« Delilah Dirk et le lieutenant turc » par Tony Cliff

En couverture, une jeune femme s’avance vers nous, bottée, coiffure épaisse et tunique blanche portées par le vent. Déterminée, elle est prête à dégainer son épée mais arbore un sourire Joconde. A l’arrière-plan, perpendiculairement, une troupe haineuse poursuit un homme enturbanné. Plus loin encore, la mosquée Sainte Sophie pointe fièrement ses minarets mais elle baigne dans une lumière rouge sang de mauvais augure. Delilah Dirk et un lieutenant turc viennent d’entrer en BD, chacun à son pas…

Nous sommes à Constantinople, en 1805. Les caïques dressent tranquillement leurs voilures sur le Bosphore, il fait bon et Selim déguste un thé particulièrement savoureux. C’est un homme de goût dans le sens où il sait repérer tous les ingrédients de cette boisson. C’est un expert mais Selim est aussi janissaire, autrement dit un soldat d’infanterie appartenant à une troupe d’élite.  C’est lui le lieutenant turc évoqué dans le titre, c’est lui surtout qui a mission de garder Delilah Dirk, emprisonnée pour intrusion au palais du sultan (Topkapi, donc),  car Selim sait parler anglais.

Delilah a des origines cosmopolites et avoue tant d’aventures et tant de talents (elle va jusqu’à prétendre pouvoir se déplacer dan les airs !) qu’on la croit peu. On a tort, la donzelle est redoutable. Après cette mise en bouche, souriante et débonnaire, l’entrée s’impose, frappante, décapante : Delilah s’enfuit, non sans venir délivrer Selim, condamné à mort pour l’avoir laissée s’échapper. Dés lors, l’aventure faite de combats au palais et de courses dans les ruelles, est lancée. L’histoire décolle, à tous les sens du terme, direction Artaki (orthographié Antaki par erreur, sauf sur la carte), l’actuelle Erdek, sur la mer de Marmara.

Graphiquement aussi, c’est enlevé. Le trait cartoon, incisif, est celui d’un beau diable d’auteur américain, coloriste de talent, qui donne autant de vie à un regard en coin qu’à un coup de pied décisif. Les combats sont aussi gesticulatoires que jubilatoires ! Bref, c’est vivant, chaleureux, énergique, exotique et on se laisse embarqués : facile, Delilah mène la barque (volante !) avec un naturel désarmant (ce qu’elle n’est jamais, désarmée !). Selim pour rembourser sa dette de vie et d’honneur se doit désormais de l’aider. Qu’importe qu’il s’agisse à présent d’une histoire de trésor et de pirates, il la suit. Nous, avec. Faut dire que Delilah est jolie…

Sur son site, http://www.delilahdirk.com (dont le dessin ci-dessus est extrait et où les planches sont reproduites en anglais), l’auteur avoue n’être jamais allé en Turquie, s’inspirant de peintures début 19ème et de photographies anciennes. Cela n’empêche vraiment pas d’y aller avec lui…

Alors, bon voyage !

Didier QUELLA-GUYOT  ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook.

« Delilah Dirk et le lieutenant turc » par Tony Cliff

Éditions Akileos (16 €) – ISBN : 978-2-35574-090-9

Le tome 2 est annoncé pour janvier 2012.

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