PLUS DE LECTURES DU 28 AVRIL 2008

Notre sélection de la semaine : “ R97 : les hommes à terre ” par Christian Cailleaux et Bernard Giraudeau, “ Lune d’argent sur Providence T.2 : Dieu par la racine ” par Eric Herenguel, et “ Terre de feu T.1 : L’archer rouge ” par Hugues Micol et David B..

 


Cliquez sur l’appareil photo pour découvrir les couvertures des albums chroniqués.


R97 : les hommes à terre ” par Christian Cailleaux et Bernard Giraudeau


Editions Casterman (17,95 Euros)


Peu de gens le savent, mais l’acteur virtuose qu’est Bernard Giraudeau (aussi à l’aise dans « Les spécialistes » que dans « Une affaire de goût ») est aussi, outre un excellent réalisateur (si vous ne l’avez pas encore vu, ne ratez pas « Les caprices d’un fleuve »), un romancier au cheminement intérieur très intense. Son premier ouvrage (« Le marin à l’ancre »), où il contait ses années de jeunesse en tant que matelot sur le navire école La Jeanne d’Arc, sert de base à ce roman graphique initié par le trait élégant du dessinateur-voyageur Christian Cailleaux : dix escales, dix rencontres amoureuses, dix saynètes cruelles où l’on sent que les femmes rencontrées dans les ports sont toujours présentes à bord, dans les rêves des marins… Une poésie faite d’embruns et de tempêtes que l’on retrouve dans pratiquement toute l’œuvre de cet écrivain de marine, digne héritier de Melville ou de Conrad, et que l’auteur de la superbe trilogie des « Imposteurs » (chez Casterman) ou de l’enivrant « Tchaï Masala » (chez Treize étrange) a su parfaitement retranscrire : un jeune mécano de 17 ans s’embarque pour son premier tour du monde, sur un énorme bâtiment de la Marine nationale ; il va quitter le monde de l’enfance pour découvrir celui des adultes, où les entrailles huileuses des navires s’opposent aux parfums sensuels de l’érotisme et de l’exotisme… Un superbe carnet de voyage !


 


Lune d’argent sur Providence T.2 : Dieu par la racine ” par Eric Herenguel


Editions Vents d’Ouest (12,50 Euros)


Avec ce 2ème tome, le créateur de « Krän » met un point final à une œuvre qui lui tenait beaucoup à cœur : un western se déroulant dans l’est des USA, flirtant avec l’occultisme et l’horreur (voire le gore), qu’il a concocté pendant plusieurs années, peaufinant un style réaliste souple et soigné que les amateurs de sa principale série d’heroic-fantasy parodique ne doivent pas connaître… Par contre, ceux qui se souviennent de « Carnivores » (avec Jean Wacquet, chez Zenda), du deuxième cycle de la « Balade au bout du monde » (avec Makyo, chez Glénat) ou de «Edward John Trelawnay » (avec Dieter, chez Delcourt), seront moins étonnés puisqu’on y retrouve tout le brio de son graphisme réaliste et de ses couleurs somptueuses, ou encore son goût pour les univers décalés et fantastiques : des lycanthropes y étripent les bonnes gens qui, du coup, s’organisent en milices et pendent un Indien estimé responsable de toutes ses diableries. Tout en rajoutant à cela nombre de phénomènes paranormaux, de divinités locales et autres livres mystiques, Eric Hérenguel ne sombre pourtant jamais dans le ridicule, amenant son héroïne, une belle cow-girl toujours armée d’un revolver à balles d’argent, au bout de sa quête, sans jamais lasser le lecteur : enfin de l’aventure qui pulse vraiment !


 


Terre de feu T.1 : L’archer rouge ” par Hugues Micol et David B.


Editions Futuropolis (16 Euros)


Mettant en scène le frère d’Hiram Lowatt, personnage qu’il avait créé avec Christophe Blain le temps de deux albums aux éditions Dargaud en 1997 et 2000 (« La révolte d’Hop-Frog » et « Les ogres »), le sensible auteur de « L’ascension du Haut-Mal » renoue avec une certaine sorte de western décalé dont les hérauts sont désormais Christophe Blain (qui a bien appris la leçon), Nicolas Dumonteuil ou Mathieu Blanchin. Dans cette nouvelle quête lyrique, des mercenaires quittent la taverne qui leur servait de refuge après qu’ils aient passé plusieurs jours à chasser les Indiens. Leur mission sanglante est accomplie car ils ont décimé tous les indigènes de la Terre de Feu (la pointe sud de l’Argentine), en cette fin du 19ème siècle ; mais il subsiste encore une rumeur, à laquelle ils ne portent pas vraiment de crédit, concernant la survivance du mythique Archer rouge, chef réputé indestructible et redouté par les autochtones… Une atmosphère fantasmagorique envoûtante, entre nature déchaînée et spiritisme, qu’Hugues Micol retranscrit parfaitement avec son dessin baroque aux splendides lavis noirs et gris.


 


Gilles RATIER


 

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