Avec la complicité habituelle de Doug Headline (le fils du célèbre écrivain), le Grand Prix d’Angoulême en 1990 s’est attaqué avec brio à une nouvelle mise en images d’un roman noir de la figure tutélaire du polar francophone : Jean-Patrick Manchette. Il s’agit, après « Morgue pleine » (déjà adapté en BD par les mêmes auteurs), de la seconde — et donc dernière ! — enquête du détective privé Eugène Tarpon. Elle est parue en 1976 dans la collection Super Noire des éditions Gallimard et elle fut tournée pour le cinéma sous le titre « Pour la peau d’un flic » par et avec Alain Delon, en 1981. Drôle et efficace, « Que d’os ! » imbrique de patibulaires personnages hors normes dans des situations plus qu’improbables.
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« Pablo » T1 (« Max Jacob ») par Clément Oubrerie et Julie Birmant
Décidément, le monde de la peinture est une source d’inspiration féconde pour les auteurs de bande dessinée ! Après les « Secrets » de Frank Giroud chez Dupuis (particulièrement « L’Écorché » illustré par Ruben Pellejero et « L’Angelus » par José Homs), le « Chagall en Russie » de Joann Sfar chez Gallimard ou le très récent « Salon » de Nick Bertozzi chez Cambourakis (où Picasso était aussi mis en scène), voici encore un album fort réussi, sur la jeunesse du célèbre peintre espagnol ; alors que l’artiste n’était qu’au tout début de sa période cubiste.
L’ouvrage est particulièrement fascinant car le parcours du jeune Picasso, qui arrive en pleine effervescence artistique dans ce Paris du début du XXème siècle, est raconté par Fernande Olivier, née Amélie Lang, célèbre montmartroise qui fut son premier grand amour et dont le peintre a laissé une centaine de tableaux : fascinant récit d’une vie tumultueuse où passion et aventures romanesques s’entremêlent et où de nombreux personnages emblématiques et torturés interviennent, à l’instar du poète, critique et écrivain Max Jacob, pour ce qui est de ce premier tome !
C’est Julie Birmant, journaliste, dramaturge et productrice à France Culture, qui est l’origine du projet, sous la forme d’un roman. Elle le propose alors à Clément Oubrerie pour en faire une bande dessinée… Ce dernier est fort intéressé (son propre grand-père était un ami de Max Jacob), mais il est en train de tourner l’adaptation cinématographique de son « Aya de Yopougon » écrit par Marguerite Abouet et ne peut pas se consacrer à l’adaptation du manuscrit. Julie Birmant se fait alors aider, pour cette étape indispensable, par son compagnon : Jul, célèbre dessinateur humoristique habitué des best-sellers inattendus (« Silex and the City » ou « La Planète des sages »).
Résultat des courses : un découpage enlevé et efficace, en totale adéquation avec la modernité du dessin, aussi coloré que chaleureux, et le souffle épique de cette page de l’histoire de l’Art ! Espérons, simplement, que, comme sur ce premier tome vraiment réussi, la magie va continuer d’opérer sur les trois autres opus prévus pour cet étonnant « biopic » !
Gilles RATIER
« Pablo » T1 (« Max Jacob ») par Clément Oubrerie et Julie Birmant
Éditions Dargaud (16,95 €) – ISBN : 978-2-2205-06936-5
