Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...Encore Plus de lectures – Juin 2008

Dans des genres, pour des publics, avec des ambitions et chez des éditeurs très différents, voici quelques albums récents qui nous ont donné un réel plaisir de lecture. En ces temps de morosité, ce n’est pas leur moindre qualité.
Sans famille
Voici le sixième et dernier tome du célèbre roman d’Hector Malot adapté en bd par Yan Dégruel. Rémi, revenu de Londres, échappe à une tentative d’empoisonnement et retrouve enfin sa famille qu’il avait brièvement rencontrée autrefois sur une péniche.
Mis en images dans un style expressif, cet album suit le fil directeur du récit original dont il privilégie une perception poétique et dynamique, accélérant le rythme et allégeant certains aspects par trop pathétiques, tout en conservant l’intensité dramatique et humaine, bref l’esprit de l’œuvre de Malot. Pour tous.
JD
Yan Dégruel, Sans famille, t6, L’héritage, Delcourt, 8,90€
La terre sans mal
Jeune ethnolinguiste, Eliane Goldschmidt étudie le guarani dans une tribu paraguayenne qui semble se mourir dans la langueur et la résignation. Survient alors le Karaï, le dernier homme-dieu, qui insuffle énergie et courage à tous et lance hommes, femmes et enfants sur la route du paradis perdu. Un chemin semé de souffrances et de morts, mais porteur d’une dimension initiatique pour les derniers survivants.
Voici un album d’une richesse extrême, tant au point de vue graphique que narratif, entre fresque épique et carnet de voyage. Dense, cohérent et tragique, il déroule sa trame sur fond d’acculturation se heurtant à la force du sacré, avec ses prolongements mythiques et psychologiques. Une œuvre magnifique disponible avec un supplément de dessins et de hors texte inédits.
Tout simplement superbe et envoutant.
JD
Lepage, Sibran, La Terre sans mal, Dupuis, 18€
€
Sept cavaliers
Dans un petit état enneigé évoquant les marches germaniques de la fin du XIXe siècle, un déchaînement de violences et de transgressions entraine rapidement la désagrégation sociale et l’effondrement général. Pour découvrir les causes de cette mystérieuse anomie, le margrave, en un dernier sursaut, décide d’envoyer son homme de confiance en reconnaissance.
Prenant et épique, le récit de Jean Raspail donne ici sa pleine mesure grâce à la mise en images réaliste et au trait ferme de Terpant qui excelle à restituer cet univers mystérieux qui n’est pas sans évoquer l’œuvre de Dino Buzzati. Un premier tome riche et réussi.
JD
Jacques Turpant, Sept cavaliers, Robert Laffont, 12,95€
Mélusine
16 tomes déjà que la mignonne sorcière vit ses aventures drôles et animées entre fantômes, chevaliers et exorcistes. Entourée de ses camarades de la classe de magie, dont l’inénarrable Cancrelune, parangon de serviabilité et de maladresse, elle affronte l’adversité avec espièglerie et imagination.
Poursuivant sur son rythme de croisière, dans un ton et un style franco-belge rajeuni, l’album enchaîne les gags en conservant l’esprit de la série et en jouant sur les déclinaisons aux ressorts souvent bien rodés. Ce n’est peut-être pas le meilleur opus de la série, mais l’ensemble, sympathique, astucieux et efficacement mis en scènes, plaira sans contexte.
Sans prétendre au génie et donc sans mériter certaines critiques acerbes voire fielleuses qui se déversent parfois mal à propos sur la pauvre nymphette au balais, cet album trouvera son public dans la rubrique bd de divertissement agréablement ficelée.
JD
Mélusine, Ballet enchanté, Dupuis, 9,20 €