« Au nom du fils » T2 par Clément Belin et Serge Perrotin

En Colombie, en 2003, Etienne, un touriste trentenaire a probablement été enlevé par les FARC. Il était sur le point de visiter Ciudad Perdida, un de ces joyaux archéologiques qui s’obtient après plusieurs jours de marche au cœur d’une jungle réputée dangereuse. Ni une, ni deux, son père, simple ouvrier sur des chantiers navals, veut comprendre, et comme il ne comprend pas, veut agir ! Michel Garandeau prend l’avion, pour la première fois de sa vie, et se rend sur place…

Comme un enquêteur, il tente de retrouver les traces de son fiston, refaisant à la lettre son périple. Comme nous le disions pour le premier tome, ce père n’est ni un routard, ni un polyglotte, autant dire que l’épreuve est à la hauteur de sa naïveté, très risquée ! Dès Bogota, dès le taxi, dès l’hôtel, dès les premières rencontres, il découvre qu’on ne s’improvise pas redresseur de torts et vengeur au visage démasqué ! Pourtant, il continue, ne baisse pas les bras. Il n’a rien à perdre. Ce second tome clôt certes l’histoire mais ouvre aussi de nouvelles pistes car Michel est bientôt aux portes de Ciudad Perdida, sous la pluie, là où le fils a été enlevé, là où les militaires assurent la sécurité, là où vivent les Indiens Kogis, un peuple doux dans un monde de brutes.

Au fil des rencontres, ce père qui en veut tout d’abord à son fils de s’être embarqué dans cette histoire, apprend à le connaître, à le comprendre, à apprécier à sa juste valeur ce fils gourmand de culture et de rencontres, ouvert, généreux, voyageur dans le sang. Michel écrit son journal pour son épouse, en France, mais, bien entendu, il n’y racontera pas tout, car lui aussi connait l’aventure, et même « des » aventures, un coup de jeune salutaire vécu comme des erreurs endossées par la cinquantaine, qui ne le détournent pas de son but.

Le trait de Clément Belin, dont c’est le troisième album, est sans fioritures mais rehaussé par un sens de la couleur douce qui arrondit les angles, redonne du volume, et finit par séduire. A l’issue de cette lecture, on oublie l’image habituelle de la Colombie des cartels, des tueurs à gages, des parrains de la drogue, des guérillas et des gamins désÅ“uvrés pour ne retenir que ces Indiens de blanc vêtus tentant de protéger leurs coutumes et leur liberté… La « Cité Perdue », découverte dans les années 70, titille alors l’imagination et vous oblige à en savoir un peu plus notamment sur les revendications des peuplades indiennes qui estiment, à juste titre, descendre des habitants qui ont probablement fui lors de la conquête espagnole. Pour ceux que le sujet intéresse, Marie-Laure Guilland propose un article éclairant sur la situation de ce site « Teyuna Ciudad Perdida (Sierra Nevada de Santa Marta, Colombie), conflit de valeurs face à l’émergence d’une destination touristique », in Revue Interdisciplinaire de Travaux sur les Amériques  (n° 3 / 2010).

Alors, bon voyage !

Didier QUELLA-GUYOT  ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).

« Au nom du fils » T2 par Clément Belin et Serge Perrotin

Éditions  Futuropolis  (15 €) – ISBN : 978-2-7548-0627-5

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