SUPER-HEROS (EN KIOSQUE) DE PRINTEMPS 2007 (2/2)

La sélection exceptionnellement trimestrielle de ce qui se fait de mieux dans le monde des comics en parution française EN KIOSQUE

 


 


EN KIOSQUE


 


Le caractère exceptionnellement trimestriel de la présente chronique rend difficile tout suivi régulier sur les sorties en kiosque (ça va s’arranger, don’t worry). Néanmoins, je vais tout de même vous dresser un portrait des événements les plus marquants récemment sortis chez votre marchand de journaux, car il s’y passe des choses tout simplement passionnantes


 


 


MAGAZINES


 


Depuis JUIN:


-COMIC BOX #47.


Une revue toujours aussi bien faite, avec dans ce numéro un retour sur l’histoire du Silver Surfer (à l’approche du deuxième film sur les FF où celui-ci tient le haut de l’affiche, voici une bonne initiative pour tous les novices désirant en savoir plus). De nombreuses interviews, dont celles de Sean Phillips ou Lein Wein, et des articles tout à fait intéressants sur 52, Civil War, Heroes… Avec en bonus quelques pages de bande dessinée que je vous recommande vivement : Criminal #0 de Brubaker et Phillips, et New Avengers Illuminati #1 de Bendis et Cheung. Attention, Comic Box va sortir fin juillet un numéro hors-série de 132 pages consacré aux mutants : ne le loupez pas !


 


 


DELCOURT COMICS



 


Paru en MAI:


-LES CHRONIQUES DE SPAWN #12.


Nous retrouvons une nouvelle fois David Hine et Philip Tan sur le rôle titre (Spawn #161 et #162) pour de nouvelles aventures. À suivre aussi, un nouvel épisode de Cy-Gor (Cy-Gor #5).



 


Parus en AVRIL et JUIN:


-ASPEN COMICS #13 et #14.


Dans le numéro 13 du comic français le plus apprécié des amateurs de Michael Turner, vous aurez pu suivre de nouveaux épisodes de Fathom (vol.2) et de Cannon Hawke. Dans le numéro 14 paru en juin, vous trouverez en plus de ces deux titres les débuts de la série Shrugged, ce qui explique les 100 pages annoncées en couv’. Shrugged est une série scénarisée par Michael Turner et qui raconte l’histoire de Theo, un adolescent apprenant à prendre en compte le bien et le mal au sein d’histoires fantastiques.


 


 


PANINI COMICS


 


Disons-le tout de suite : l’événement qui secoue l’actualité des comics en kiosque est bel et bien Civil War. Civil War ? Quelle révolution, les ami(e)s ! Oh, il y en a eu, des secousses, des coups de théâtre, dans l’histoire de Marvel. Mais des comme ça… Je suis désolé de dire ça, mais Infinite Crisis, à côté de Civil War, fait figure de pâle pétard mouillé, et c’est bien Marvel et non DC qui fait un réel travail de remise en question de son univers. Infinite Crisis ne semble être qu’une resucée déclinée de Crisis on Infinite Earths, avec des événements finalement faussement révolutionnaires et qui ne donnent que l’impression de tourner en rond (mais je ne dis pas qu’il faille absolument révolutionner pour être génial). Civil War, elle, est une série qui est en train de réellement bouleverser l’univers Marvel, parfois sur des préceptes tenus coûte que coûte depuis des décennies, comme la sacro-sainte identité secrète de Spider-Man. La seule chose vraiment passionnante qui soit ressortie d’Infinite Crisis, c’est bien sûr 52, que nous goûterons en France sur un rythme mensuel (et c’est bien dommage, il aurait été intéressant de voir comment l’expérience hebdomadaire aurait fonctionné avec le lectorat frenchie).


Pour celles et ceux qui débarqueraient, le postulat instauré par Civil War est le suivant : après un combat entre Nitro et les New Warriors dans le cadre d’un show TV qui a mal tourné puisque causant la mort de 600 personnes dont pas mal d’enfants, l’opinion publique s’est retournée contre les super-héros. Le gouvernement impose alors une loi de recensement des super-héros afin d’en faire des agents fédéraux – et donc contrôlables. Très vite, certains se soumettent à cette loi qui les oblige pourtant à dévoiler leur véritable identité ; d’autres ne peuvent accepter ce qu’ils estiment être une atteinte à leur liberté civile, et s’insurgent. Dès lors, tous les super-héros refusant de se faire recenser sont considérés comme des criminels. D’où des affrontements inéluctables et des prises de position impossibles à tenir sans violence – physique ou morale. Tout ceci amène une dimension politique et humaine proprement passionnante dans l’univers des super-héros.


La vague Civil War s’étend déjà sur de nombreux titres Marvel, commençant « doucement » à refonder l’univers en place. Les titres les plus touchés par cette vague sont Marvel Icons, X-Men, Astonishing X-Men, Spider-Man, et Wolverine. Mais la déflagration est telle qu’en plus de la mini-série Civil War elle-même et avant un volume sortant ce mois-ci en librairie dans la collection Marvel Monster, un nouveau titre bimestriel appelé Civil War Extra est apparu dans nos kiosques depuis juin. Jusqu’où s’arrêteront-ils ?


 


 


-CIVIL WAR.


Il y a au moins 5 bonnes raisons de lire Civil War :


1°) Si vous ne voulez pas vous réveiller dans quelque temps en croyant que vous avez pris du LSD à votre insu car devant vos yeux ébaubis Iron Man fout une raclée d’anthologie à son vieux pote Captain America au nom de la fidélité à son pays, lisez Civil War.


2°) Si l’opportunité de connaître plus en profondeur la personnalité de l’ensemble des super-héros Marvel et donc des réelles valeurs éthiques qui les anime (c’est-à-dire la compréhension même de QUI sont nos idoles), lisez Civil War.


3°) Si vous en avez marre des effets d’annonce et que vous avez besoin de lire quelque chose qui en a dans le pantalon et qui fasse réellement bouger les choses, alors lisez Civil War.


4°) Si vous pensiez qu’il y avait définitivement d’un côté les comics d’auteur très portés depuis quelques années sur une vision à la fois politique et sociale de notre monde contemporain, et de l’autre des comics de super-héros incapables d’apporter une quelconque réflexion réaliste, et si vous avez envie que ces deux mondes se rencontrent, ça a déjà été fait ; mais chez Marvel Civil War dépasse de loin tout ce qu’on a pu lire dans le genre depuis très longtemps, donc lisez Civil War.


5°) Si vous voulez pouvoir lire un comic book dans le futur en y comprenant quelque chose et donc en ne passant pas pour un vieux looser ringard, lisez d’urgence Civil War, car dans trois mois vous serez déjà complètement largués.


 


Et puis non seulement c’est bien écrit, mais en plus c’est bien dessiné. Un vrai bonheur. Mark Millar est décidément un excellent scénariste, qui comme Bendis sait prendre de grands risques tout en étant stoïque à la barre. Quand on a le nez plongé dans Civil War, il y a plein de moments où l’on relève la tête en se disant « ah nan mais là c’est dingue ça c’est pas possible ah non mais j’ai mal lu ou quoi qu’est-ce que quoi ? ». Tout ça est très très très excitant. Steve McNiven nous offrent des dessins puissants et très évocateurs, encré par Dexter Vines et mis en couleurs par Morry Hollowell (très belles couleurs). Le découpage est impeccable, alternant plans serrés très réussis et vues d’ensemble bien composées.


Outre la mini-série en elle-même, le titre propose aussi deux séries tirées de Civil War : Front Line (voir ci-après): L’Accusé et Cellule dormante. L’Accusé suit le quotidien de Speedball (le seul New Warrior à avoir survécu à la catastrophe de Stamford) qui vit un véritable enfer en prison ; ce récit apporte une vision beaucoup plus rationnelle et humaine de ce qui se passe chez nos frères humains pendant que les dissensions entre super-héros tiennent le haut du pavé. C’est d’ailleurs là où l’univers Marvel commence à s’ouvrir ouvertement à d’autres narrations, d’autres préoccupations ; c’est vraiment super de constater ça. Cellule dormante est un peu plus traditionnelle, voire anecdotique, mais bon… attendons la suite ! Pour l’instant, le rapport entre Atlantis – et donc Namor –  et tout ce barouf est encore mystérieux…


Rappelons que Civil War compte en tout sept volets, ce qui est peu quand on réfléchit à la masse d’événements que cette histoire met en branle. Aïe aïe aïe, mais comment tout ça va finir ?!?? Ça fout les jetons, hein…


Euh… et vous, perso, vous êtes dans quel camp ?


 


-CIVIL WAR EXTRA.


Exploitation du filon par un titre bis ? Point du tout ! Civil War Extra reprend pour ses trois premiers numéros la mini-série annexe Civil War : Front Line (de Paul Jenkins) qui est tout sauf superflue ou vide de sens. Bien au contraire, elle permet un éclairage complémentaire et de la plus haute valeur à cette saga révolutionnaire. Depuis le Marvels de Ross, on sait que raconter des histoires de super-héros vu du côté des simples citoyens est non seulement possible, mais en plus complètement passionnant lorsque c’est réalisé avec intelligence et talent. C’est ce qui arrive ici avec Embedded, une des histoires qui constituent Civil War : Front Line (les deux autres sont publiées dans Civil War : L’Accusé et Cellule dormante). Embedded (Journal de Guerre) est tout simplement passionnant. Nous suivons deux journalistes assez opposés et pourtant complémentaires qui essayent de faire leur métier selon leur éthique alors que la situation de guerre civile engendrée par la promulgation de la loi de recensement des super-héros remue et excite les us et coutumes des médias et de la presse. Intégrité, déontologie, objectivisation, partis pris, choix et conséquences de ses actes ou/et de ses mots : le contexte bouleverse et révèle les êtres, nous offrant une politique-fiction où la réflexion sur la responsabilité de nos choix éthiques et de la possibilité d’exprimer ceux-ci est développée de manière futée. Ben Urich, du Daily Bugle et Sally Floyd, de L’Alternative, représentent deux presses, deux façons d’informer, mais ne sont pas forcément pour autant en adéquation avec les directives de leur rédaction respective. Ainsi ils réussissent tous deux à s’épauler et à comprendre la situation au gré de leurs nombreuses discussions sincères. Les dessins de Ramon Bachs, encrés par John Lucas, sont très biens. Bravo ! Après les original covers, vous pourrez aussi lire dans ce numéro le premier de plusieurs mini-récits publiés dans Civil War : Choosing Sides, un titre où le choix de héros et de vilains quant à la loi de recensement est explicitement décrit. On commence fort, avec Venom !


 


-MARVEL ICONS.


Quand je vous dis que la déferlante Civil War est en train de bouleverser tout l’univers Marvel, Marvel Icons en est un exemple parfait ! Dans ce titre, vous pourrez lire les séismes auxquels sont confrontés les Nouveaux Vengeurs et les Quatre Fantastiques, donc les deux principales équipes liées fortement au contexte en cours par la présence dans leurs rangs de membres très influents dans cette guerre civile. Nous verrons comment Luke Cage et Spider-Woman se retrouvent dans la tourmente, ainsi que Sentry, et bien sûr Cap America et Iron Man. Les FF, quant à eux, sont au bord de l’implosion totale. Gasp ! Tout ça est terriblement palpitant !


 


-SPIDER-MAN.


Ici aussi ça civilwarise. Avec des épisodes nous faisant revivre les faits et gestes de la saga vus du côté de Spider-Man, ainsi que des épisodes comme My Science Teacher is Spider-Man !, superbement illustré par Clayton Crain, où un élève de Peter Parker encaisse lui aussi le coup en découvrant à la télé que son prof est le Tisseur de toile ! Pour Peter Parker, vous imaginez bien que révéler son identité ainsi, après tout ce temps, n’est pas une mince affaire ! Et cela aura des conséquences sur son entourage puisque cette révélation n’est pas tombée dans les oreilles de super-vilains sourds… Voilà ce que nous propose de découvrir aussi Spider-Man.


 


-WOLVERINE.


Wolverine, lui, est parti à la poursuite de Nitro, suite à la catastrophe de Stamford. Puis Namor et Iron Man sont entrés en scène… Que pense Wolverine de tout ce chambard ? Un parcours singulier, comme son héros… Snikt.


 


-X-MEN.


Les X-Men ont une position très spécifique par rapport au recensement. La série Civil War : X-Men publiée dans ce titre nous permet d’apprécier à sa juste mesure les préoccupations et les prises de décision de l’équipe mutante. Après tout ce qu’ont vécu les X-Men en terme de marginalisation, de racisme, de surveillance et de paranoïa, le contexte du recensement – vous vous en doutez – est un sujet sensible pour eux, et leur décision ne manquera pas de vous surprendre même si elle apparaît finalement assez logique. Et puisque c’est déjà dans les kiosques, disons-le : cette guerre civile va montrer aux X-Men que pour rester neutre il faut parfois se battre, et donc que la neutralité n’est pas toujours possible dans un monde en proie à la folie…Une facette réellement intéressante de Civil War.


 


-ASTONISHING X-MEN.


Dans Astonishing X-Men vous pourrez suivre des épisodes de X-Factor vraiment très chouettes, en relation avec… vous savez quoi. Ecrits par Peter David et superbement dessinés par Dennis Calero (c’est très très beau), ils suivent la trace de Jamie Madrox pour qui la loi de recensement et la guerre civile ont des répercutions assez carabinées, le fourrant dans des situations pas possibles. À lire absolument.


 


Il n’y a pas que Civil War dans la vie ? Vous avez raison. Voici deux autres titres complètement très biens.


 


-ULTIMATE FANTASTIC FOUR.


Malheureusement arrive le temps où Mark Millar et Greg Land s’éloignent d’Ultimate FF. Ouiiiiin ! Crotte ! Ce duo était tellement chouette, leur collaboration avait amené une telle ambiance, de telles idées et de telles images, qu’on a du mal à s’en remettre. Rien que pour la création des Marvel Zombies, proprement terrifiants grâce aux peintures ultra réalistes de Land, on peut dire que ces deux-là auront marqué la série de manière indélébile… D’ailleurs, ils finissent en revenant à ces fameux zombies, comme un baroud d’honneur en même temps qu’un clin d’œil à leur succès et donc à leurs lecteurs. Si Millar a complètement abandonné l’univers Ultimate, Land, lui, a travaillé sur Ultimate Powers, une série en neuf parties que vous retrouverez en kiosque en septembre dans le titre Ultimate. Bon ben voilà, Ultimate FF #17 et #18 sont parus ce deuxième trimestre, il faut maintenant regarder l’avenir sans ce duo d’exception… Ça devrait être pas trop mal, puisque ce sont Mike Carey, Stuart Immonen et Frazer Irving qui arrivent sur le titre.


 


-52.


« Tous les secrets de l’année perdue de l’univers DC » est-il marqué en sous-titre. Eh bien c’est exactement ce que vous allez lire dans cette parution qui reprend le titre lancé de manière hebdomadaire aux States et qui revient très chronologiquement sur la période d’ombre engendrée par la saga Infinite Crisis. Le pari était risqué de bouleverser les habitudes mensuelles des aficionados américains, et pourtant, contre toute attente, le succès de 52 a été fabuleux. Semaine après semaine, épisode après épisode, les lecteurs ont pu suivre les événements occultés, selon une mosaïque de personnages et de points de vue différents. Celui de Renée Montoya, noyé dans beaucoup d’alcool, est particulièrement attachant. Couvrant un large spectre, cette série fait le point sur tout ce qu’il y a à connaître afin de mieux comprendre la situation actuelle. Ce n’est pas du luxe, parce que personnellement, moi, je patauge un peu, hein… Heureusement, pour mettre les choses à plat, nous avons en fin d’ouvrage Histoire de l’univers DC qui tente de nous réexpliquer tout comme il faut. Hum. Bon. Ok. N’empêche, 52, c’est vachement bien. Le découpage est bon, les dessins du très grand Keith Giffen et de Joe Bennett (encrés par Ruy Jose) sont de tout premier ordre. C’est beau, c’est puissant, ça sonne bien, c’est souvent étonnant : je vous en conseille donc vivement la lecture !


 


Voilà, je vous ai assez embêté comme ça, je vous redonne rendez-vous dans le courant de l’été pour un faire un point sur les parutions en cours, avant une rentrée où cette chronique retrouvera un rythme régulier.


 


 


Cecil McKinley.

Galerie

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