Créé par l’écrivain irlandais Bram Stoker en 1897 — et inspiré par le personnage historique du comte Vlad III de Valachie, qui vécut au XVe siècle —, « Dracula » s’apparente autant à un roman qu’à une étude ethnologique ou géographique : l’auteur décrivant pourtant la Transylvanie, sans jamais être allé dans cette région austro-hongroise, en se documentant uniquement dans des bibliothèques. En effectuant un retour aux origines du mal présentes dans l’œuvre originale, tout en s’inspirant librement, cette version — sous-titrée « L’Ordre du dragon » — est une somptueuse bande dessinée d’horreur coéditée par Glénat et Lo Scarabeo.
Lire la suite...« Les Faux visages : une vie imaginaire du Gang des Postiches » par Hervé Tanquerelle et David B.
Abusivement traités de « Robin des Bois » modernes, les membres du Gang des Postiches ont défrayé la chronique, dans les années 80, en réalisant de nombreux casses déguisés ; portant perruques, fausses moustaches ou barbes : allant même, en effet, lors de certains de leurs hold-up, jusqu’à refiler quelques billets aux clients qui avaient l’air démunis et qui étaient alors présents dans les banques qu’ils venaient de dévaliser.
Pourtant, cette équipe de braqueurs, qui s’amusait donc à voler les bourgeois, le faisait d’abord pour leur compte personnel, sans mettre en avant la moindre revendication politique ou sociale !Entre 1981 et 1986, ces professionnels de la cambriole ont écumé pas moins de vingt-sept banques et vidé au moins mille trois cents coffres ; très organisés, ils avaient le moins possible recours à la violence. Ils étaient avant tout des copains, venus d’horizons divers et c’est ce qui a immédiatement intéressé les auteurs : essayer de comprendre comment cette équipe éclectique a pu se rassembler, cohabiter durant toutes ces années et tisser de si forts liens de fraternité.
Cela faisait pratiquement cinq ans qu’Hervé Tanquerelle (qui réalisait alors les aventures extraordinaires du « Professeur Bell » avec Joann Sfar) avait proposé à David B., également très intéressé par l’univers du grand banditisme, d’imaginer une vie romancée de cette bande de truands, en s’inspirant des faits réels.L’auteur de « L’Ascension du Haut-Mal » et de « Par les chemins noirs » s’y est finalement attelé, de façon chronologique et factuelle, en multipliant les dialogues savoureux et les ambiances entre polar noir et comédie dramatique ; s’éloignant donc un peu de son habituel travail sur les romans graphiques où il est pourtant reconnu comme l’un des maîtres : une tentative plutôt réussie, d’autant plus que le dessinateur a opté pour une sorte de ligne claire réaliste, avec nombre de décors très fouillés, qui est fort bien adaptée au propos !
Gilles RATIER
« Les Faux visages : une vie imaginaire du Gang des Postiches » par Hervé Tanquerelle et David B.
Éditions Futuropolis (21 €) – ISBN : 978-2-7548-0129-4