classiques du Shojo manga, a un trait clair et plein de spontanéité. On ne sent pas la copie forcée d’auteurs à la mode. Elle crée, elle même, son propre style, tout en restant dans des canons très traditionnels. La mise en page, elle aussi classique, offre pourtant une lecture facile et agréable. La page n’est pas surchargée de paillettes ou autres effets typiques destinés à un public féminin. Comme toujours, il y a peu de décors et peu d’objets, rien que le strict minimum obligatoire pour la compréhension de l’histoire. Le style est épuré et offre une grande clarté. Grâce à tout ça, « Papilon » se dévore littéralement.
Ce premier tome de « Papillon » est prometteur. Il faut espérer que la suite ne tourne pas au triangle amoureux insipide.
Gwenaël JACQUET
« Papillon » T1 par Miwa Ueda
Éditions Pika (6,95 €) – ISBN : 978-2-8116-0607-7